* point de vue de Leelyane *
Je n'étais jamais été à la même place aussi longtemps. Je serrai contre moi cette fine couverture, avec dans l'air cette odeur si particulière. Un endroit auquel je m'étais habitué. On m'a clairement dit que je n'allais pas sortir de si tôt, bien que j'avais la liberté de me balader dans le loft. Les grandes vitres remplaçaient les murs grisâtres, et combien j'aimais contempler la ville, puis je lâchai un énième soupire. Aucunes poignées aux fenêtres, ni aux portes d'ailleurs, l'air conditionné était mon seul courant d'air. La porte d'entrée s'ouvrit comme des portes automatiques, je regardais par-dessus mon épaule et vit Jayce avec un sac en papier, le déjeuner.
- J'ai cru comprendre que c'est ta salade préféré.
J'ai entendu dire qu'un soupir vient d'un souvenir.. et bien ! Cette salade d'été me faisait penser aux bons moments que je passais en terrasse avec ma famille, sentait le vent, et riais de bêtises. J'ai reposé doucement la nourriture sur la table basse, puis pris place sur le fauteuil. Le visage de Jayce changea immédiatement d'expression.
- Leelyane, qu'est-ce que tu me fais là ?
- Je n'ai pas faim, répondis-je tout doucement.
- S'il te plaît Lee ! Il est temps que tu manges. T'as vu l'heure ?
- C'est bon, calme-toi, je vais le manger plus tard.
Il avait prévu de rester un peu plus longtemps au loft, mais cela ne voulait pas dire que j'allais papoter des heures avec lui, au contraire, je faisais comme s'il n'était pas là. Mon endroit préféré était près des vitres, je me sentais un peu connectée au monde extérieur. J'ai appris à ne pas disjoncter à force de rester ici, je répétais chaque date d'anniversaires, me rappelait des dimanches en familles, des petites habitudes que j'avais, aussi du visage de mes amis. Ils ne savaient pas que j'étais ici, et de là où j'étais il m'était incapable de distinguer un visage familier dans cette foule, la vue était bien trop haute.
Il me semblait même les avoir vu quelques fois, un petit espoir montait en moi, mais l'avertissement qui m'a été donner me stoppa net. Bon nombre de fois j'ai calculé des plans pour m'échapper, aucun d'eux n'a été efficace. Jayce était bien plus intelligent que je ne le pensais. Je riais doucement à cette pensée: Jayce me gardait enfermer pour ses sombres raisons et en même temps prenait soin de moi. Je n'ai aucune blessures sur mon corps, elles sont plutôt à l'intérieur de moi. Ne plus pouvoir sortir me chiffonnait énormément mais l'amour que je portais envers Jayce mettait de la confusion dans mon esprit. Il disait que le monde extérieur n'était pas bon pour moi , que je faisais mieux de ne pas travailler, bien que j'avais tout le confort dans le loft. D'ailleurs pour le loft il m'a demandé mon avis, m'a montré plusieurs et je l'ai aidé à en choisir un. J'adore cet endroit, décoré à ma façon, il était très beau, j'ai rien à redire... mais je n'avais pas tout ce dont j'avais besoin. Il est difficile de ne pas sombrer dans de tels moments.
Le soir tombait et j'accouru près des grandes vitres, pour la voir s'éclairer et être animer. La ville était si belle, ça me faisait beaucoup de bien de la voir. Je restai dans cette position pendant des heures et des heures durant, Jayce éteignait toutes les lumières et allait se coucher et il me trouvait le lendemain endormi sur le fauteuil. Il partait très tôt le matin, avant même que les lampadaires de la ville laissent place au soleil, par contre l'heure de son retour dépendait des jours, parfois il ne rentrait pas. Je m'y étais habituée tout simplement, bien que j'avais une grande affection pour Jayce je voulais m'enfuir de ce palace doré. J'avais le choix: avoir tout le confort, une vue imprenable sur la ville ou rentrer chez moi, vivre dans la petite maison que nous avions et être bien entourée.
Au début tout n'était pas comme ça, j'ai décidé de quitter la maison pour vivre ici avec lui, "chez nous", c'est comme ça qu'il disait. C'était mon rêve puis petit à petit il commençait à voir le mal partout, dehors, dans le travail -avec les gens avec qui je bossais-, comme dans les autres choses.
Il me protégeait trop ! À ne plus pouvoir respirer l'air naturel.Un souvenir me vint en tête à ce moment précis. Une fois il m'avait emmené faire les magasins, mais ce n'était pas en ville, ni dans le pays. On est allé dans un pays frontalier, il me tenait fort la main à chaque fois qu'on sortait, et on se baladait de magasins en magasins.
Ensuite il est entré dans un magasin de tailleur pour homme, il s'est amicalement présenté au vendeur tandis que je restais en retrait. Il m'a très bien remarqué et m'a fait signe d'entrer en lançant une blague. Je déambulais parmi les vestes sur-mesure aussi magnifiques les unes que les autres, puis je me suis arrêter sur une collection de montres. Elles étaient très belles et j'avais à coeur d'en prendre une pour lui. Enfin, je l'ai achetée pour le faire plaisir mais surtout c'était un cadeau qui annoncerait subtilement mon départ.
Mon plan d'évasion était déjà préparé, j'ai repéré tout ce qu'il fallait, il me restait le moment opportun pour sortir. Si j'y arriverai.
Je devais sortir pour ma liberté, si je ne regardais qu'à l'amour que je ressentais je resterai avec lui. Il y a donc eu un long tiraillement avant que je décide quoi faire une bonne fois pour toute. Et j'osais espérer que c'était la bonne occasion. Il m'en a fallu du temps et pourtant ... Qu'auriez-vous fait à ma place si votre vie commune se transformait en prison doré, où vous auriez tout sauf la liberté ? Vous voudrez sûrement fuir, mais si vous aimiez votre " kidnappeur " par dessus tout. Après tout dépend du contexte, cela va de soi.**
Je n'ai pas laissé aucune lettre d'adieu, trop classique, je voulais faire un " bon départ " où il aura à deviner ce moment. Je m'explique, j'ai acheté la montre dans une sublime boite de velours, j'ai acheté aussi un collier que j'ai mis au fond de la boite. Vous me suivez ? Ensuite, j'ai écrit un tout petit mot : " Peut importe ce qui t'a motivé pour me faire ça, je ne veux pas le savoir. Je veux juste te pardonner parce que je t'aime énormément au fond de moi, à quoi bon garder rancune ! Mais je ne peux pas continuer à vivre comme ça. Notre histoire a peut-être bien commencé, à toi de te décider pour la suite. "
VOUS LISEZ
GOLDEN WALLS
RandomQuand la réalité est toute autre une fois installée entre quatre mur, elle croyait avoir tout gagné, atteint le summum de la société avec l'amour de sa vie, mais le temps en dira autrement. Elle essaiera de feindre la souffrance et le manque de libe...