Chapitre 19

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Je ne préférais pas rester plus longtemps au milieu de cette ambiance, me sentant de trop entre les deux garçons. Hinata me lançait un regard des plus mauvais et l'odeur que je lui attribuais me forçait à m'éloigner de Tobio sans vraiment comprendre pourquoi. Le noiraud dû la sentir aussi, cette odeur détestable dont je lui avais parlé plus tôt. Cette odeur de dominance qui nous intimidait au plus haut point.
- Tu n'es pas prête d'oublier mon odeur, sale soumise.
- Hinata, implore son soumis, arrête s'il te plait.
Tobio aussi semblait être paralysé par la peur, laissant sa nouvelle force de rébellion le quitter peu à peu. J'avais envie de pleurer de façon incontrôlable et toutes mes pensées étaient dirigées vers Bokuto. L'odeur de domination agrume du roux me mettait dans un état de soumission extrême. Je ne contrôlais plus rien, ne supportant plus la pression qu'il me mettait.
- Maintenant, dégage.
En un instant, la situation qui était à notre avantage avait changé du tout au tout. Tobio, sous l'emprise de son dominant bouillant de colère, semblait couiner en fermant les yeux, priant pour que le temps passe plus vite. Moi, je voulais juste partir de cette pièce, mais mes jambes semblaient être clouées au sol. Cette odeur avait empli toute la pièce, me montant au nez avec dégout.
- Arrête, le suppliais-je.
- Quoi donc ? demanda Hinata amusé par la situation en s'avançant vers moi.
- Ton odeur, couinais-je.
Je venais réellement de couiner ? Le rouquin ricana en se pointant devant moi. Son sourire était si fier et sa confiance semblait grandir de plus en plus, parallèlement au désarroi de Tobio.
- Mais, réfléchit-il faussement, tu fais prendre de mauvaises habitudes à mon soumis.
Les yeux d'Hinata, naturellement mordorés, paraissaient encore plus lumineux, plus intenses. Je crus voir un instant les iris de Bokuto lorsque sa domination était à son paroxysme, me faisant fixer un peu trop longtemps le regard du roux. Cela ne semblait pas à son goût puisqu'il me fusillait du regard. Cependant, ma peur diminua fortement, comme par magie.
- Tu as un dominant, parait-il, s'amusa le rouquin.
- Oui, souriais-je d'un air narquois nouveau, et il m'a appris à ne jamais manquer de confiance en moi.
- Ton dominant ? s'étonna-t-il en gardant son air moqueur.
- Kōtarō Bokuto, lâchais-je.
Pas un centimètre carré de sa peau ne frémit en entendant le nom de mon dominant, le célèbre dominant connu pour être dicté par ses moindres désirs égoïstes et compulsifs.
- Tu sembles beaucoup l'apprécier alors que je sens encore ton odeur de vierge, dit-il en abordant un sourire carnassier.
- Hinata, s'exclama Tobio, tu vas trop loin !
- Comment peux-tu dire être complice de ton dominant, alors que vous n'avez pas même partagé un moment intime ? demanda-t-il aussi moqueur que curieux.
Ses yeux s'éteignaient peu à peu au fil de la discussion. Pourtant à la limite de larmoyer de désir tout à l'heure, leur intensité diminuait fortement face à ma nouvelle immunité qui luttait contre son odeur. L'existence de Bokuto, mon dominant, l'avait-il quelque peu démotivé ? Je me demandais si les dominants pouvaient s'intimider entre eux à des distances si éloignées, mais la réponse me parut farfelue.
- La complicité, rouquin, ne vient pas avec la perte de la virginité de ton soumis.
- Hinata ? Tu en mets du temps... souffla un garçon qui s'aventurait dans le couloir des chambres.
Un jeune homme brun, plutôt grand, aux yeux marrons, entra dans la pièce gorgée d'odeurs différentes. Celle du roux, pleine de défis, de Tobio intimidé et sûrement aussi de la mienne. Le nouveau venu sembla en faire abstraction, soufflant d'un air désespéré en pinçant l'arrête de son nez.
