J'étais étendu par terre ; masse informe, contemplant le plafond dénué de caractère quand le téléphone sonna. Il va falloir que je me lève. Ah non, il va répondre, parfait. Je l'entends échanger deux trois banalités, je me demande qui c'est. Ah la maison de retraite, qu'est ce qu'elle a encore fait ?
Je ne sais pas comment j'ai fais pour comprendre, mais j'ai compris. Merde.
Merci de m'avoir prévenu, bonne journée, bon courage.
Faites que ce ne soit pas ça.
Je me lève doucement, presque à reculons. J'ai peur de ce qui peut se passer mais la curiosité l'emporte.
Il vient à moi, nos corps se font face dans ce couloir étroit. Il tient toujours le téléphone, presque du bout des doigts.
L'expression de son visage ne me revient pas. Elle est morte. Merde. Je n'ai pas le temps de finir de me demander comment il va réagir, le voilà qui s'effondre. Physiquement. Une plainte inconnue, un sanglot étranglé par la soudaineté de l'annonce émerge de sa gorge. Il est apeuré. Il est petit garçon à nouveau. Il a perdu sa mère. Il a besoin de sa mère justement. Il n'y a que moi. Je lui prends délicatement le téléphone des mains et le pose. La bombe est au sol désormais.
Je le prends dans mes bras comme le petit garçon qu'il est et le sert de toute ma chaleur. Il sanglote bruyamment, il a mal. Il est perdu. Je ne sais pas, je ne suis pas lui.
Et moi, je souffre alors ? Je ne crois pas, il ne me semble pas. Je n'en ai pas l'impression en tout cas.
Et lui il souffre oui. Et je fais alors la seule chose dont je suis capable de faire à cet instant. Aimer. Ce n'est pas suffisant, certes, mais c'est tout ce que j'ai. Je suis là, je suis là.
Maman n'est pas là, elle n'est jamais partie aussi longtemps d'ailleurs.
Comment je vais faire ? Cesse de penser à toi, c'est de lui dont il s'agit.
J'ai décidé que c'est moi qui l'annoncerai à mon frère, ça me paraît étrangement évident. Ca doit être moi.
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Merci à vous, bonne journée, bon courage
Random"Je ne sais pas comment j'ai fais pour comprendre, mais j'ai compris. Merde."