Here

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« Violette, à table ! »
Violette appuya sur le bouton pause de sa série, et du même mouvement, repassa sa vie en play. Alors que le brouillard qui l'avait pendant un moment coupé de la réalité se dissipait, son esprit se remit en branle comme une machine s'étant assoupie.
Et pendant ce processus, elle Le sentit s'étirer à côté d'elle, et lentement tourner Ses yeux de charbon vers elle. Elle devait maintenant Lui faire face.
Agacée, elle soupira, lui tourna le dos, et sortit de sa chambre direction la salle à manger aussi vite qu'elle put. Bien sûr Il finirait par suivre. Il suivait à chaque fois.
Arrivée en bas des escaliers, elle se dirigea vers la cuisine, et s'arrêta au niveau du bar qui leur servait de table à manger. Elle sourit et ébouriffa les cheveux de son petit frère. Sa réponse fut un grognement agacé et un mouvement de tête pour chasser sa main. Ah, encore sur la tablette apparemment...
Alors elle sentit Ses mains sur ses épaules. Leur poids la fatiguant déjà, leur froideur la faisant frissonner. Non ! Elle ne pouvait pas se permettre de succomber. Pas encore.
Alors, elle fit ce qu'elle savait faire pour contrer l'attaque. Elle se barricada. Ne voyant que par un troue de serrure, n'entendant que certains mots qui parvenaient à passer par dessus les murs. De cette manière, Il ne l'atteindrait pas.
Le dîner passa dans un semi-brouillard. Semi car elle devait rester suffisamment attentive aux autres autour d'elle pour répondre si on lui adressait la parole. Ouvrir la porte. Quelques mots. Refermer la porte avant qu'Il n'ai le temps de se glisser.
Par le trou de serrure, elle vit son assiette se vider. Une fois finit, elle la mit dans le lave-vaisselle ainsi que ses couverts et se mit en quête de sa cigarette. Sa dose de nicotine lui donnerait le calme nécessaire pour maintenir les murs autour d'elle.
Soudain, une voix serpenta par dessus sa muraille :
-Violette ! Où vas-tu comme ça ?
Interloquée, elle se retourna vers sa mère et répondît :
-Euh, fumer pourquoi ?
-Tu pourrais débarrasser la table ! Je viens de préparer à manger pour tout le monde, j'ai mis la table avec l'aide des autres, et ton père a eu une longue journée, tu pourrais faire ta part !
Violette acquiesça et commença à débarrasser le reste des assiettes, plats et couverts. Les murs commencèrent à trembler et s'effriter autour d'elle. La pression qu'Il exerçait s'intensifiant, faisant tout pour rentrer.
Dans sa hâte de finir la tâche et de pouvoir sortir reconstruire ses murs, elle fit tomber les derniers couverts de la table. Elle s'empressa de les ramasser et de les mettre au lave-vaisselle. En se relevant, elle intercepta le regard agacé de sa mère qui lui dit :
-Je ne devrais pas à avoir à te le dire, tu devrais le faire par toi-même.
Attristée, Violette baissa les yeux et se tourna vers la porte. Plus que jamais, elle avait besoin du calme qu'une cigarette pouvait lui apporter. Une fois dehors, elle alluma la dite cigarette et prit une grande inspiration, attendant l'effet. Mais au lieu du calme qui suivait habituellement la première bouffée, son rythme cardiaque et sa respiration continuaient d'accélérer.
Inspectant les murs, elle trouva la source du problème. Là, une large brèche s'ouvrait dans le mur, laissant se déverser un froid glacial à l'intérieur. En passant la main dessus, elle comprit l'origine de cette brèche.
« Je ne devrais pas à avoir à te le dire, tu devrais le faire par toi-même. »
Soudain, une main sortit de la brèche et agrippa la sienne. C'était Sa main. Elle était noir, sans aucun relief car aucune lumière n'était reflétée par ce noir de ténèbres. Le bout de Ses doigts se recourbaient en griffes aussi noir que le reste, comme s'il n'existait aucune différence de texture entre les deux, mains et griffes ne faisant qu'un.
Elle savait qu'à partir de ce moment, il était inutile de lutter, qu'Il gagnerait quand même, mais il fallait néanmoins qu'elle essaye.
Elle se concentra sur les murs, essayant de les réformer autour d'elle, de Le repousser. Et pendant un moment elle y arriva. Mais Il passa à l'attaque.
« Je ne devrais pas à avoir à te le dire, tu devrais le faire par toi-même. »
« Tu ne fais vraiment aucun efforts, j'en ai marre de ton sale caractère ! »
« Violette, j'ai vraiment essayer de comprendre, mais trop c'est trop ! »
« Ne vient pas t'étonner si personne n'est gentil avec toi... »
*BAM*
Le mur s'effondra. Les genoux de Violette cédèrent. Des bras glacés et pourtant si familier s'enroulèrent autour d'elle. Et elle pleura sur Son épaules toutes les larmes contenues derrière les murs. Et Il resta. Il était toujours là. Lui, Il ne partait pas.

Never betterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant