Le commencement.

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23 Avril 2017.

Je suis figé devant l'écran, je ne peux plus bouger et je ne comprends pas, je ne veux pas comprendre. Ma cage thoracique se soulève et s'abaisse mais je ne sens pas d'air affluer dans mes poumons, j'étouffe.

- Je n'irais pas maman et c'est mon choix, pas le tiens! J'entendais pas sœur criée au rez-de-chaussée.

- Mais Lana ne sois pas ridicule, tu as travaillée si dur toute ta vie pour en arrivée là, pour réaliser ton rêve, répliquais ma mère.

- Non, devenir médecin étais ton rêve, ne confond pas nos vies, c'est pathétique.

Puis, plus rien. Le silence inquiétant laissa subitement place à un bruit de claquement phénoménal. Quelques secondes plus tard, Lana entra dans la chambre, les joues noyées par les larmes et le couin de la lèvre inférieure fendue.

Je suis resté assis là comme un idiot ce soir là. J'aurais dut la regarder dans les yeux et faire face à son chagrin, partager sa peine... mais je n'en n'ai rien fais. Nous étions très proche tous les deux, mais je ne savais pas comment consoler quelqu'un et encore moins avec des mots. Lana ne restais jamais bien longtemps à la maison, depuis toute petite elle part en laissant un mot sur la table disant qu'elle revient bientôt, parfois elle ne laisse rien du tout aussi. Elle aimait explorer et était très curieuse, ce qui lui causait très souvent beaucoup d'ennuis. C'est un soir d'automne qu'elle est venue me réveiller pour m'expliquer pourquoi elle ne serait plus là le lendemain. Je savais bien que depuis toute petite elle rêvait de devenir journaliste et de voir les quatre coins monde, mais jamais je n'aurais pensé que cette idée de faire le tour du globe était toujours d'actualité. Le trajet jusqu'à l'aéroport était silencieux, nous ne parlions pas surement par peur de briser ce moment ou de tacher un souvenir important. Une fois arrivé devant le bâtiment, mon ventre s'est noué et ma vue s'est brouillée petit à petit. Seul le bruit des roulettes de la valise sur le ciment retentissait à mes oreilles. Elle m'a donné sa montre ce soir là, je l'ai prise dans mes bras et j'ai éclaté en sanglots.

Cela fait maintenant un an, qu'elle est partie. Elle m'avait juré de m'écrire toutes les semaines. Mais bien vite les semaines se sont transformées en mois et bientôt je me suis bien vite retrouvé sans aucunes nouvelles. Elle m'avait abandonné. Elle m'avait abandonné au divorce de nos parents et à leurs engueulades incessantes, aux multiples questions des policiers sur sa disparition, au désastre qu'est notre famille. Elle m'a abandonné. Et maintenant, une photo d'elle passe au télé journal de 19 heures. Une fusillade dans un aéroport de Sao Paulo, trois blessés et un seul mort. Lana Jane Devis, citoyenne canadienne de 18 ans. Ma mère pleure en silence, mon père fixe l'écran le regard perdu dans le vague. Je respire difficilement, c'est tout ce que je sais, mon système respiratoire ne répond plus à la demande d'oxygène. Je me lève brusquement et sort en trombe de la maison, la porte claque, j'enfourche mon vélo et fais aller le pédalier le plus vite que je peux. Mon sang bouille, je ne comprends pas exactement pourquoi je suis en colère mais je m'en fou. Une fois en ville je laisse tomber mon vélo au pied d'un bâtiment et agrippe un tuyau et commence à gripper jusqu'au toit. Je n'ai pas le temps de regarder la vue que mon portable vibre dans la poche de mon jeans. « Maman » est indiquée par l'afficheur. J'aimerais pouvoir dire que j'éprouve une quelconque affection pour cette femme à ce moment précis. Mais rien n'y fait... Cette rage dévastatrice, elle en est la cause. Si Lana est morte c'est bien sa faute, c'est elle qui l'a poussée à fuguer. Maintenant, je m'en veux pour toute les fois où je l'ai appelé maman... Une mère ne tue pas son enfant. Je fixe la photo de contact affichée à l'écran, une femme au cœur de pierre qui sourie pourtant de toutes ses dents en serrant ma sœur dans ses bras. Quelle hypocrisie. Lana, ma grande sœur, ma meilleure amie, ma confidente... Elle m'a abandonné! Mon cellulaire vole en éclat contre le mur. Un couinement se fait entendre.

- Non mais ça va pas Devis?! S'écrie une voix

C'est alors que je remarque que je ne suis pas seule. Une fille est assise contre le mur à quelques mètres d'où le projectile a éclaté. Je suis pris de cours par le fait qu'une parfaite étrangère connaisse mon nom. Du coup, toute ma colère s'évapore pour laisser place à l'incompréhension.

- Fait pas cette tête t'as l'air encore plus idiot, dit-elle en souriant.        

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⏰ Last updated: Mar 17, 2018 ⏰

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