07/02/2018

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Je viens de finir ma chronique. Yann me regarde avec l'air de quand il est très fier de sa connerie. Je l'observe, attendant la suite.

«Nora, tu te souviens, la semaine dernière, à la fashion week, on avait croisé un mannequin...»

Et voilà. J'arrête de l'écouter. Je sens que le rouge me monte aux joues. Le passage de la semaine dernière est montré. Yann me regarde toujours.

«C'est bientôt la Saint-Valentin, Nora! me lance-t-il. Il s'appelle Valentin, et il est là ce soir!»

Mon cerveau se déconnecte un instant. Je prie pour que ce soit une blague, mais non. Je vois le jeune mannequin se pencher vers moi pour me faire la bise. Je n'ai pas le temps de reculer, et pour ne pas paraître trop égoïste, je tends moi aussi la joue, avant de fusiller Yann du regard. Il est très amusé. Il parle, mais je ne l'écoute pas. Dans ma tête tourne en boucle les mots «connard», «enculé» et «petit con». Je contiens mon envie de baffer l'homme qui me fais face, surtout que ma réaction est exagérée.

«Valentin, je crois que vous avez écris un poème pour Nora...»

Putain, il ne manquait plus que ça. Je ne retiens que quelques passages, comme "tu seras ma cougar", ou "délivre moi d'un poids", ce que j'espère mal comprendre. Lorsque je lui pose la question après qu'il ai fini de parler, Valentin me répond qu'il veut simplement savoir si j'ai encore de la place dans mon cœur pour lui. Pour le passage de la cougar, j'en serai effectivement une avec mes 33 ans et ses 22.

Je suis tentée de dire que mon cœur est déjà pris, mais pas en direct, je ne suis pas une peau de vache à ce point. Enfin, pas aujourd'hui. Par contre, Yann va m'entendre. Il en rajoute un couche en nous répétant de nous faire la bise.

«Je vais pas lui faire la bise! crié-je presque en tapotant ma joue de mon index.»

Yann rend l'antenne. Je m'empresse de quitter le plateau de tournage. Le jeune mannequin me rejoins.

«Alors, Nora, tu n'as pas répondu à ma question.

- Laquelle?

- Tu as de la place, dans ton cœur, pour moi?»

Je suis très gênée. D'une part parce qu'il est attachant et touchant, et d'autre parce qu'il ne m'intéresse absolument pas. Je ne sais pas trop quoi dire, alors j'y vais franchement.

«Je suis désolée, je suis prise. Excuse moi.»

Son visage se décomposa. J'avais peut-être été un peu trop directe.

«Vraiment, je suis désolée.

- Non, c'est moi.»

Il me sourit. Il ne le prend pas trop mal, si? Et puis, ce n'est pas totalement de ma faute. Je passe par les loges pour récupérer mon sac à main et ma veste, que j'enfile en vitesse grand V. J'ai hâte de rentrer chez moi, mais Yann me stoppe net.

«Alors?

- T'es con ou t'es con, toi? Tu sais bien que je suis prise!

- Ah bon?

- Bah oui.»

Il m'énerve, tout le monde à la rédaction est au courant. Il a vraiment l'air étonné, pourtant. Si il a fait tout ça sans arrière pensée, je ne devrais pas lui en vouloir, mais... Il fait chier, merde.

Je m'éloigne en lui lançant un "au revoir" rempli de haine, enfin je crois.

Je rentre chez moi en taxi, puisque je n'ai pas le permis. Après trois quarts d'heure de trajet à cause de la neige, je tape le code, pousse la porte d'entrée, traverse la cour, monte les escaliers 4 par 4 et arrive à mon étage. Ma porte est ouverte. Je balance mon sac dans l'entrée.

«Salut mon cœur! s'exclame une voix venant du salon. Tu viens?»

Pas d'ironie dans cette voix, je crois.

«Tu as regardé l'émission? tenté-je.

- Oui. Yann n'a pas été tendre.

- Tu m'en veux pas?

- De quoi? Tu n'as rien fais!»

Je la regarde.

«Qu'est-ce qu'il y a?

- Je t'aime.

- Moi aussi.»

Je n'ai pas besoin d'un Valentin, puisque j'ai déjà une Valentine.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 07, 2018 ⏰

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