" - Vraisemblablement. "
Il a perdu son sourire. Ses traits sont crispés et il me regarde avec inquiétude. Comme si à cette instant allait se jouer l'avenir de notre relation.
" - Et bien... " Le silence est plus que pesant, son regard est dur et ses lèvres pincées semblent destinées à rester closes. " Rentrons ! Mes valises n'ont pas fait de régime et les escaliers m'ont crevaient ! " Je pousse la porte (Et un peu lui au passage) et entre dans mon nouveau chez moi à mi-temps, tirant mes valises à deux mains dans l'étroit couloir. " Nan mais le 5ème, sérieusement ! Si c'était pour prouver que les filles sont aussi sportives que les mecs je vais revoir mon inclinaison à être une princesse en détresse ! "
Immobile sur le palier, ses traits se sont déliés et il esquisse un sourire du bout des lèvres mais toujours pas un mot et il commence à prendre racine.
" - Hum... Tu sais qu'on a pas la nuit...? "
" - Je n'ai pas le droit de comptempler ma chambre ? " Cet air narquois m'agace.
" - C'est ça, dit plutôt que tu me mates ouais..! "
" - Je préfèrerais encore me faire le pin derrière toi. Par ailleurs très jolie vue..."
Alors que je me retourne, interloquée, pour jeter un coup d'œil par la fenêtre j'entends sa valise rouler et buter contre le pas de la porte. Mais c'est qu'il a raison en plus : Notre chambre donne vue sur le parc du lycée. Une pinède.
" - Je sais que la vue est belle mais tu es au milieu du chemin. Pas que ton postérieur prenne de la place mais... "
" - Non mais ho ! " Après lui avoir fait part de mon indignation avec une singlante répartie je me pousse en me laissant tomber sur ce qui, désormais, est mon lit. Oui je suis un despot. Ou une, j'ai jamais su si ça s'accordait.
Il a posé sa valise à main, le style très ancienne genre grosse mallette, sur le bureau et en sort ses draps qu'il commence à installer tandis que, vautrée dans mon lit nu, je l'observe en reposant mes lombaires fatigués.
" - Tu disais quoi déjà ? "On a pas toute la nuit" ? "
" - T'es vraiment un vieux. "
Je sais, je suis hors sujet. Mais le fait est qu'il n'en semble pas surpris et, toujours absorbé par le lissage de ses draps sur son lit au carré, il me répond d'un air fort peu concerné.
" - Tu porte des costumes, tu mets les "ne" de négation, tu as des valises antediluvuennes et, Seigneur, tu fais ton lit au carré..?! "
" - Et tu n'as pas tous vu... "
Il pose son deuxième bagage (Wow ! Une valise à roulette, le futur !) sur ses affreux draps blancs immaculés et, en l'ouvrant, révèle plétor de livres en tous genre, des vêtements tous identiques, bien alignés et repassés et une vieille trousse de toillette où je ne me surprendrais pas de trouver du bicarbonate ou autre ingrédient de rectte de grand-mère." - Oh my... Espèce de bourge..! "
" - Ça ça ne risque pas. Ma mère est boulangère, mon père charpentier et je vis avec mes grands-parents parce que depuis la naissance de ma sœur on manque de place. "
Il a dit ça d'une traite et est maintenant occupé à aligner ses chemises sur les étagères de son armoire, sans un mot.
Merde, je crains à juger les gens comme ça... À y regarder de plus près ses malles sont vraiment vieilles, rien à voir avec le style, les livres sont jaunis et les draps rapiécés sur la face interne. Je m'en veux un peu là tout de suite. Mais paradoxalement lui a l'air de s'en foutre royalement. C'est fou.
" - Lève-toi de là, je vais faire ton lit puisque ça n'a pas l'air d'être ton fort. Va sur le mien. "
Un brin outrée de me faire traîter d'incapable je lui tape dans l'épaule en me relevant et me laisse retomber mollement dans son lit impécable, faisant mine de bouder. En vain, il est déjà en train d'ouvrir mes valises sur le long bureau que nous partageons sans me prêter la moindre attention. J'ai un peu honte là... Je suis partit en catastrophe et mes valises sont un bordel sans nom, bien loin de son modèle d'expo IKEA...
Attends, il vient de glousser là...?
" - Ça va, ça va... Je sais que c'est pas super rangé, pas la peine de te moquer..! "
" - Ça ? dit-il en pointain du doigt l'une de mes valises, l'air amusé, Alors je ne préfère jamais savoir ce qui, pour toi, mérite l'appelation de désordre. "
" - Gneugneugneu... "
Répartie quand tu nous tiens... Absorbée par l'analyse de mon coloc' sous toutes ses coutures je ne me suis pas aperçue qu'il avait métodiquement rangeait chacun de ses livres, l'entièreté de ses vêtements et même mis ses valises dans la remise. Comment a t'il pu faire si vite...?
" - T'étais homme de ménage dans une vie antérieure...? "
" - Mes grands-parents s'absentent souvent. "
" - Oh... Je vois... "
Il a fini d'arranger au mieux qu'il pouvait mes draps froissés et semble parti pour plier mes vêtements et les trier sur le bureau. Il ne s'arrête jamais ?
Heureusement pour moi (Il allait entamait la valise de la honte) on frappe à la porte. Alors que, bien trop confortablement installée dans ses draps qui sentent la Soupline, je n'esquisse même pas un mouvement pour aller ouvrir, il est déjà sur la porte à sourire gentilment à la fille à la porte. Ok, il se téléporte. Non mieux, c'est Sébastion dans Black Butler.
" - Hum... Vass c'est ça ? La surveillante veut te voir. "
Mon compagnon sort de la chambre sans un mot et se dirige vers la chambre de la surveillante, au bout du couloir.
J'espère vraiment que ce n'est rien de grave. Vous pensez que c'est pour... Non, fort peu probable. On ne peut pas réprimander un élève pour ça... Si ? Et si il chamgeait de dortoir ? Ce serait cool pour lui je pense mais il a déjà posé ses affaires. P'is je serai seule... Oui je suis fondamentalement égoïste.
Après quelques minutes à fixer le plafond je finis par me décider, à contre-cœur, à faire bouger l'amas d'os et de sang qui me sert de corps et à finir le travail si bien commencé par Vass.
Je me pose toujours plein de question et je déteste les laisser sans réponse mais, vraisemblablement, je devrais atte dre que la pionne me le rende pour résoudre mes conflits internes.