Prologue

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Il pleuvait. Dru. Très, très dru.
D'habitude, j'aime bien la pluie. Pas fana non plus, mais ça me rappellait de bons moments, d'habitude.
Mais ce jour-là, ce n'était pas un jour habituel.
-Viens t'abriter, Nel! Tu vas prendre froid.
Constatant que je ne bougeais pas d'un pouce, mon amie s'avança et me prit délicatement la main. Chère Julie...
-Allez, me dit-elle doucement. Il faut partir. Nous sommes les dernières.
Un petit coin de ma tête prit note qu'effectivement, tout le monde était parti. Mais bon, il faut avouer que je m'en fichais éperdument. J'étais quasiment entrée dans une sorte de transe.
Transe... Comme dans ce film que j'avais écouté avec...
-Tu peux y aller, m'entendis-je dire d'une voix pâteuse. Je vais rester encore un peu. Ne m'attend pas.
Je restai sourde à ses protestations. Réalisant que je ne l'écoutais pas, elle soupira et lâcha:
-Très bien, je t'attend chez toi. Mais ne tarde pas hein, qu'est-ce que je dirais à ta mère si tu attrapais un rhume?
Je ne l'entendis même pas. Silence...
Une goutte s'écrasa sur le bout de mon nez. Fichue pluie! Pourquoi fallait-il qu'il y ait une averse aujourd'hui? À croire que même les nuages se foutaient de ma gueule.
Une larme roula sur ma joue, avant de s'écraser sur une petite fleur blanche à mes pieds.
Pourquoi? Pensais-je.
La minuscule pensée, ce minuscule bruit de souris résonna dans mon esprit comme un écho. Et elle commença aussitôt à enfler, si fort que j'eu l'impression que ma tête allait exploser.
Pourquoi?
POURQUOI?!
Il fallait que je crie. Il le fallait, pour que je puisse enfin être libérée de ce poids qui me pesait sur le coeur. Pour que le quartier, non, le monde entier sache quelle douleur j'endurais.
Et, peut-être aussi, parce que dans le fond, j'étais persuadée que si lui le savait, tout s'arrangerait.
Je prit un grande respiration. Grande, très grande. Autant que ma douleur.
Puis je m'effondrais en sanglots sur la pierre. Comment on appelle ça, déjà? Ah oui. Une pierre tombale. Sa pierre tombale.
- Pourquoi? Balbutiais-je entre deux sanglots d'une minuscule voix de souris, la même qu'au tout début.
Raaaaah! Je frappai le granit de frustration. Pourquoi? Pourquoi n'avais-je pas été capable d'hurler au monde ce que j'avais sur le coeur? Étais-je si faible?
Les larmes continuèrent de me brouiller la vue et bientôt, je ne pus apercevoir que les lumières diffuses des lampadaires qui bordaient la rue, en face du cimetière. J'allais m'essuyer les yeux et me relever en me réprimandant de ma faiblesse, quand je levai mes yeux embrouillés et que j'aperçus, stupéfaite, une chose qui n'aurais pas dû se produire en temps normal.
Une goutte. Flamboyante, avec toutes les couleurs chaudes connues et inconnues de la terre. Comment une goutte de pluie pouvait être écarlate? Comment pouvais-je la voir si distinctement, alors que j'avais peine à faire la différence entre mes pieds et le sol? Je ne sais pas.
Et il n'empêche que je la voyais fuser entre ses semblables, direction la terre, direction la même petite fleur blanche de tantôt. Et que, arrivée au niveau de mes yeux, elle ralentit brusquement au point que je pouvais même voir chacune de ses parcelles, chacunes de ses surfaces, chacuns de ses reflets rouges sang.
Je l'observais. J'aurais dû être effrayée. J'aurais dû me demander ce qui ce passait. Mais je ne le fit pas. Cette minuscule goutte attirait toute mon attention. Elle m'intriguait, malgré les battements affolés de mon coeur.
Je continuai à la dévisager (si on peut dévisager de l'eau), curieuse, pendant un temps qui me sembla éternel. Et, alors qu'elle était à quelques centimètres de la petite fleur blanche, une torsion horrible me tordit les tripes.
-Non!
Je comprenais, maintenant. Je savais pourquoi cette goutte m'avait attirée, pourquoi j'avais eu ce mauvais pressentiment. Parce que cette petite fleur si fragile et délicate, c'était moi. Et cette goutte rouge sang qui allait l'écraser impitoyablement, c'était mes souvenirs.
Mais j'avais compris trop tard.
Et, alors même que je tendais le bras afin de l'arrêter, la petite goutte toucha la fleur, qui ploya un moment avant de se casser nette, vaincue par cette force si lourde et immense.
Et c'est à ce moment que, tel que je l'avais prévu, mon mental ploya et se brisa sous la force des souvenirs qui entraient en trombe dans ma tête, ces mêmes souvenirs que je m'étais forcée d'oublier.
Non, suppliais-je. S'il vous plaît, tout mais pas ça.
Mais ils continuèrent d'affluer, me noyant sous leurs images qui défilaient si vite, m'envahissant la tête telle une nuée ardente.
Je fermai les yeux, en larmes. Je ne pouvais rien faire. Rien faire, du tout.
Tout devint noir. Puis, une lumière blanche envahit ma tête.
Flashback.
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Yo! Merci d'avoir lu cette histoire :D J'espère que vous avez aimé ;)
Je tiens à préciser que la ponctualité et moi ça fait quinze <:) alors je ne pense pas pouvoir poster régulièrement, ça va avec l'inspiration!
Ah oui, et il y a aussi le fait qu'au début, ce n'était qu'un one-shot fait sur un coup de tête et qui ne devait pas avoir de suite. Alors ça se peut que ma façon d'écrire change pour les autres chapitres, mais ça devrait être trop pire quand même ;)
Allez salut!

This is why I can'tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant