Libre et belle, par un chemin de mousses vertes,
Elle aperçut le seuil du paradis, là-bas :
L'ange était accueillant, la porte était ouverte ;
Mais, détournant la tête, elle n'y rentra pas.
Le Paradis, Emilie VerhaerenLe bruit des vagues vient chatouiller les tympans d'Oprah. Il se réveille doucement au scintillement des cristaux accrochés au-dessus de la porte d'entrée. L'air est chaud, la brise agréable, et le soleil déjà haut dans le ciel. Depuis combien de temps dormait-il ?
Il décide finalement d'ouvrir les yeux. Cette scène lui semble beaucoup trop familière, comme s'il l'avait déjà vécue, quelque part, ailleurs. Il s'avance dehors et s'étire difficilement. Il regarde derrière lui, comme voulant découvrir un paysage pour la première fois, mais il ne connait que trop bien les traits de cette maison. La devanture est blanche, il y a une terrasse, le toit est soutenu par des poteaux, la porte n'est qu'un battant qui ne se verrouille jamais. Il est chez lui.Il attrape sa planche sur le côté de la maisonnette et se met à courir vers la plage ; il doit retrouver ses amis là-bas. Il a préféré faire une sieste – quelle idée. Ses yeux semblent s'agrandir à chaque foulée. Les rues sont calmes, les couleurs autour de lui pétillent dans ses iris, et les oiseaux au-dessus de sa tête chantonnent gaiement. Il tourne à quelques carrefours, salue quelques personnes qu'il croit connaître. Bientôt, il se retrouve les pieds dans le sable doucement chaud. Il met la main en parade du soleil et regarde au loin, plissant les yeux.
Il est essoufflé, c'est rare. Il n'a pas l'habitude de courir. Ici, tout le monde est très calme, très posé, les gens n'ont pas besoin de courir – sauf Oprah, retardataire du jour. Contre sa cuisse, un chat vient se frotter en miaulant. Il le caresse brièvement mais ne s'y attarde pas, se contenant de se mettre à avancer sur la plage.Quelques secondes à peine s'écoulent avant que sa vue ne se trouble, puis revienne à la normale. Le monde autour de lui s'était effacé un bref instant, avant de réapparaître. Depuis qu'il s'était réveillé, il avait comme une sensation au fond de l'estomac de ne pas appartenir à cet endroit. Pourtant, il se trouvait bien sur son île. Comment expliquer cette curieuse impression ? Il décide de ne pas se triturer l'esprit plus longtemps que nécessaire, et reprend sa progression à travers le sable. Il entend son nom et relève d'un coup sec la tête qu'il dirigeait vers ses pieds jusqu'à présent. Il regarde à droite : trois personnes assises sur des chaises lui adressent de grands signes de main.
Ses parents, sa sœur.Il leur sourit, puis entreprend de s'avancer jusqu'à eux. Il les gratifie sa mère et sa sœur d'une bise, et donne une tape dans le dos à son père.
— Bien dormi, fiston ? demande ce dernier.
— Un peu plus que prévu, mais je me sens pas très reposé, bizarrement.
— Ce sont des choses qui arrivent, mon chéri. Tu ne devais pas retrouver tes amis ? répond sa mère.
— Si ! J'y allais justement. A plus tard !Et là-dessus, il se retourne et continue de chercher son groupe. Ils étaient trois garçons et une fille, sa meilleure amie. Il leur avait dit qu'il les rejoindrait ici, alors, ils ne devraient pas être bien loin.
Enfin, il les voit au loin. Il se précipite alors vers eux, manquant de trébucher contre sa planche. Il n'y avait que deux personnes sur les serviettes, une fille et un garçon, et la fille fronçait déjà les sourcils en voyant Oprah arriver en catastrophe. Quand il arrive à portée de voix d'elle, elle prend la parole.— C'est maintenant que t'arrives, Oprah Silas Jared Mahelona ?
— Woah, me parle pas comme ça, on dirait ma mère, réplique-t-il dans un mouvement de recul.
— Qu'est-ce que tu faisais cette fois ? Un chat perdu ? Tu t'es ramassé dans la rue ? Non, t'as pas d'égratignures.
— Calme toi, bon sang. J'ai fait une sieste c'est tout.
— Quel sens des priorités impressionnant. Je note donc que dormir t'es plus cher que surfer avec tes potes.
— J'aurais été toi mec, je serais resté dormir. La madame est pas contente, intervient le garçon sur la serviette d'à côté.
— Ta gueule, Elio.
— Ethel, ma puce, calme-toi voyons.
— J'ai dit ta gueule.
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au-delà de la mort
Novela JuvenilSilence. Noir. Vide. C'est toujours ainsi que l'on a imaginé la mort depuis quelques siècles. Cela se passe-t-il vraiment ainsi? Qu'y a-t-il après? Bruit? Blanc? Lumière? Suivez Oprah et ses quatre amis pour une épopée surprenante dans un univers qu...