Une rencontre

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Le ciel grisâtre pleurait dehors.

Moi, contemplant ce tableau terne, au paroxysme de la mélancolie, j'en étais séparé par la vitre du train, mais personne ne m'accompagnait. En effet, mon départ de Paris ne saurait être heureux, car la famille que je retrouve sans hâte me déteste. D'un coup, la porte du couloir sur ma gauche s'ouvrit, dévoilant un homme dans l'âge où commence la vieillesse, la cinquantaine. Me surprenant par son langage raffiné, il me demanda aimablement la permission de s'assoir en face. Je répondis d'un hochement de tête. Je profitais de cet événement inattendu pour observer le nouvel arrivant. Si son langage était élégant, son costume ne l'était pas moins. Du nœud de cravate noué soigneusement aux boutons de manchette impeccables, il semblait prêt à participer à un rendez vous de marque. Entièrement vêtu de noir. Le silence assourdissant qui nous enveloppait était troublé par les percussions monotones du train. Qui était cet homme ? Était-ce Charon, me menant dans ce train, tel sa barque, flottant sur les rails du Styx ? Était-ce un philosophe, un savant ? Ou un républicain, bon croyant ? C'était quelqu'un, ce n'était personne. C'est un hasard. Une personne que je ne connaîtrait jamais, que je ne rencontrerai jamais...

Et pourtant, sans apprendre à connaître cette personne, j'ai cru en rencontrer dix.

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