- Hinata... dit-il en levant les yeux ciel. Vas-tu arrêter d'intimider tous ceux qui t'impressionnent ?
- Quoi ? s'écria le roux. Cette soumise ne m'impressionne en rien.
- Alors écarte-toi d'elle, lui ordonna son aîné sûrement de rang dominant.
Étonnamment, le garçon aux yeux mordorés fit quelques pas en arrière, me laissant respirer. Tobio et lui se zieutèrent, l'air tout deux gênés de reprendre peu à peu leur esprit serein.
- Ayame Miyato, s'avança le jeune homme, enchanté.
- Enchantée, répétais-je lorsqu'il prit ma main de la sienne tatouée d'un triangle plein.
- Je suis Chikara Ennoshita et je suis désolé que notre apprenti dominant t'ait importuné.
- Ce n'est rien... murmurais-je en souriant timidement.
- Toi, désigna-t-il le rouquin qui abordait maintenant un air coupable, aère-moi cette chambre avant qu'Asahi ne s'en rende compte.
- S'il te plait Ennoshita, n'en parle pas à Daichi et Sugawara, supplia le garçon maintenant aussi innocent qu'un jeune soumis.
- Je devrais, Hinata... souffla le jeune homme.
- Il n'y a pas non plus mort d'homme... roula des yeux le jeune dominant en trouvant une excuse quelconque.
- Tu te rends compte que tu perds complétement le contrôle de ta dominance ? lui demande son aîné d'un air las, dépassé par les évènements.
- Pourquoi devrais-tu en parler à Daichi ? s'exclama-t-il.
- Parce que le dominant de la soumise que tu viens d'intimidé est, crois-le ou non, entrain de faire affaire avec notre clan ! s'écria Ennoshita.
Le jeune homme qui paraissait si doux et calme explosa devant nous. Hinata semblait vraiment désolé, vu l'air coupable qui tordait son visage, enfantin malgré tout.
- Je ne veux pas que nos liens avec les autres clans n'éclatent par ta faute, parce que c'est pour toi que Daichi et Suga se donnent tant de mal !
- Je n'en dirais rien à mon dominant, lâchais-je.
- Ayame... marmonna Ennoshita d'un air gêné.
Pour une raison totalement inconnue de mon cœur et de mon entendement, mon désir nouveau était de donner une seconde chance à ce garçon impulsivement roux et dominant. Je repensais probablement à Bokuto, pour qui Akaashi avait donné une seconde chance en voulant bien entendre qu'il prendrait soin de moi.
- C'est promis, souriais-je timidement, je ne dirais rien sur le comportement d'Hinata.
Tobio, qui semblait s'être fait de plus en plus discret au fil de la situation, me sourit sincèrement lorsque je lui adressais un dernier regard avant de partir de la pièce. Je descendis les escaliers, réalisant que toute la pression du roux s'était entièrement volatilisée, laissant un sourire niais se dessiner sur mon visage.

- Salut, me dit-on en riant de mon air si enjoué.
- Bonjour, répondis-je en retour.
Un jeune garçon plus petit que moi s'avança d'un rire franc. Il était encore habillé chaudement de son retour en ville et sa main tatouée d'un triangle plein, me confirma le fait qu'il était un dominant. Je restais perplexe à son physique, quelque peu fétiche pour son rang. Karasuno possédait bien des personnages étonnants. Asahi aux muscles très développés pour son rang de soumis et ce nouvel inconnu qui se trouvait être un dominant plutôt désavantagé physiquement, comme Hinata. Ce clan semblait être protégé des préjugés que le Conseil prenait pourtant soin d'entretenir au sein de notre système.
- Je suis Yū Nishinoya, se présenta-t-il en déboutonnant son manteau, tu dois être la soumise Ayame Miyato ?
- Oui, c'est ça, répondis-je gênée.
