Chapitre 3 - 1

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Glace et brûlure

Partie 1


  Lorsque j'ouvris les yeux après m'être reposée, je remarquai qu'il faisait déjà nuit. Le temps s'écoulait-il de la même manière sur Terre que sur Avalon ? Je m'approchai de la seule fenêtre de la pièce, taillée à même le bois et l'écorce de l'arbre pour jeter un coup d'œil en contrebas. La plaine qui s'étendait sous mes yeux prenait une allure féérique ainsi éclairée par les lanternes et les plantes phosphorescentes dispersées çà et là. J'aurais pu me croire dans un conte de fée, et à vrai dire, on en était pas loin. Sauf que c'est moi qui en était l'héroïne, telle une princesse au secours de son prince. Oui je sais, d'habitude, dans ce genre d'histoire, c'est le contraire. Mais puisque j'étais tout sauf normale, cela ne m'étonnait pas que mon conte sorte de l'ordinaire.

  Je m'éloignai de la fenêtre pour détailler un peu la pièce dans laquelle je me trouvais. Elle était assez spacieuse tout en restant très simple et les meubles qui l'occupaient étaient sculptés et travaillés à même le bois d'Yggdrasil. Il y avait, bien-sûr, l'immense lit en baldaquin dans lequel j'avais dormi et dont le matelas était vraiment très confortable. Aussi confortable que le serait un nuage. Enfin, je crois ; à vrai dire, je ne suis jamais montée sur un nuage, et je ne pense pas que cela soit physiquement possible. Il y avait aussi une grande armoire (vide de tout vêtement) ainsi qu'un magnifique bureau sur lequel on pouvait retrouver un flacon d'encre ébène accompagné d'une plume aussi blanche que mes cheveux. Pour finir, une petite commode ressemblant à une petite coiffeuse surplombée d'un grand miroir aux contours dorés venait compléter l'ameublement de la chambre.

  En levant les yeux au plafond, j'avais remarqué que les plantes grimpant sur le tronc de l'Arbre-Monde s'immisçaient dans ma chambre par la petite fenêtre, recouvrant me plafond de leurs lianes, de leurs feuilles et de leurs fleurs. Celles-ci, en plus de ressembler à des lanternes chinoises, possédaient la particularité d'émettre une légère lumière tamisée. J'étais curieuse, peut-être un peu trop d'ailleurs, mais j'avais envie de découvrir comment ces fleurs fonctionnaient ; je voyais mal les Devas utiliser l'électricité comme sur la Terre ! Je pris alors l'initiative de monter sur mon bureau avec comme conviction de découvrir le secret qui se cachait derrière la mystérieuse luminescence de ces fleurs... Avec un peu de maladresse – c'est-à-dire en manquant de peu de me rompre le cou – je montai sur le meuble et je tendis la main afin de saisir entre mes doigts une de ces jolies fleurs asiatiques.

  – Qu'est-ce que tu fais ?

  Stoppée net dans mon élan, je sursautai et manquai de tomber – encore – du bureau sur lequel j'étais perchée en un équilibre assez précaire.

  – Euh... C'est les plantes tu vois..., balbutiai-je un peu honteuse. J'étais curieuse de voir... Enfin tu vois quoi.

  D'accord, j'avoue volontiers que je devais avoir l'air vraiment intelligente là, debout sur un bureau en train de tendre mes mains vers le plafond pour toucher des plantes qui émettaient de la lumière. Crystal, qui venait d'entrer dans ma chambre, me fit un sourire amusé et m'aida à descendre de mon perchoir, avant que je ne me casse vraiment quelque chose, avait-elle plaisanté. Avais-je l'air si gourde que ça ? Ça m'en avait tout l'air.

  Crystal soupira.

  – Tu sais, si tu veux savoir quelque chose, il suffit de me le demander au lieu de jouer à chat perché. Ces plantes, vois-tu, m'expliqua-t-elle, réagissent au besoin de lumière que nous avons, c'est-à-dire qu'elles varient de luminosité selon notre désir.

  Je me mis alors à penser à une lumière plus forte, plus intense et même si je ne savais pas vraiment comment m'y prendre, les plantes se mirent à luire plus fort qu'auparavant.

Les Marques de GaïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant