Des Cendres sous les Cieux

12. Listen to your heart

 Je ne sais pas comment elle a pu me faire ça. Et l'accident pour moi n'est pas une excuse dans ce cas là. Elle aurait du savoir que je n'aurai jamais parlé de ma musique ! Encore plus à quelqu'un que je viens à peine de rencontrer. Je n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit, la rage me tordant les tripes. Je lui en veux tellement et je m'en veux en même temps d'être en colère contre elle. Le tiraillement entre ces deux sentiments de haine ne font pas bon ménage.

Je suis devant la glace à observer les grosses poches qui soulignent mon regard. Heureusement que la sortie avec Rana n'est pas un rendez-vous galant, j'aurai eu l'air bien moi avec ma tête de drogué... Le blanc de mes yeux est strié de fines lignes rouge de sang. J'ai la peau grasse. Des noeuds dans mes cheveux gras. Je soupire. J'aurai du me lever plus tôt pour prendre une douche chaude et me détendre ou au moins avoir eu l'intelligence de me laver les cheveux hier. Mais je n'ai plus le temps. Je vais être en retard. Alors un petit peu de gel pour fixer ma coiffure de docteur fou et camoufler l'excès de sébum.

J'ai essayé de faire une effort sur ma tenue pour essayer de rattraper la catastrophe physique... J'ai attrapé la seule chemise qui me va encore dans mon placard et un jean noir troué aux genoux et avec des chaînes au niveau de la ceinture. J'enfile mes boots, j'attrape une veste et je pars.

On a décidé de se retrouver au café concurrent du Rayon de Soleil, pour comprendre comment il a réussi à voler quasiment tous nos clients. Bon déjà, le café reste ouvert le dimanche....

Mais mes quatre ados préférés ont affirmé que c'était moins bon que chez nous et plus cher. Pourtant quelque chose attire les clients là-bas.

Mais sur le chemin je ne pense ni à Rana ni à la concurrence qui pourrait faire fermer notre café. Non, mes pensées sont fixées sur Emma. Mon coeur est en colère. Il bouillonne de rage d'avoir été trahi de la sorte. Mais mon cerveau sait que ce n'était qu'un accident. On cerveau sait à quel point elle est désolée et se sent coupable. Ils se livrent une bataille sans nom et je ne sais pas qui en ressortira gagnant. Tout ce que je sais c'est que cette guerre me fait souffrir et fait certainement souffrir Emma...

Pourquoi a-t-il fallu qu'elle lâche cette information ? N'importe quoi d'autre aurait été moins grave ! N'importe quoi d'autre m'aurait permis de lui pardonner instantanément. Mais pas ça... Et pourtant quand on y réfléchit il n'y a rien de très grave à dire que je fais de la musique. Mais elle connaît toute la douloureuse histoire derrière... Elle sait parfaitement...

J'aperçois Rana devant la porte du café. Elle porte une tenue de sport grise. Ses cheveux brun sont relevés en une couette haute. Ses écouteurs dans les oreilles, elle continue de courir sur place. De loin j'ai l'impression qu'elle ne connaît pas la transpiration ni la fatigue. Elle semble parfaitement en forme.

Je hâte le pas pour la rejoindre.

« Je suis désolée de mon état ! S'excuse-t-elle en me faisant la bise.

— Ne t'inquiète pas tu m'avais prévenu. »

Tout de même, sa peau brille d'effort ; elle est humaine. J'entends son souffle saccadé. Elle regarde l'enseigne du café indiquant «Mary's coffey» tandis que je la regarde. DEs ridules d'inquiétude se dessine sur son front et au coin de ses yeux. J'ai l'impression qu'elle a aussi peur qu'Emma concernant ce café.

« On entre ? » Demande-t-elle la voix tremblante.

Elle tourne la tête vers moi et tente de sourire, faisant ressortir ses pommettes et son inquiétude. Je lui offre un sourire sincère, pour essayer de la rassurer.

« On entre. » Je réponds.

Alors on entre. Le café est petit, mais quasiment plein. L'ambiance chalet offre un sentiment de confort. Les murs et le sol sont en imitation bois ou bien directement en chêne. Les panneaux en nuance de marron se fondent dans le décor parfaitement. On se sent bien directement en entrant ici... Je n'aime pas ça.