Mardi, 5 septembre 2017
Deux heures. Deux heures qu'Adélaïde traînait Noah de boutique en boutique. Comme la plupart des filles de son âge, la blonde était assez coquette. Passer des heures à faire les magasins ne la dérangeait pas le moins du monde. Ce n'était pas du tout le cas de Noah, qui en avait eu marre au bout de cinq minutes. Mais c'était sa meilleure amie et il aimait lui faire plaisir ; alors, quand elle l'avait appelé ce matin-là pour lui demander de l'accompagner pour acheter les deux ou trois babioles qui lui manquaient pour la rentrée, il avait accepté sans hésiter. Noah sortit son portable de sa poche pour regarder l'heure, en faisant bien attention à ne renverser aucun des paquets qu'Adé lui avait confiés – bien plus que deux ou trois babioles. Il était 17 h 15, il avait une excuse parfaite pour mettre fin à son calvaire.
– On a rendez-vous avec Elias dans un quart d'heure, on ferait mieux d'y aller, dit-il à Adé.
– Le Starbucks est à cinq minutes à peine, et tu sais bien qu'il est toujours en retard, répondit la jeune fille. Mais je ne suis pas aveugle, je vois bien que tu souffres, tu as mérité ta pause.
Elias était le troisième mousquetaire de leur petite bande d'amis. Noah Curtis, Adélaïde Richard et Elias Duval se connaissaient depuis leur plus tendre enfance. Avant de devenir professeur d'anglais, Jane, la mère de Noah, avait été leur nourrice à tous les trois. C'est comme ça que tout avait commencé. Ils ne s'étaient plus jamais quittés. Ils se retrouvaient dans la même classe depuis la maternelle. Au collège et au lycée, ils avaient fait des demandes pour ne pas être séparés ; celles-ci avaient toujours été acceptées, probablement grâce aux excellentes notes de Noah et d'Adélaïde. Les deux amis se mirent en route pour le Starbucks, au grand soulagement de Noah. Il se demanda pourquoi il avait cherché une excuse pour Adélaïde. Ce n'était pas nécessaire, elle le connaissait vraiment par cœur.
* * *
Au café, Noah et Adélaïde commandèrent leurs boissons puis allèrent s'asseoir en terrasse en attendant patiemment l'arrivée d'Elias, qui était en retard comme Adélaïde l'avait prédit. La jeune fille en profita pour regarder autour d'elle, observer les autres clients. Elle considérait vraiment le Starbucks comme un attrape-touristes. Les gens ne venaient ici que pour une chose : avoir leur tasse attitrée, afin de pouvoir en poster une photo sur les réseaux sociaux. Mais ce n'est pas pour cette raison que les trois amis d'enfance aimaient à s'y retrouver. Non. Eux, ils venaient pour le Frappuccino vanille et le Frappuccino chocolat. Un quart d'heure plus tard, Elias fit enfin son apparition.
– Salut, dit-il en se laissant tomber sur la chaise qu'on lui avait gardée. Alors, prêts pour le grand jour?
En effet, le lendemain allait être un jour important : celui de leur première rentrée universitaire. Enfin, du moins pour Adélaïde et Noah qui avaient réussi à intégrer Sciences Po avec les félicitations du jury. Et à Toulouse en plus, ils n'auraient même pas à quitter leur ville adorée. Quant à Elias, les études n'avaient jamais été sa tasse de thé. Au point qu'il avait décidé de ne pas les poursuivre.
– Je crois que ça ira. Un peu de stress, mais, oui, nous sommes prêts, répondit Noah en regardant Adélaïde pour qu'elle confirme ce qu'il venait de dire.
La jeune fille esquissa un léger sourire mais ne dit rien. Noah fut un peu surpris par son manque d'enthousiasme. Il poursuivit :
– Enfin, perso, j'ai surtout hâte de reprendre l'entraînement.
– On est deux ! s'exclama Elias.
Noah et Elias n'attendaient que ça, retrouver les terrains de foot et leurs coéquipiers. Le football était l'une de leurs passions communes. Adélaïde n'y jouait pas – elle, elle avait la danse –, mais les regarder jouer la captivait. Elle ne manquait aucun de leurs matchs.
