CHAPITRE 22

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Tout un tas de choses tournait en boucle dans la tête de Nathanaël, et toutes avaient un rapport avec Ada. Il pouvait la sentir en face de lui, sentir son odeur, sa chaleur, ses craintes, et même la douceur qui émanait d'elle.

Comment pouvait-elle faire preuve de douceur à un moment pareil ?

Ce petit bout de femme devenait un vrai point d'interrogation pour lui.
Il avait envie de lui parler, et tout comme ses pensées, les mots se bousculaient, mais dès qu'il était question de dire quelque chose, plus rien.

Elle devait sans doute le détester. Enfin, encore plus maintenant après ce qui s'était passé.

Pourquoi d’ailleurs se sentait-il si mal en pensant à ce qu'elle pouvait ressentir ? Pourquoi les états d'âme d'Ada lui importaient-ils ? Il ne s'en ait jamais préoccupé, et pourtant il ne pouvait réprimer l’envie de dire quelque chose, un truc, n’importe lequel. Un sentiment qu’il ne connaissait pas et qui l’affligeait au plus profond de son âme prit control de son esprit temporairement désarmé, alors il ne put retenir ces mots qui lui avaient comme qui dirait échappé.

- Je suis désolé.

Ces trois petits mots brisèrent le lourd silence avec une netteté incroyable, et Ada releva brusquement la tête vers lui, en se demandant si elle était victime d'une hallucination auditive ou si elle avait vraiment entendu ce qu'il venait de lui dire.

Il était désolé ?!? Lui ?!? Désolé ?!?

Parler de la sorte à un être doué de raison, ça Nathanaël ne l’avait jamais fait, mais dans la pénombre de cette chambre, sous son regard aveugle, avec la douce présence de la jeune femme devant lui, mêler à ça la souffrance qu’il ressentait chez elle, lui dévoilait une personne qu’il ne se connaissait pas.

- C'est de ma faute si tu as perdu Azur et Valda. Je sais à quel point ils comptaient pour toi et j'ai tout détruit. Lui dit-il le regard fixé dans le vide comme s’il était question d’une habitude chez lui.

Les doigts sur ses lèvres tremblantes pour retenir les sanglots qui menaçaient, Ada le regardait interloquée, et touchée. Il avait une voix basse et le bleu de ses yeux reflétait une lueur qui appuyait la sincérité des mots qu'il lui disait.

Il était honnête.

- Sans eux je serai mort ce soir. Ils m'ont défendu avec une grande fougue jusqu'au bout. Alors ça vaut ce que ça vaut, mais je suis désolé pour cette perte qui m'est entièrement imputable. Je suis sincèrement désolé de t'avoir infligé toute cette douleur Ada. Conclut-il.

Ses yeux qui avaient gardé leur aspect aride s'humidifièrent, et Ada se mit à pleurer abondamment. Elle venait de se rendre compte qu'il l'appelait par son prénom, chose qu'il n'avait jamais fait. Cette nuit avait eu son lot de malheur, mais elle avait l’étrange sensation qu’il y'avait aussi un brin de lumière. Hoquetant telle une enfant, Ada s'essuya avec le revers de la main, ses narines qui coulaient tout aussi abondamment que ses yeux.

Son souffle se bloqua dans sa poitrine quand elle vit Nathanaël soulever une main vers elle. D’un mouvement hésitant, elle fit quelques pas vers lui, puis s'en saisit pour se rapprocher de lui, et presque maladroitement, Nathanaël la prit dans ses bras. Et là, la jeune femme se laissa vraiment aller.

Il sentait l’alcool médical, avec des relents de l’odeur métallique du sang, mais accrochée à lui, sur cette épaule nue, aux muscles saillants, Ada se sentait si bien, elle se sentait en sécurité. Elle se sentait tout simplement chez elle.

À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant