AMENOPHIS

Assia

Assia était la plus belle femme que la citée avait été amenée à voir. Dotée d'un corps aux courbes somptueuses, d'un teint d'or et hâlé et d'un visage aux traits fins, la jeune femme rendait tous les hommes complètement fous d'elle. Un jour sur le marché, un homme resta bloqué quelques secondes dans le regard vert et puissant d'Assia. Ce genre de regard la demoiselle en avait l'habitude, mais cette fois-là c'était différent. L'homme l'intriguait, elle ne pouvait pas distinguer totalement son visage. Elle avait eu le temps, avant qu'il disparaisse, d'observer uniquement son nez et ses yeux, le reste étant caché par un bout de tissus coller à sa tunique. Quelques instants on suffit pour que la jeune femme se replonge dans son activité et que l'image de l'homme mystère ne s'efface de son esprit. Si Assia était là, c'était pour venir prendre le pain réservé à sa famille et non pas pour se laisser distraire par un homme mystérieusement caché. Les jours s'enchainaient pour Assia et pour les autres habitants de Nagada. Chaque jour à l'aube la jeune femme regardait le soleil renaitre avant de tracer sur le mur de sa chambre un cercle. Chaque nuit avant de voir le soleil mourir elle marquait d'une croix le rond tracé au matin. Depuis des années, Assia comptait les jours et les nuits qui passaient et qui se ressemblaient, à son gout, beaucoup trop. Assia se sentait différente des autres égyptiennes. Elle ne voulait pas passer sa vie dans les champs de blé comme sa mère et ses tantes, et elle voulait encore moins devoir élever des enfants. La belle jeune femme était obstinée et voulait vivre des aventures, elle ne voulait pour rien au monde troquer ses ambitions de vie pour un rôle de domestique. Mais quand on est la plus jolie femme d'Égypte, il y a des choix que l'on ne fait plus.

C'était un jour magnifique, le soleil était éblouissant et le ciel bleu se reflétait dans les points d'eau qui entouraient Nagada. Aujourd'hui, Assia était heureuse, pas parce que sa vie était devenue différente, mais simplement, car une belle journée s'annonçait. Chaque année après le premier mois de ramassage du blé il y avait un jour ou partout, de la méditerranée au désert de Nubie, les Égyptiens célébraient leurs morts. La famille d'Assia n'était pas très riche, mais chaque année, ce jour-là il avait la chance d'être invité devant le tombeau d'un oncle très puissant. À l'aube, Assia était invitée à se préparer pour la cérémonie. Elle se préparait comme chaque année en enfilant une sublime robe bleue faite de lin avant de passer par les mains expertes de sa mère pour le maquillage. En sortant de la maison, la jeune femme était encore plus belle et le reflet du soleil dans ses yeux les rendait encore plus envoutants. Un peu avant midi, toute la famille était conviée au tombeau. Pendant plusieurs heures un homme racontait l'histoire de l'oncle Soan. Cette histoire Assia la connaissait bien, elle était inscrite partout sur les murs du tombeau et il y avait même à la maison un bout de papyrus enroulé qui reprenait la vie de son oncle. À la fin de la cérémonie, chacun posait de la nourriture dans le tombeau pour que le défunt puisse manger. C'est uniquement au soir que Nour la fille de Soan venait récupérer la nourriture que l'oncle n'avait pas mangée pour la posée sur le banquet préparé devant le tombeau. Si Assia aimait tant cette journée, c'est parce que chaque année depuis qu'elle était née elle entendait les récits d'aventures de Soan. En plus, tout le monde était ensemble, mangeait et buvait de bonnes choses.

En rentrant chez elle, la belle Égyptienne allait être confrontée à une surprise de taille. Il ne lui fallut même pas 1 seconde pour reconnaître les yeux et le nez aperçu quelques semaines plus tôt au marché. Qu'est-ce que cet homme, cette fois-ci au visage découvert faisait-il chez elle ?