Les Forêts d'Acora

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L' atterrissage se fit sur une plateforme minérale érodée par les vents et les pluies.

L' unique représentant du Corpus biomedis sur cette planète, et peut-être son seul habitant, nous attendait à l' abri des bourrasques, sous une arche. Je vis la créature se couvrir de sa capuche et s' avancer vers nous pour nous accueillir.

— Soyez les bienvenus. Venez, mettons-nous à l' abri. Les vents vont se lever encore.

La créature se découvrit lorsque nous eûmes rejoint l' intérieur de la bastide. Comme si nous étions les premiers êtres vivants qu' ils voyaient, ses yeux nous observèrent tour à tour avec curiosité et minutie. Des yeux d' un bleu profond, qui reflétaient la sagesse et la générosité d' une âme dont ils étaient, en cette solitude, les deux seuls témoins.

— La vie par la vie. Que la paix vous amène. Je me nomme Iuska.

L' être vêtu de la robe ocre était une femme d' ascendance humaine et vraisemblablement hybride. Je perçus en elle une puissante énergie. Peut-être avait-elle la connaissance muddue, ou maîtrisait-elle un autre art que j' ignorais. Elle cachait une grande force. La beauté de son visage aux traits délicats, malgré un âge avancé, me rappela celui de Telia.

— Que la paix soit en toute chose, je suis Jaadhur.

— Mon nom est Esval.

— Hoggar, pour vous servir.

— Allons nous abriter. Ce qui est appelé tempêtes sur les planètes que vous avez connues sont ici phénomènes météorologiques quotidiens.

Elle nous invita à la suivre à l' intérieur de la base.

— Cette planète est dure avec nous. Les apparitions du soleil, au cours d' une septade, se comptent sur les doigts d' une main.

— « Nous » ? demandai-je.

— Oui, moi et toutes les autres formes de vie qui peuplent cet astre.

Son regard était celui d' une mère vers ses enfants.

— Mais je suppose que l' Alliance ne vous a pas envoyés jusqu' ici pour rencontrer une vieille femme recluse et parler biodiversité.

— Non, effectivement, Iuska. Nous sommes venus en Saarenam pour y effectuer une recherche d' une importance capitale. Avez-vous un dispositif de détection spatiale dans votre base ?

— Oui. Il est de technologie archaïque, mais fonctionne encore parfaitement. Je crois deviner pourquoi vous êtes ici. Suivez-moi.

Les salles et les corridors que nous traversions rappelaient l' intérieur d' un ancien temple. Nous entrâmes dans une pièce encombrée d' équipements techniques. La femme hybride s' assit devant une console de transmission et alluma plusieurs écrans à particules.

— Cette séquence a été prise il y a huit décades environ dans notre système. Je présume que ce que vous cherchez est en lien avec le phénomène qui apparaît sur cet enregistrement.

Sur les écrans, nous pouvions observer huit corps célestes qui traversaient Jolon, puis entraient en Saarenam à une vitesse telle que ces appareils étaient incapables de l' évaluer, même approximativement. L' intelligence artificielle de la machine émettait des sifflements suraigus, comme pour exprimer les limites de ses possibilités.

Les huit astrolithes avaient percuté la cinquième planète du système de Saarenam.

— Effectivement, Iuska. C' est ce que nous cherchons.