– Bon, je me commande un Frappuccino à emporter, et on y va ? proposa Elias. On sera mieux dans le jardin de Noah, non ? J'hésite entre vanille et chocolat.
Les trois amis étaient en effet convenus de passer leur dernière soirée de vacances chez Noah. Ils y seraient tranquilles, Jane avait prévu de dîner dehors avec une amie. Noah et Adé suivirent Elias jusqu'au comptoir, où ce dernier commanda finalement un Frappuccino caramel ; puis ils se mirent en route, bien décidés à profiter ensemble de leurs derniers moments de liberté.
Le chemin du retour s'effectua dans le rire et la bonne humeur. C'était encore l'été à Toulouse, l'air était doux, le soleil brillait, les terrasses de café affichaient complet, les gens semblaient heureux. Au détour d'une rue, les trois amis tombèrent sur Eva qui sortait d'un magasin, des sacs plein les bras. Heureusement que cette année la rentrée tombait un mercredi, se dit Noah, comme ça tout le monde avait le temps de faire ses achats de dernière minute. À l'origine, Eva était une amie d'Adélaïde. Elle s'étaient connues au cours de danse classique. Adélaïde était de loin l'élève la plus douée de son école, tout le monde le disait. Elle en faisait depuis l'âge de cinq ans. Ses gestes étaient d'une élégance rare, ses pas exécutés au millimètre près et ses pointes toujours parfaitement tendues. Comme le répétait souvent leur professeur : « On danse jusqu'au bout des ongles, mesdemoiselles. »
– Tiens, je ne pensais pas vous voir avant demain, dit Eva en regardant Noah et Adélaïde. Prêts pour la cour des grands ?
Eva avait un an de plus et venait de finir sa première année à Sciences Po, justement. Elle y avait été admise de justesse, mais avec beaucoup de travail elle s'en était bien sortie. Elle ne leur cacha pas que cela allait être très difficile, qu'ils auraient sûrement envie d'abandonner au bout d'un mois, mais elle affirma qu'il ne fallait pas baisser les bras pour autant.
– L'essentiel, c'est de bien vous organiser. Il faut vous faire des plannings hyper précis pour les révisions. Et vous inscrire à la bibliothèque, évidemment...
Les futurs étudiants en profitèrent pour lui poser quelques questions auxquelles elle répondit de façon rassurante. Pas d'inquiétude, ils allaient s'en sortir... Quant à Elias, il ne prononça pas le moindre mot. Lui d'habitude si bavard, on voyait bien qu'il était mal à l'aise. Eva et lui avaient failli sortir ensemble à de nombreuses reprises, mais cela ne s'était jamais fait. Au fond, ils étaient trop différents. Elias était du genre à se foutre de tout, tandis qu'Eva cherchait déjà l'homme de sa vie et le père de ses enfants. Ils ne s'adressaient plus la parole depuis leur dispute à la soirée d'anniversaire d'Adélaïde. Une soirée riche en rebondissements...
– Bon, bah, passez une bonne soirée, finit par dire Eva en ignorant Elias. Et prenez un bon petit déjeuner, la journée va être longue.
– C'est noté, double ration de Frosties pour tout le monde, répondit Noah. Merci pour tous ces conseils. Bonne soirée à toi aussi.
En évitant soigneusement de se faire la bise, afin de ne pas mettre Elias encore plus mal à l'aise, chacun reprit son chemin.
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Note de l'auteur:Hellooooo! Je vous retrouve aujourd'hui pour vous montrer le début de mon nouveau livre. Je remercie toutes celles et ceux qui m'ont permis de publier ce second livre après Blue. J'espère qu'il vous plaira et si vous l'avez déjà lu n'hésitez pas à me donner vos avis!
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Merci encore!
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Le journal d'une âme rêveuse.
RomanceAlors que l'été touche à sa fin, Adélaïde annonce à Noah qu'elle part et ne souhaite pas le revoir. Tout ce qui reste d'elle désormais, c'est la clé d'une boîte postale qui accompagne sa lettre. Dans cette boîte, Noah trouve une enveloppe contenant...