Therianthropy

3.

A cet instant, je ne sus si j'avais tout imaginé ou si ceci avait été réel. Toutefois, je fus pris par cette adrénaline particulière et m'étais forcé à courir vers l'habitation d'Hugo. Ce dernier m'avait ouvert la porte, surpris par ma visite. Je n'avais pas conscience de l'heure, je ne savais pas combien de temps j'avais passé dans cette forêt bien que cela me parut une éternité. Avec le recul, on aurait pu croire que j'avais sombré dans la folie en entrant dans cette forêt, elle m'avait affecté avec son poison qui répondait au nom de Thomas. Il s'écoulait dans mes veines, me rendait fou, me faisait voir des choses qui n'existaient pas et ce fut avec cette folie qu'Hugo m'accueillit chez lui, inquiet par mon état. « Vous étiez au courant, c'est ça ?

- De quoi parlez-vous ? » Il me mentait, j'en avais la nette conviction. Ses yeux me fuyaient alors qu'il me préparait une boisson chaude afin de me remettre sur les rails, mais je n'avais pas besoin d'une boisson chaude. Je désirais entendre la vérité. « Je veux tout savoir sur ce Thomas. » J'avais été dur et froid ce qui joua grandement en ma faveur. Hugo ne m'avait pas répondu immédiatement. Il avait fini de préparer les boissons qui finalement étaient restées sur le plan de travail.

Nous prîmes la voiture sans un mot. Il n'avait dit mot et j'avais l'esprit trop prit dans la tourmente que je ne sus s'il me serait possible d'aligner une phrase. Contre toute attente, il se dirigea dans cette forêt que je venais de quitter, s'enfonçant d'abord par une route nationale avant de prendre un chemin peu fréquenté ou du moins, par ceux qui pouvaient posséder des quads.

Le voyage me donna le mal de mer tandis que les amortisseurs tentaient de stabiliser correctement la voiture. Je ne sus depuis combien de temps nous étions partis quand il se gara sans prendre la peine de se mettre sur le bas-côté. De toute évidence, cette route était très peu fréquentée. Le changement de température m'avait fait rappeler la matinée que je venais de passer et j'en avais ressenti un frisson des moins agréable.

A nouveau, je m'enfonçais dans cette jungle, mais cette fois-ci, je n'étais pas seul. Cependant, Hugo semblait savoir où il allait, ses yeux ne quittaient pas le seul tandis que nous continuâmes à avancer sur quelques kilomètres. Parfois, ma bouche venait à s'ouvrir, mais aucun son ne semblait vouloir s'en échapper. Je ne savais pas comment aborder le sujet- tout me paraissait être une mauvaise blague et pourtant, je savais ce que j'avais vu et j'étais convaincu que des éléments m'échappaient. « Thomas semble être jeune...plus jeune que vous, mais la vérité est...qu'il a votre âge. » Hugo avait entamé la discussion lorsque nous franchisâmes un petit court d'eau. Au loin, une bâtisse se dessinait entre des ronces, des lianes et des arbres. La nature semblait prendre possession de son âme. « Il y a vingt ans de ça, des randonneurs de la région ont fait une incroyable découverte. Un petit garçon de cinq ans qui a grogné contre eux alors qu'ils passaient par-là.

- Pardon ?

- Vous vouliez la vérité, la voilà. Quand ils ont trouvé Thomas, il était sauvage et seul. Voici la vérité. » Il était impossible d'entrer dans la maison – elle était si vétuste que le toit était tombé sous son propre poids. Je me demandais comment un enfant aurait pu vivre là-dedans et après tout, des personnes avaient survécu dans les bois, mais l'élément qui m'avait échappé alors était que Thomas se trouvait non loin d'une ville. Pourquoi ne l'avait-il pas regagné ? Qu'est-ce qui avait poussé un enfant à ne pas rejoindre la civilisation ? « Ils ont tout fait pour retrouver sa famille, mais il semblait juste sortir de nulle part. Il y a eu des enquêtes, mais elles n'ont jamais aboutis. Peut-être que cet enfant avait été enlevé à sa famille, mais on ne saura jamais.

- Comment savez-vous tout cela ? » Hugo m'avait souri alors qu'il contournait la maison d'un pas incertain. « Bien que je vous vouvoie, je suis légèrement plus jeune que vous. Et j'ai...j'ai passé une partie de mon enfance et de mon adolescence dans le même orphelinat que Thomas.