C'est l'histoire d'une petite rouquine qui, depuis sa tendre enfance, se fait rabattre les oreilles par la société. À tous les jours de sa courte vie, on lui rappelle à quel point elle est loin d'être le modèle de la fille parfaite qu'on lui demande de devenir. Elle n'est pas assez grande, pas assez belle, pas assez toute. Il lui fallut plusieurs années avant d'accepter qu'elle serait toujours la « weirdo » de service peu importe où elle passe, mais elle ne perd jamais cette petite voix dans sa tête qui la rabaisse sans cesse malgré tout.
C'était sans aucun doute son plus gros défaut; cette impossibilité de décrocher, d'arrêter de penser pendant un court instant. Elle analyse tout, remet toujours chaque facette de sa vie en question, se détruit mentalement un peu plus chaque jour. À l'école, autant au primaire qu'au secondaire, elle se fait répéter par plusieurs enseignants - et parfois même quelques étudiants qui se trouvaient dans le même bateau - qu'elle devrait peut-être penser à aller consulter, ça lui ferait sans doute du bien. Offusquée, elle refusait à chaque reprise, disant qu'elle n'avait pas besoin de cela, qu'elle pouvait facilement s'en sortir sans avoir à demander de l'aide.
Elle était jeune, naïve et surtout, très entêtée. Elle a retroussé ses manches et elle a géré son stress et ses pensées envahissante à sa propre manière en continuant de sourire. Pas question de demander de l'aide, de montrer sa vulnérabilité. Il fallait qu'elle reste forte, autant pour garder un semblant de confiance que pour détruire l'image de la petite fille faible et qui cherche l'attention qui la suit depuis la nuit des temps. Elle se promit de ne plus jamais être cette petite fille, de plutôt promouvoir l'image d'une jeune femme confiante qui sait ce qu'elle veut et qui n'a pas peur de foncer pour atteindre ses objectifs.
Or, tout cela n'était qu'une façade derrière laquelle elle se cachait tant bien que mal. Elle souriait. Elle hochait la tête quand on lui demandait si elle allait bien. Elle omettait de mentionner comment elle se sentait véritablement. Elle ne voulait pas trop qu'on sache qu'elle était inquiète, dépassée par les événements, mais surtout, qu'elle souffrait en silence.
Dans sa tête, ses pensées se bousculent sans cesse de façon à ne jamais lui donner de pause. Elle ne dort pratiquement plus, prisonnière de la petite voix au fond de son être, étendu dans son lit les yeux remplis de larme qui fixe le plafond en se questionnant encore et encore. Elle s'oblige à manger et à sortir de chez elle pour ne pas inquiéter sa famille et ses amis. Et que dire de ses pertes de contrôles, quand son stress l'emporte sur absolument tout, quand une forte impression de mourir s'empare des moindres parcelles de son corps.
Elle souffre, mais elle sourit. Avec les années, elle est devenue une experte des faux sourires pour convaincre son entourage que tout allait bien, qu'elle allait bien. Encore aujourd'hui, on a de la difficulté à distinguer le vrai du faux dans les expressions de la petite rouquine. Elle sourit entre autre pour ne pas briser la belle image qu'elle a prit tant d'années à construire, mais aussi parce qu'elle ne veut pas déranger les autres avec ses problèmes. Combien de fois nous lui avons dit qu'elle dramatisait, qu'elle n'avait pas aucune raison valable de s'inquiéter ainsi, que ses problèmes étaient insignifiants comparativement à ceux de certains. Toutes ces remarques ont fait qu'aujourd'hui elle souffre toujours, mais elle présente son plus beau sourire à chaque fois qu'elle croise un individu qu'elle connait de près ou de loin.
Dans ses moments les plus sombres, elle s'est souvent dit qu'elle payerait cher pour que tout cela s'arrête une fois pour toute. Elle n'a que 18 ans, mais elle a tout de même souvent eu cette envie profonde de tout abandonner derrière elle et de laisser tomber toute cette souffrance ainsi que les démons qui la hante depuis la seconde où elle fut arrivé sur cette terre. Mais ça, c'est une toute autre histoire.
Et puis vient le jour où elle son chemin croisa celui d'une personne qui, indirectement, avec ses propres problèmes et questionnement, viendrait répondre à quelques questions restés sans réponse depuis tant d'année. Était-ce une bonne chose? La jeune rouquine savait que oui, malgré toute les nouvelles remises en question que cela lui apportait. Et si, au fond, il y avait un nom à tous ses problèmes qui la suivait tel un boulet depuis si longtemps? Et si il y avait une solution, peu importe laquelle, qui pourrait venir l'aider? Et si, en réalité, elle faisait tout simplement de l'anxiété?
Anxiété, un si grand problème si difficile à expliquer et à comprendre. Une démone qui s'accroche à toi comme si sa vie en dépendait et, dès l'instant où tu crois avoir une chance, même minime, de t'en débarrasser et de pouvoir vivre sans, elle revient en force pour se nourires de tes craintes et tes angoisses.
Mais qu'est-ce qu'elle en savait vraiment, de cette maladie? Même après plusieurs recherches sur la question, elle avait encore plus d'incertitude, un pressentiment d'avoir trouver et d'être complètement à côté de la plaque à la fois. Qu'arriverait-il si, après les tests, qu'elle était effectivement atteinte de ce trouble? Ou si, au contraire, elle n'avait aucune raison de paniquer, que tout ça n'était que le fruit de son imagination, qu'elle était juste anormale? Une peur plus grande que tout vient la hanter, comme si elle n'en avait pas assez comme cela.
Elle souffre, mais elle sourit. Assise au fond de sa classe de français, écrivant ici ces présents mots pour essayer de se libérer la tête d'une façon ou d'une autre, elle reste assise en silence avec, comme seul trame de fond, le rire diabolique de ses démons...