Le prisonnier des miroirs

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« Où suis-je ? » Une fois de plus le jeune garçon se pose cette question qu'il se posait chaque jour avec pour seule oreille tous ses miroirs flottants autours de lui. Qui était-il ?Pourquoi était-il ici ? Tant de temps était passé et tant de souvenirs furent oubliés...

« Qui suis-je ? N'y a-t-il vraiment personne pour me le dire ? Pas un homme ? Pas une femme ? Ou même un enfant ? »Le prisonnier leva ses yeux d'un bleu froid vers le haut infinis de sa prison de verres. En fait, il n'en avait jamais vu le bout... Ou peut-être que si... Il ne savait plus. Il ne connaissait, ne se souvenait, ne voyait rien d'autre que ces centaines de milliards de miroirs lui renvoyant ses reflets. Il savait simplement qu'il était un homme aux cheveux blancs comme l'endroit où il se trouvait et aux yeux bleus aussi froids que vides tout comme l'était cet endroit remplit uniquement de miroirs flottants autours de lui comme les barreaux d'une prison blanche qui te reflète à chaque recoins.

C'est alors qu'une voix grave et caverneuse résonna :

- Veux-tu vraiment le savoir fils du miroir ?

Nullement perturbé par cette voix sortit d'outre tombe, le garçon hocha la tête.

- Je vois... Sais-tu au moins à quoi tu ressembles ?

« Comment ne pourrais-je pas le savoir ? Tout ici n'est que miroirs... »

- Tu ne fais que voir l'image que renvoie ceux-ci.

« Que voulez-vous dire ? »

- Le reflet que tu crois être le tiens n'est en réalité qu'illusoire.

« Êtes-vous donc vous-même un miroir pour affirmer de telles choses ? »

- Peut-être, peut-être pas. Tu ne sais pas. Tu ne te souviendras pas.

« Pourquoi ne m'en souviendrais-je pas ? Il y a tant de vide dans ma mémoire qu'un nouvel élément ne sera guère encombrant. »

- Une étape à la fois. Commence tout d'abord par brisé l'illusion.

« Brisé l'illusion ? »

- Oui, pour mieux reconstitué la réalité.

Le jeune homme réfléchit un instant. Que pouvait donc bien dire ces mots si énigmatiques ?

Pendant que le prisonnier réfléchissait, la voix se taisait. Comme si elle attendait patiemment de voir sa prochaine action.

Finalement, le garçon se leva, n'hésita pas mais vacilla légèrement, la tête lui tournant pour une raison qu'il ignorait ou qu'il avait oublié. Et... Il brisa un miroir. Puis un autre. Ensuite un troisième. Un quatrième. Un vingtième. Un cinquantième.

Ses mains saignaient d'avoir tant frappé l'illusion mais, curieusement,il souriait. Cette sensation de douleur lui était familière et cela le rassurait... Peut-être n'était-il pas si vide après tout.

Il lui fallait ensuite « Reconstitué la réalité. » alors,de ses mains ensanglantées, il se mit à mettre les pièces des illusions les unes les uns à côtés des autres pour former un immense miroir sur le sol au-dessus duquel il se pencha.

L'homme qu'il vit lui était tout à fait inconnu mais aussi très familier. Ses cheveux blancs avaient noircis, longs, ils lui arrivaient jusqu'au milieu du dos. Intrigué, il les toucha et sentis qu'ils étaient humides et visqueux... Quel était donc cet étrange liquide écarlate et malodorant ?

Il regarda ensuite ses yeux d'un vert puissant mais... Tellement rouges et fatigués... Pour la énième fois il afficha une expression de confusion.

- Comprends-tu maintenant ? TOUT n'était qu'illusion.

« Que suis-je donc sensé y comprendre ? »

- La raison de ta présence ici, mon ami.

« La raison ? Y en a-t-il seulement une ? »

- Il y en a une.

« Laquelle ? Pouvez-vous me la dire ? »

- Tu as brisé un cœur, fils d'illusion.

« Brisé ? L'aurais-je donc frappé si fort qu'il en aurait été réduit en miettes ? »

- Réduit en miettes, saigné, trahis.

« étais-je donc... Un tel monstre... ? »

- Tu ne l'étais pas.

« Je ne comprends plus rien. »

- Fouille donc tes tissus... On y oublie toujours tant de choses...

Le jeune amnésique fouilla dans l'une de ses poches dont il sortit une dague ensanglantée.

Aussitôt, l'infortuné hurla et lâcha cette dague, sentant une grande peur et une profonde tristesse l'envahir.

Comment avait-il pu faire ça ? Il l'aimait tellement... Si adorable, si intelligente et douce à la fois...

Les larmes coulaient le long de ses joues tandis que ses souvenirs le traversent comme mille lames acérées.

Lentement,fixant le sol dans un état de choc qui lui était propre, il se rassit à sa place initiale pour pleurer celle qu'il avait tant aimé.

La voix qui, jusqu'alors était si grave, sonna soudainement douce et féminine mais aussi... cruelle.

- Une énième fois tu as voulu te rappelé. Une énième fois tu as brisé l'illusion. Une énième fois tu as vu la réalité. Une énième fois tu m'as pleuré. Mais une énième fois tu as oublié que c'est moi qui ait tissé ta prison de miroirs. Pour la énième fois j'ai gagné. Pour la énième fois j'ai jouis de ton malheur. Recommençons donc ce jeu malsain dès demain. Car encore une fois tu auras tout oublié. Encore une fois, je pourrai m'amuser.

La boucle est bouclée, le Destin est scellé, sa sentence sera éternelle pour avoir un cœur arraché.



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⏰ Dernière mise à jour : Feb 08, 2018 ⏰

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