Dernier Espoir

Chapitre 25 ☽

Je parle pendant plusieurs heures avec ma sœur, assise à observer les passants à travers la vitre. Nous sommes les mêmes sur ce point : nous adorons observer les gens. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que ce n'est pas un regard de jugement mais d'analyse et de compréhension des êtres humains. Nous cherchons constamment à savoir qui nous sommes et pour savoir où chercher, il faut d'abord savoir qui sont les autres, qui sont les gens autour et pourquoi nous sommes là. Aria m'a expliqué beaucoup de choses, beaucoup que je ne pourrais expliquer. Je me suis rendu compte que la vie était faite d'une immensité de coïncidences et de fausses réalités. Je ne réalise toujours pas qu'elle est là, en face de moi, après tous ces mois où elle était absente. J'aurais tout donné pour la revoir et nous voilà ici dans un café à discuter. Elle m'a tellement manqué.

— Je sais que cela n'a pas été facile pour toi ces derniers temps mais sache que tout ce que j'ai fait, c'était pour te protéger. Je ne l'aurais jamais fait volontairement parce que je tiens vraiment à toi et que tu es ma sœur.

— Je t'écoute, Aria. Dis-moi tout, je ne te jugerai pas.

— Voilà, en réalité, au début, je voulais mourir. J'ai réellement pensé en finir avec la vie et je me détestais. J'ai réalisé à quel point je te faisais du mal et à quel point j'ai réagi de manière négative, elle marque un arrêt avant de reprendre, j'ai bu, j'ai fumé et je t'ai mal parlé. Je sais que j'aurais dû être la bonne personne dans cette histoire. Je sais que j'aurais dû être celle que tu pouvais admirer. Cette sœur pour qui, grâce à l'espoir qu'elle t'aurait donné, tu pouvais avoir envie de continuer à vivre et d'être heureuse. J'étais censé être celle qui te donne le meilleur de toi-même et qui te donne confiance en toi. Je ne voulais pas être celle qui te mette en colère et qui te fasse pleurer après tout ce qu'on a vécu. Quand j'ai réalisé à quel point je t'influençais négativement, je voulais simplement me suicider et tout laisser tomber parce que je pensais vraiment que c'était impossible de réussir. Je n'avais que ça en tête : c'est impossible sans eux. Je pensais sincèrement que la vie ne valait plus d'être vécu. Maintenant, je sais que la vie le mérite. Je sais que la vie était difficile et que ça a été dur. Mais j'ai compris qu'il faut se battre et ce, peu importe les difficultés. Le meilleur est à venir et la vie mérite d'être vécue parce que certaines personnes meurent et n'ont plus cette chance, comme papa et maman. Je sais qu'ils auraient voulu qu'on construise une famille, que l'on tombe amoureuse, que l'on rigole, sorte, trouve des amis et un boulot. Je sais qu'ils auraient voulu tout ça et je sais très bien qu'ils n'auraient pas voulu que l'on détruise tout ça parce qu'ils ne sont plus là.

— Je comprends ce que tu veux dire. Malgré toute la haine que j'ai éprouvée, je n'arrive pas à te détester. Crois-moi, ton départ m'a détruite alors j'aimerais bien mais je ne peux pas. Tu es ma sœur et tu es humaine, on commet tous des erreurs, finis-je par avouer.

— Tu veux que je continue la suite ?

— Bien sûr.

— Pour en venir à Cara, je la connaissais déjà. C'était la seule adulte avec un vrai cœur sur qui je pouvais compter et en qui j'avais confiance. Quand je me suis rendu compte que je devais partir, je voulais être sûre que tu sois entre de bonnes mains. Je lui ai expliqué la situation et que je ne pouvais pas rester près de toi alors que j'étais nocive. J'avais le devoir et le besoin de partir pour réfléchir.

— Comment as-tu rencontré Cara ?

— J'allais y venir. Seulement, j'ai peur que cela te blesse.

— Aria, dis-moi.

— Je suis désolée, pardonne-moi.

— Pourquoi es-tu désolée ?

— Je suis sortie avec Edward. Je suis désolée de te le dire comme ça mais je ne peux pas te le cacher. Tu l'aurais découvert tôt ou tard.