Olympe d'Esméra

Chapitre 2 : la cérémonie [corrigé]

Un réflexe dirigea mon regard vers la personne ayant prononcé mon nom. La reine pour être exacte. Mon coeur se mit à battre la chamade dans l'attente de son annonce. À partir de ce moment crucial, mon avenir serait tout tracé. J'avais envie d'arrêter le temps pour ne pas entendre le verdict. Comme si la réalité n'allait pas me frapper de plein fouet. Et en effet la suite de son énumération ne me plut guère.

- ... dont l'élément n'a pas encore été déterminé sera amenée à faire partie du cursus inter-espèces de l'école de magie Istya, énonça Kementari en me fixant avec insistance.

L'annonce me choqua. La main devant les lèvres, je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Aucun élément ne m'était attribué. Aucun. C'est impossible, je ne pouvais le concevoir. L'angoisse de ne savoir qui je suis me contracta la gorge. Réaction difficile à cacher qui se fit remarquer. Cependant, Kementari poursuivit et m'évita ainsi une gêne incongrue.

Kyllian me prit dans ses bras et je le serrai de toutes mes forces. Une caresse affectueuse vint effleurer mon dos. Je devinais qu'Elanor en était la source. Leur soutien m'apportait le réconfort dont j'avais besoin. Je ravalai ma fierté, les larmes au bord des yeux. D'un geste rageur, impuissante, je les essuyai évitant à mes proches de les voir s'échapper.

Je me sentais pourtant confiante en retrouvant mes camarades en début d'après-midi. Certes, je n'avais aucune préférence, mais mes parents maîtrisaient chacun leur élément respectif : la terre pour ma mère et le feu pour mon père. Une prédisposition génétique pour la magie élémentaire coulait dans mes veines.

Après ma promenade matinale, nous avions rapidement englouti notre déjeuner avec Elanor. Cela afin de ne pas rater le début de la cérémonie, rejoignant nos camarades dans la salle de réception. Se fondant dans la masse, mon frère et son ami Beren discutaient avec des étudiants. Je les saluai avant de les retrouver. Les élèves se mélangeaient avec les professeurs et la famille pour discuter de leurs études. Chacun avait revêtu sa tenue d'apparat pour l'occasion.

La salle circulaire de réception du palais était harmonieusement décorée de fleurs aux couleurs de l'automne. Au fond, un autel permettait à l'orateur de parler à son public. À la périphérie, des alcôves servaient à recevoir des groupes de personnes autour de tables remplies de victuailles. Un homme de petite stature nous intima d'approcher d'une voix forte.

Immobiles, épaules contre épaules, notre stress grandissant utilisait ce contact comme passerelle pour aller contaminer nos voisins. Les murmures allaient bon train dans les rangs des étudiants dans l'attente du discours de la reine. Attente insupportable avant de savoir quel cursus nous serait attribué. Notre sort était entre ses mains.

Son apparition, de bleu vêtue, avait fait stopper net la cacophonie de chuchotements qui bourdonnait à mes oreilles. L'assemblée s'étant tue, la cérémonie débuta. Les regards de mes voisins étaient tournés vers notre souveraine. Tout dans sa tenue était en parfaite adéquation avec l'éclat azur de ses yeux de biche. Sa prestance emplissait la pièce de son aura et m'obligeait presque à fixer mon attention sur elle.

Ses cheveux couleur des blés lui arrivaient à la taille. Une mèche tombait de chaque côté de son visage délicat. De magnifiques bijoux mettaient en valeur la forme de ses oreilles. Ils dessinaient des arabesques du lobe jusqu'à la pointe en épousant parfaitement leur contour. Un diadème très simple alternant deux fils d'argent terminés par une topaze d'un bleu clair complétait la parure royale.

- Aiya mes amis. Bienvenue à tous nos étudiants et leurs proches pour la cérémonie annuelle, annonça-t-elle avec un regard bienveillant allant d'un côté de la salle à un autre. Saison de renouveau pour la nature, j'espère que ce moment permettra l'envol de nos pupilles. Encourageons-les avec force pour leur nouveau départ.