Les Forêts d'Acora

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L' Oloïde espion vint s' arrimer au vaisseau mère ssudhyen. Il traversa les couloirs du bâtiment où régnait un silence de mort. Tous les membres de l' armada impériale n' étaient plus que des ombres répliquantes. À son passage, tous le saluaient mécaniquement sous l' emprise de la métamatière qui avait assimilé leurs tissus. Il arriva dans la salle d' analyse et ouvrit le sas, sous les yeux éteints d' un garde. Il désactiva la chambre antigravitationnelle et pénétra à l' intérieur. Le Theluad irradiait de rayons rougeoyants qui l' auraient tué immédiatement s' il avait été une créature organique. Il déploya une cage à matière et, avec le plus grand soin, y plaça le Theluad.

— Je l' ai récupéré, Orep.

— Parfait, Satto. Assure-toi que l' assimilation est complète.

Depuis les écrans de contrôle, le Primode espion passa en détail les relevés des données au sol de la planète Imra.

— Il a parfaitement converti tout ce qui pouvait l' être, Orep.

— Très bien. Lance la phase de dissimulation.

L' Oloïde posa un genou à terre et sortit de sa combinaison

un disque qu' il fixa sur la coursive métallique du vaisseau. Il activa l' objet circulaire qui dégagea une puissante onde de lumière qui se propagea instantanément au-delà du secteur du vaisseau, puis au-delà du bâtiment entier. L' espion se releva et suivit sur les écrans la réaction qui se propageait dans l' espace. L' intense périmètre de lumière ne cessa de grandir, jusqu' à couvrir toute la planète et au-delà, disparaissant dans la nuit interstellaire.

— Nous ne pouvions espérer meilleur allié que l' empire ssudhyen et sa flotte, dit froidement Satto.

— Rejoins-nous au plus vite, une réunion va se tenir. — Je me mets en route sur-le-champ, Orep.

                                                                                 *

Peu de temps après, dans l' inhospitalière galaxie de Ghanima, située dans la bordure de l' Abysse sidéral.

Le vaisseau-espion du Primode Satto perça la couche stratosphérique d' une grande lune rocheuse par sa face nocturne, puis longea verticalement une immense faille qui s' enfonçait dans la surface. Il continua ainsi sa descente durant un long moment. Satto appréciait l' inertie et la froideur des parois minérales. Il arriva bientôt en vue de l' interstice qui se devinait à peine dans l' une des stries interminables qui parcouraient la roche. Il décéléra et, par une manœuvre habile, y fit entrer son vaisseau. Il poursuivit sa course à vitesse réduite pour ne pas heurter les murs de la galerie qui se resserraient. Le conduit finit par déboucher dans un vaste puits. Un grand bloc rocheux était accroché au-dessus du vide sur la paroi opposée. Sur ce promontoire se dressait une forteresse, à l' architecture si compacte qu' elle se fondait entièrement dans la pierre, presque parfaitement dissimulée dans les ténèbres qui régnaient. Satto vint poser son vaisseau dans l' une des nombreuses alvéoles qui se découpaient dans certaines faces de l' édifice. Un léviteur-sentinelle vint entourer son chasseur de ses multiples bras. Après avoir analysé méticuleusement l' appareil, il déversa un fluide vaporeux, désinfectant ainsi le vaisseau des systèmes-espions éventuels. Après le temps de procédure nécessaire, Satto put enfin sortir du cockpit. Il glissa comme une ombre vers le secteur central.

— Vous êtes venus de très loin, d' infiniment loin pour certains.

L' espion Oloïde prit place sur un siège. Le regard d' Orep se portait vers l' assemblée où se tenaient une foule de répliquants.