L'Annonce (5)

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Anaëlle

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Anaëlle.

Ma matinée s'est terminée exactement comme elle avait commencé, puis l'après-midi a suivi, et la soirée. La journée a défilé sans que je puisse me reposer ou profiter du beau temps me narguant par la fenêtre. Mes frères et sœurs n'ont pas cessé de pleurer, hurler, courir, se battre, bref, un programme bien chargé qui plaît à tout le monde sauf à une personne : moi. L'aînée qui poursuit les plus jeunes les fesses à l'air dans le couloir ; qui prépare un repas qui ne ravit les papilles de personne ; celle qui pense à tout le monde mais que tout le monde oublie.

Il est bientôt dix-huit heures et je peux enfin m'accorder quelques minutes de tranquillité. Tout le petit monde est dans sa chambre, exténué par cette journée de vacances pleine de belles activités. Il n'y a que moi pour trouver que ces deux mois s'annoncent beaucoup trop longs.

Lorsque la porte d'entrée claque, je soupire de soulagement. Maintenant que mes parents sont rentrés, la fratrie va se tenir à carreau. Personne ne voudrait être puni pour avoir énervé Papa.

- Tu as passé une bonne journée, ma puce ? marmonne ma mère en s'écroulant sur le canapé à mes côtés.

- Les plus jeunes étaient assez hystériques et je ...

- Ma puce, apporte-moi un verre d'eau s'il-te-plaît. Et va relever le courrier, ton père est parti se coucher et je ne veux plus faire un seul mouvement jusqu'à demain matin, me coupe-t-elle en allumant la télé.

Je suis tentée de répliquer que je ne suis pas son esclave mais elle s'est endormie. Ma mère se donne tellement dans son boulot qu'elle sombre dans un profond sommeil dès qu'elle arrive à la maison. Elle est exténuée et, par-dessus le marché, n'a pas besoin de partager mes malheurs alors qu'elle en a déjà assez de son côté.

Je soupire et pars en direction de la cuisine. C'est seulement là que je remarque la présence de Larissa, l'une des Triplés de dix ans.

- Regarde mon dessin ! s'exclame-t-elle joyeusement en brandissant fièrement une feuille remplie de gribouillis informes et multicolores.

- Wouah ! la félicité-je sans grande conviction, un verre d'eau à la main.

Elle me fixe quelques secondes de ses grands yeux pétillants et demande d'une petite voix :

- Tu es triste Nana ? Je peux te donner mon dessin si ça te fait plaisir. Ou je peux t'en faire un autre, parce que celui-ci est pour Maman.

C'est justement elle le problème, mais Larissa serait incapable de comprendre. Elle ne sait pas encore à quel point mes parents font des efforts pour maintenir nos têtes hors de l'eau. Les fins de mois sont dures et, bien qu'ils fassent tout ce qu'il faut pour y arriver, nous avons souvent du mal à manger correctement.

- Non, je suis juste fatiguée. On s'est bien amusé, aujourd'hui.

Elle m'adresse un grand sourire et dépose un bisou baveux sur ma joue avant de rejoindre ma mère dans le salon. J'entends ma sœur essayer de la réveiller, puis monter en pleurant dans sa chambre. Elle est sûrement déçue par cette figure maternelle qui n'accorde pas beaucoup d'importance à ses enfants, n'applaudit pas son chef d'œuvre et préfère dormir. Elle comprendra, un jour.

Destination : Vie ParfaiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant