Les oiseaux du Paradis. Symbole de l'amour charnel. Fleurissant par milliers les sanctuaires du jardin des péchés interdits, là où Adam et Eve firent faillite.
Sauvageons de Mère Nature, pris d'envie d'évasion, de se dissocier de ses créations, de ressembler à une encontre à sa propre origine. Pour un bien ? Non. Pour un mal ? Non.
La notion invisible s'abstint.
Mère Nature ne leur avait offert aucune plume, aucune paire d'yeux, aucune griffe. Et pourtant, ils avaient été pourvus d'une âme, d'un pelage aux teintes de l'indomptable océan et d'une paire d'ailes déployées, nées des flammes ravageuses de l'Enfer.
Ils se propageaient, là-bas aussi. A foison.
Mais leur envol dans ces cieux toxiques n'eu jamais lieu. Elles s'embrasèrent dans un feu bien plus ardent.
Avant même que leur audacieuse étendue ne devienne plus gourmande, cette Terre infâme et salie de démons les piétinait. Sans regret. Sans scrupule. Sans une once d'humanité, diraient les plus naïfs de ces derniers. Mais l'Humain n'est-il pas par nature un voleur, un pêcheur, un destructeur, de ce qui l'a engendré et de ce qu'il engendre ?
Jusqu'à se détruire lui-même.
L'Humain. Une bien piètre ironie prise dans un cercle vicieux.
Une espèce bien laide qui écrase pour vivre. Et qui vit pour écraser.
Sous leurs propres yeux aveugles.
Wen Junhui était aussi laid que ses semblables. Autant ceux qu'il frôlaient en coup de vent dans la rue sans jamais espérer les revoir, que ceux qu'il fréquentait quotidiennement en osant prétendre les connaître sur le bout des doigts.
Il était laid. Ce n'était qu'un gamin dans une bulle d'encre noire, dont on avait piétiné l'existence dans tout ses aspects. Par jalousie. Par frustration. Par colère. Par rancune. Les conséquences des échecs d'autres laideurs, aussi détruites qu'il le devint. Se baigner dans leur propre sang pour soulager leurs cicatrices écorchées à vif. N'est-ce pas purement jouissif pour une espèce si néfaste et incapable de maîtriser ses plus profonds instincts ?
Wen Junhui était ce morceau de verre que l'on avait arraché d'un vase magistral aux commissures fragiles, n'étant qu'un support aux somptueuses plantes qu'il valorisait. Brisé, abîmé, seul, il tranchait les petites mains innocentes qui le ramasserait avant de le jeter à la décharge. Trop dangereux. Il ne servait plus à rien. Ses racines n'avaient eues d'autre réflexe que de le chasser dès la première chute. Elles s'étaient condamnées au même Jugement. Par sa faute. Par la leur.
La doctrine de la société embuée par les carcans des médias, les images parfaites que l'on stipule, les vérités bannies et le nécessaire à une évolution saine détourné vers de mauvais préjugés. Il haïssait. Tout ça.
Il se haïssait.
Cet enfant sans enfance ne pouvait que fuir face à la douleur des regards, que se taire face à la douleur verbale, que s'abaisser face à la douleur physique. Que fuir face à sa Terre. Il aurait été fou de s'opposer à une chose contre laquelle il ne pouvait indéfiniment lutter. Était-il trop lâche ? Oh, oui. Mais pas plus que les laideurs responsables, autres que lui-même.
Et il souriait.
Wen Junhui, un gamin de dix-neuf ans qui n'observait pas avec ses yeux, voilés de douleur. Il n'avait ni âme, ni ailes, ni couleurs. Et pourtant, il ne lui restait qu'une chose, unique et précieuse, qui tenait tête à l'ouragan. Ses rêves. Il osait penser au-delà du réel, ressentir et analyser au lieu de bêtement poser le regard.
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Strelitzia [SEVENTEEN]
RandomLes oiseaux du paradis ornementaient ce refuge nocturne, bercé d'illusions. Et lui, Wen JunHui, souhaitait s'envoler de sa Terre meurtrie. Yaoi - [Wen Junhui X Xu Minghao/Jun x The8] |Available in English|