- Bien, s'exclama-t-il toujours un sourire accroché aux lèvres, ton amie Kiyoko est dans la cuisine, si tu la cherches.
Sur ces paroles, il envoya sa mèche blonde pétante sur ses cheveux bruns d'un geste souple, et monta en criant le prénom du rouquin. Vu leur énergie, cela ne m'étonnerait pas qu'ils soient tous les deux de très bons amis. Je m'avançais d'un pas rythmé vers la cuisine indiquée, apercevant mon amie d'enfance entourée des siens, prenant leur temps avant d'aller se coucher.
- Kiyoko ! m'exclamais-je en allant serrer mon amie dans mes bras.
- Ayame ! ria-t-elle de ma réaction.
- Je me suis languis toute la journée, souriais-je sincèrement.
- Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle soudainement, ses yeux bleus s'assombrissant en détaillant mon visage.
Elle devait sûrement sentir l'odeur d'intimidation que le rouquin avait déposé sur moi tout à l'heure. Je ne voulais pas qu'elle ne s'inquiète pour rien. Cependant, je voulais encore moins que mon dominant le découvre. Pendant combien de temps l'odeur d'Hinata allait-elle rester présente ?
- Un léger accrochage en cadeau de bienvenue, signalais-je en riant timidement.
- Ce n'est rien Shimizu, fit remarquer un grand blond à lunettes, tu connais bien Shōyō et sa domination.
Le ton las du garçon montrait à quel point les membres de Karasuno avaient cerné le comportement devenu habituel du rouquin. Personnellement, je ne trouvais pas leur tolérance normale. Même en tant que soumise, je ne supporterais pas de m'adapter à un membre capricieux de mon clan.
- Ce n'est pas rien, fis-je remarquer à mon tour, sans vouloir créer d'histoire.
- Pourquoi tu ne trouves pas cela normal ? me questionna le blond binoclard, sirotant sa tasse de thé.
Ce grand blond était probablement le dominant de Yamaguchi, présent dans la pièce lui aussi. Ils n'étaient pas proches à première vue, laissant un certain espace de vie à chacun, mais ils se dévoraient des yeux à chaque minute.
- Tu aimerais que l'on brutalise Yamaguchi sans raison parce que, pour certains, ce n'est rien de grave ?
- Comment ? demanda-t-il surpris, sortant de son comportement d'inébranlable.
- Si tu penses que cela protégerait Yamaguchi de penser que ce n'est rien, d'être intimidé, tu risques de le perdre bien avant de t'en rendre compte.
- Elle a raison, avoua Kiyoko. Je ne supporterais pas ce comportement carnassier sur Yachi.
- Tu sembles oublier que Shōyō n'agit comme ça que par stupidité, et non par méchanceté, souligne-t-il d'un haussement d'épaule désinvolte.
- Nous devrions nous attarder sur la forme, et non sur le fond... suggéra Yamaguchi.
- Bon, souffla son dominant en un sourire en coin, nous y ferons attention.
- Ayame Miyato, me présentais-je au blond pour clore cette conversation.
- Kei Tsukishima, sourit-il en plissant ses yeux de façon joueuse.
- Tu viens Ayame ? me demanda Kiyoko. Nous allons nous coucher.
- Oui, j'arrive.
Mon amie quitta la cuisine en saluant les tourtereaux puis, en saluant mes nouveaux amis, je la suivis. Yachi devait sûrement être couchée, vu l'heure. Kiyoko m'accompagna au bain, me donnant comme conseil de bien laver mes cheveux pour essayer de faire partir l'odeur du roux. Elle me raconta sa vie sentimentale avec Yachi, elles semblaient littéralement s'adorer.
Pendant cet instant, seule face à tous les sentiments qu'elle éprouvait et qui étaient réciproques, je me suis demandé si Bokuto pensait à moi autant que je pensais à lui depuis qu'il m'avait laissé ici. Et à cet instant précis, je me suis rendu compte combien il était important pour moi.

Bokuto est un dominant - Haikyū!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant