Par une chaude journée de septembre, Camille descendit du TGV numéro 7503 en provenance de Paris Montparnasse. Après avoir remonté le quai en suivant le flot de voyageurs pressés, elle déboucha dans le hall principal où chacun se dispersait pour retrouver leurs taxis, leurs familles ou de vieux amis. En sortant dehors, le soleil, pourtant bas dans le ciel, l'éblouit. C'était une lumière rosée comme à son habitude mais différente par ce qu'elle éclairait. Une ambiance tout à fait minimaliste composée d'un ciel bleu, de nuages orangés et d'immeubles aux façades épurées était contrasté avec les mille détails que donnaient à voir les passagers pressés qui poussaient les visiteurs trop lents. Une fois devant le seuil de son immeuble, elle se fit bousculer par un jeune homme. Il ne lui adressa même pas un regard, rien. Il lui inspira une drôle d'impression. Cette personne n'était pas impressionnante mais pourtant elle laissait comme un froid après son passage. Vêtu d'un large sweat à capuche toujours vissée sur sa tête, jeans sombre, démarche nonchalante, on avait du mal à apercevoir son visage, seuls certains proches apercevaient le vert foudroyant de son regard. Son corps semblait glabre et pourtant avec ses épaules recourbées, sa tête baissée, son pas lent mais assuré, donnait cette impression de garçon sombre et dangereux. Ils étaient voisins de pallier, sans qu'aucun des deux ne l'avait remarqué au début.
Dans cette douce fin de journée où le soleil tirait sa révérence, la journée de Camille, comme pour lui, fut interminable, mais importante, car elle allait marqué le changement d'une nouvelle vie, d'une nouvelle aventure.
Voilà maintenant un mois que chacun s'habituait à sa propre routine, mais ce jour là, pour Camille c'était le début des ses cours de danse . Ils étaient confirmés pour 14: 30. Pourquoi était-elle autant à l'avance! Elle n'habitait qu'à 500m du conservatoire... Le stress de la nouveauté , l'avait sûrement poussé à arriver une heure plutôt, du moins elle essayait de s'en assurer. Elle ne connaissait encore personne à Bordeaux, elle misait sur ce premier cours pour apporter un peu de joie dans sa routine depuis son arrivée ici. Pour elle ce déménagement représentait le début de sa nouvelle vie. Depuis qu'elle était toute petite, elle rêvait de devenir danseuse comme toutes les petites filles de son âge. Mais ses parents ne croyaient pas en elle: « Comment pourrais-tu le devenir ce n'est pas un métier pour toi? Tu ne voudrais pas plutôt devenir footballeuse ou ingénieuse? » lui répétait son père sans arrêt. Mais, même si ce n'était pas facile de tenir tête à ses parents, elle avait réussi à faire ce qu'elle voulait. Elle savait que ses parents l'aimaient fort mais ils savaient aussi qu'elle était différente. Cette différence les empêchait d'exprimer leur fierté pour elle. C'était pour cette raison qu'elle avait voulut les quitter, elle les aimait, mais ne supportait plus cet amour pesant, même oppressant. Le cours de contemporain commençait, le planning avait attribué le grand studio, curieux car le groupe était réduit: ils n'étaient que 10. Le professeur était une femme assez jeune et très petite mais qui donnait autant d'énergie à ses élèves que d'informations. Le cours se composait de parties techniques, agrémenté d'un flot d'explications ininterrompues du professeur, une seule minute d'inattention, était perçu par le professeur comme un affront personnel et les danseuses s'exposaient à de vives représailles. Malgré cela, Camille n'avait jamais été aussi ravie du cours en lui même, elle s'était sentie danser pour la première fois. Sauf que le cours eut aussi un goût d'amertume pour elle: son professeur décida de faire d'elle son souffre douleur. Chaque geste était épié, chaque parole était coupée et chaque remarque lui était destinée, du moins le pensait-elle. Depuis ce jour sinistre Camille l'avait affublé de ce sobriquet : « sa professeur de contemporain du lundi et mardi ». Une fille, Clara, était venue voir Camille à la fin du cours. Elle l'encourageait de mots simples et efficaces, et lui donna comme conseil plutôt avisé pour l'année, de ne jamais abandonner, car ce qu'elle faisait, elle le faisait pour elle. Clara et Camille décidèrent d'aller boire un café en l'honneur de ce premier cours. Sur le chemin, elles bousculèrent sans le vouloir un jeune homme portant une capuche. C'était Maxime, le voisin de Camille, mais emportées par leur discussion elles n'avaient pas fait attention et continuèrent leur chemin sans se soucier du jeune homme bousculé, à peine avaient-elles glissé un « excusez-nous... ». Il était irrité, à cause de ces deux sottes, son panier de courses tombé à terre, il sentait la colère monter en lui. Il se surprit à maugréer un sombre « idiotes » ! EN plus, elles avaient utilisé de l'impératif alors qu'elles auraient dû se faire pardonner, et cette remarque l'irrita encore plus...
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Une simple coïncidence
Short StoryCamille,une jeune danseuse pas si féminine, décide de poursuivre sa passion à bordeaux au conservatoire de bordeaux et va se faire harceler par son professeur de danse. Maxime, un jeune garçon avec un passé compliqué et dur, décide d'emmenager à Bor...