1- La lettre (corrigée)

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Je retire bientôt l'histoire, pour cause de publication chez ma ME. Je ne laisserai que le chapitre 1.

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- Kate ! Tu as fini ma puce ?

J'ouvre la porte de la salle de bains, déjà essoufflée. Le moindre effort devient de plus en plus difficile. Munie de ma béquille, j'avance vers le salon, pour faire face à ma mère: Abigaëlle. Brillante avocate, elle a mis sa vie entre parenthèse à ma naissance. Alors depuis vingt-ans, elle s'occupe de sa fille chérie.

Sa fille chérie mourante, plus précisément.

- Me voilà. J'ai mis cinq minutes de moins que d'habitude ce matin. Youhou !

Abigaëlle fronce les sourcils et me tend mon verre de jus d'orange. Je cale ma béquille sur le bord du plan de travail et attrape les médicaments entreposés dessus. Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes. Petite, cela m'amusait de les comparer à des bonbons.

- Personne ne te demande d'être plus rapide chaque jour, sermonne Abigaëlle.

Quand j'ai eu l'âge de raison, j'ai cessé de l'appeler maman. Ce terme affectif ne m'était pas destiné. Comme toute mère, elle m'a appris à l'appeler ainsi. Mais dès que j'ai su son prénom, j'ai mis une certaine distance entre elle et moi. Inutile de se prendre la tête avec ce mot. Au final, on sait comment l'histoire se finit. Alors pas d'attache. Jamais. Avec personne.

Au bout de dix minutes, les médicaments sont ingurgités. C'est le rituel du matin.

- Comment te sens-tu ?

Je récupère ma béquille et fixe Abigaëlle dans les yeux.

- Toujours comme quelqu'un qui va crever. Et toi ?

Elle lève les yeux au ciel, alors j'enchaîne :

- À ton avis ? Tu penses que ma réponse va changer ? Hier et avant-hier et depuis ma naissance, c'est pareille. Alors arrête de...

- Pardon, me coupe-t-elle. Tu as raison mon bébé, je...

Sans la laisser terminer sa phrase, je traverse le salon en vitesse et sors sous le porche. Essoufflée, je reprends ma respiration. Inspiration, expiration. Lentement.

Le soleil est au rendez-vous et ses rayons caressent ma peau hâlée. L'été est ma saison préférée. Les jours sont à rallonges, les gens de bonne humeur. Même si ça me fatigue davantage.
La porte d'entrée claque et je me tourne vers Abigaëlle.

- Excuse-moi. Je n'aurai pas dû te parler de la sorte.

- C'est bon, dit-elle. Je t'ai pris de l'eau et une casquette. Si on veut tenir une demi-heure, autant s'en donner les moyens.

Je pose une main sur son bras. Quand elle croise mon regard, je répète :

- Excuse-moi. Je n'aurai pas dû te parler de la sorte.

Elle déglutit et un sourire illumine son visage.

- Bien. Allons-y.

Je fronce les sourcils et observe les trois marches du perron à descendre. Je souffle un bon coup et me lance. Une fois en bas, ma mère me rejoint et nous commençons à marcher le long du trottoir. Au début, lorsque j'étais enfant, j'arpentais la rue tête baissée. Le regard inquisiteur des voisins me gênait.

À huit ans, j'ai fait mon premier doigt d'honneur à madame Johanson. La mégère qui habite un peu plus loin. M'examiner comme si j'étais une paria, devenait très dur de sa part. Jamais un mot gentil, simplement un regard appuyé et des messes basses dès que je passais devant chez elle.

Et à la fin... [Publiee Chez Evidence édition ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant