Chapitre 8 - Severus

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CHAPITRE 8

Lily sortit de la Grande Salle les mains toujours sur les joues. Il fallait qu'elle se calme, cette réaction était tout sauf normale. C'était du délire. Elle sentit son cœur se calmer un peu. Ou peut-être, était-ce normal, après tout Potter était loin d'être hideux, avec ses cheveux d'un brun presque noir toujours en bataille, ses yeux noisette où brillait toujours une lueur malicieuse, son sourire enfantin et chaleureux...

– Lily !

Elle ne se retourna pas, reconnaissant le propriétaire de la voix sans difficulté. Elle avait grandi avec lui, il avait été le premier à lui dire qu'elle était une sorcière. Qu'elle était spéciale. Elle avait passé ses étés avec lui, à parler de magie, à parler de Poudlard. Elle lui avait confié combien la haine de sa sœur à son égard la touchait, la blessait. Il lui avait promis d'être toujours là. À jamais.

Et pourtant il avait balayé en un instant toutes ses promesses.

– Que veux-tu Severus ? demanda-t-elle froidement sans se retourner.

– Alors ça y est... toi et Potter vous filez le parfait amour ?

Sa voix suintait de colère et de jalousie. Elle frissonna de dégoût. Elle avait lu de nombreux livres, elle adorait les histoires d'amour déchirantes et passionnelles, et elle avait toujours imaginé que la jalousie était excitante, belle ! Sentiment primaire qui prenait aux tripes et faisait perdre la tête. Pourtant, quand elle se tourna vers son ancien ami, elle ne vit rien de beau. Elle réprima un frisson. Severus avait été une belle personne un jour. Mais il avait tourné le dos à tout cela, préférant les ténèbres. Les ravages sur son apparence étaient visibles. Son teint terne presque blafard, son regard vitreux, son corps frêle, son rictus cruel.

Elle ne bougea pas, observant le garçon à la recherche de l'ancien Severus. La magie noire avait-elle tout corrompu en lui ? Ne subsistait-il rien de son ami d'enfance ?

– Réponds-moi ! Lui hurla-t-il.

– Tu n'as pas peur que tes amis masqués te voient avec moi ? demanda-t-elle, amère.

Il ne répondit pas, se contentant de jeter anxieusement un coup d'œil vers la Grande Salle, vérifiant que ses « amis » ne l'avaient effectivement pas suivi. Elle le regarda, dissimulant difficilement son dégoût face à sa lâcheté.

– Tu me regardes même avec la même expression de dégoût que lui ! Ton James Potter ! Lâcha-t-il en serrant les poings, contenant difficilement sa fureur.

– Ce n'est pas MON Potter, répliqua-t-elle froidement.

– Bientôt tu l'appelleras James et tu iras l'encourager lors de ses matchs de Quidditch comme toutes ses groupies !

– Je préfère être la groupie de James Potter plutôt que d'être à la solde de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

Elle le regarda hoqueter de fureur et devenir rouge de colère.

– Tu me dégoutes Severus, mais tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. Alors pour une fois dans ta vie, n'accuses pas James Potter de ce qui t'arrive. Ce sont tes choix qui nous ont séparé. Pas lui.

Elle tourna les talons, le plantant là. Se rendant compte peu à peu de ce qu'elle venait de dire. Elle ne pouvait plus reprocher à James Potter de l'avoir séparé de Severus. Elle avait voulu trouver un coupable, quelqu'un sur qui elle pourrait déverser sa colère et sa frustration de s'être vu arracher la personne qu'elle pensait ne jamais pouvoir perdre. Mais en accusant Potter de tout, elle n'avait fait que reproduire l'attitude de Severus. Ce n'était pas lui le coupable. James Potter était un idiot. Il était coupable d'avoir tourmenté Severus pendant des années mais il n'était pas responsable de la défection de ce dernier. C'est Severus et Severus seul qui avait choisi de rejoindre le camp du Maître des Ténèbres.

Les jours qui suivirent furent étrangement calmes. L'agitation qui régnait à Poudlard depuis l'attaque de Pré-au-Lard semblait s'être évaporée. Les élèves déambulaient dans les jardins du château, profitant du soleil automnal. D'autres encore commençaient déjà leurs révisions pour les examens.

– Pourquoi devrions-nous travailler maintenant ? demanda Sirius en suivant Remus dans la bibliothèque.

– Pour être prêt pour les examens de fin d'année ! Répliqua Remus en s'installant à une table.

– Mais on est en octobre bon sang Moony ! Protesta-t-il, ennuyé.

Lily releva la tête reconnaissant la voix des deux garçons, elle rendit son sourire à Remus et salua un peu plus froidement Sirius. Non pas qu'elle n'apprécie pas le jeune Black. C'était juste qu'elle savait que Sirius était le genre de garçon qui vous faisait tourner la tête si vous lui en laissiez l'occasion. Alors elle avait toujours pris grand soin de garder ses distances avec le ténébreux et séduisant Gryffondor.

Ce dernier lâcha un soupire faussement dramatique en se laissant tomber sur une chaise à côté de Remus.

– Et où est passé James ?

– Avec Mary, chuchota Remus en jetant un coup d'œil vers Lily.

– Avec qui ? demanda Sirius prétextant n'avoir rien entendu, un sourire malicieux aux lèvres.

Remus ne lui répondit pas, se contentant de lever les yeux au ciel, comprenant le petit manège de son ami. Sirius ne se laissa pas décourager et haussa le ton.

– Avec qui dis-tu que James est ? OH AVEC MARY ! JE VOIS.

– Monsieur Black, la seule chose que vous verrez si vous continuez de hurler dans ma bibliothèque sera le quai de Pré-au-Lard s'éloignant avec vous dans le Poudlard Express direction la voie 9 3/4.

Sirius fit son sourire le plus charmeur à Mme Pince, qui ne put s'empêcher de sourire avant de s'éloigner, rougissant quelque peu. Lily ne put s'empêcher de sourire en remarquant le trouble de la vieille bibliothécaire. Puis elle reporta son attention sur son devoir de métamorphose qui lui donnait du fil à retordre. Sirius s'agitait sans cesse sur sa chaise, incapable de tenir en place, finissant par agacer Remus.

– Sirius, pour l'amour du ciel, trouve-toi quelque chose à faire ! Lâcha le jeune homme exaspéré.

Sirius se leva étrangement de bonne humeur. Son objectif avait été atteint. Remus s'était lassé d'essayer de le faire travailler et lui avait rendu sa liberté. Il se faufila entre les rangées à la recherche de l'objet de toutes ses convoitises. Et il la trouva. Marlène McKinnon. Il attendit que sa cousine Cissy quitte l'allée pour rejoindre la jolie blonde, trop concentrée à rechercher un livre quelconque pour remarquer sa présence.

Il passa ses bras autour de sa taille, la tournant vers lui avant de la plaquer contre les vieux ouvrages.

– Lâche moi Black, soupira-t-elle en essayant de se dégager de son emprise.

– Ce n'est pas ce que tu disais la nuit dernière, ni celle d'avant... murmura-t-il, frôlant de ses lèvres le creux de son cou.

Il la sentit se détendre dans ses bras, ses mains glissant dans sa chevelure solaire, tandis qu'il parsemait son cou de baisers, ses mains enserrant un peu plus sa taille, son corps se collant au sien, épousant chaque courbe de celui de la jeune fille. Il sourit contre sa peau lorsqu'il parvint à lui arracher un soupire de plaisir, l'entendant murmurer son prénom dans le silence de l'allée.

Holding a Heart - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant