Céleste enchaînait chaque heure de formation avec un bonheur peu coutumier, laissant peu à peu l'appréhension et l'angoisse derrière elle. Assise au fond d'un large amphithéâtre, elle avait suivi avec attention l'exposé de Géologie — durant lequel les apprentis apprirent que leurs Pupilles avaient pour source d'énergie certaines pierres précieuses, et que chacun en possédait une spécifique se référant à la couleur de leurs iris, et donc au cristal pour la jeune fille –, puis avait observé aux côtés de ses futurs collègues un homme aigri et voûté leur offrir une démonstration d'archéologie, durant laquelle il leur avait démontré les gestes exactes afin de déterrer une vieille chaussette âgée d'au moins six décennies avec une lenteur exaspérante, mais même malgré ça, elle s'était montrée intéressée par chaque cession de formation. Et ce bien qu'elle passa les trois quarts de son cours d'Histoire Terrienne à étrangler le rire libérateur qui menaçait de s'échapper de sa gorge, tandis que Amælie Stravosky – la jeune fille étant parvenue à se faire remarquer dès son premier cours de la journée – mimait un sommeil profond sur l'épaule de son voisin indulgent, lequel suivait avec une concentration étonnante le cours pour le moins – il fallait l'avouer – barbant.
Après cela, Céleste et Lætitia se dirigèrent vers le réfectoire pour... Le petit-déjeuner (la brune avait encore du mal à assimiler ces horaires peu communs). Elles s'assirent à une table du fond, et Céleste s'apprêtait à piquer sa fourchette dans ses œufs brouillés (de couleur bleue) quand une chaise racla le sol à ses côtés. Elle releva la tête, les muscles tendus par un vieux réflexe qu'elle s'efforçait de taire, et découvrit les yeux saphirs de Roméo posés sur elle.
— Heu... Salut ? fit-elle, perplexe.
Aussi loin qu'elle s'en souvienne, c'était la première fois que l'un de ses camarades se dirigeait spontanément vers sa table.
Le garçon aux cheveux paille inspira profondément avant de se lancer :
— Écoutez, toutes les deux... je... J'aimerais mieux éviter d'ébruiter le fait que je travaille à la Fabrique, si cela ne vous dérange pas... Pas que ce soit un sujet tabou, mais... C'est un sujet que j'aimerais mieux garder pour moi, et je préfèrerais éviter les question gênantes, vous voyez...
— Oui, parfaitement ! répondit Céleste en fronçant les sourcils.
— On n'a rien dit du tout ! assura Lætitia en levant les mains dans un geste d'apaisement et de parole assez spontané et exagéré.
Roméo leur adressa un ultime sourire pour toute réponse, et, interprétant leur silence pour une invitation, s'assit sans ajouter le moindre mot.
Les deux jeunes amies échangèrent un regard. Il leur brûlait de poser de nombreuses questions sur la raison exacte de cette requête, mais elles n'en firent rien. Une amitié naissante est comme la flamme d'une bougie, il faut l'entretenir avec douceur et précaution pour éviter qu'elle ne s'éteigne.
***
Le cours de GMTR (Gymnastique Magique en Terrain Réel) qui suivit fut particulièrement éreintant. Céleste pensait savoir faire la roue, mais il s'avéra que la sienne n'était pas suffisamment correcte pour sa superviseur principale. Mme Loriana ne cessait de la reprendre afin qu'elle déplace ses mains d'un millimètre et qu'elle atterrisse en douceur dans le silence le plus total. Malgré l'aide que lui apportait ses pieds nus afin d'effectuer correctement l'exercice imposé, son professeur trouvait toujours matière à critiquer ce qu'elle faisait.
— Je n'en peux plus ! se lamenta une jeune fille du nom d'Helæ, les cheveux défaits, épongeant d'un revers de main son visage ruisselant, une fois que les élèves eurent rejoint les vestiaires.
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Le syndrome des cœurs de pierre I - Pupille
Fantasy/!\ EN COURS DE RÉÉCRITURE Tome premier « Dans nos cœurs en perdition, L'amour s'est volatilisé. Mais en ces relents d'émotions, Même la haine n'a subsisté. Seule l'impassibilité souffle en cette terre, Où tous nos cœurs sont faits de pierre. » P...