Deep Space ? Nein !

3 1 0
                                    


Sur Elpis Maculée, une agréable planète perdue aux confins du système solaire de la nébuleuse Scolaris, c'est un jour tout particulier, à saveur intergalactique, qui se dessine. Au jour 730 du Solstice du Vidoré, en l'an 3290 après Jésus-Christ, deux peuples sont sur le point de se rapprocher, scellant un traité de paix et d'échange de technologie : tout un programme, pour ainsi dire un classique ! Emoustillés par la connaissance de l'autre et le désir d'accroître leur influence dans l'univers, les deux peuples ont brûlé les étapes et voilà deux terriens envoyés plein gaz dans l'espace - et sans flatulence.

Mais attendez : que vient faire Jésus-Christ ici ? Si la science a avancé de manière considérable, permettant aux peuples maîtres de l'univers de communiquer avec moult langages artificiels, les mystères ésotériques et religieux n'ont toujours pas été expliqués, de même que les inactivités paranormales. Seul un narrateur omniscient peut accéder à la vérité suprême, que voici :

Jésus-Christ, phénix qui a la corpulence d'un pigeon, une tête de souris notoire et un scaphandre doré comme un staphylocoque, se propulse dans l'espace en projetant des fientes avinées. Il navigue de planète en planète via un système de portail hallucinant et halluciné. Fort de ces petites glissades entre les mondes, le Christ Cosmique n'ignore rien des recoins obscurs de la carte astrale dont il maîtrise les trous noirs : il s'y perd parfois, histoire de préparer ses résurrections. Avant que le laser de Tchekov ne nous percute de plein fouet, continuons cette narration censée raconter le rapprochement de la planète Terre et de Elpis Maculée.

Les Elpisseux - cela ne s'invente pas - attendent avec grande impatience une offrande des Terriens, avec qui ils ont tenté un jumelage aussi risqué que ceux que commettaient autrefois les français avec les allemands, dans leurs petites villes provinciales risibles. Ils ont donc décidé de les inviter sur leur planète, pour éviter de tomber dans un piège. Faut dire qu'ils n'ont pas confiance en cette peuplade qui fait voyager dans l'univers des cimetières de voitures, de bouteilles en plastique ou des fusées remplies de cafard, de frelons asiatiques, voire, comble de l'horreur, de scutigères ! De plus, l'être humain est connu par delà les galaxies pour sa perfidie et son sens de l'absurde.

Il faut dire que leur planète, la Planète Grise, est dans un sale état : entourée de nuages de suie, l'air n'est pas vraiment respirable et les humains n'ont pas de scaphandre comme le Christ, juste des staphylocoques. Ils vivent reclus sous terre comme des taupes et essayent de coloniser l'espace. Hélas, la lune, Vénus et Mars sont déjà surpeuplées : cette espèce intrusive est capable de produire un milliard d'individus en une décennie ! Nul besoin de bon sens, ni d'être paranoïaque, pour deviner qu'ils pourraient éventuellement envisager de coloniser Elpis Maculée, une planète pourvue d'une véritable atmosphère, de ressources naturelles à foison. Son peuple, réputé bon et juste, peu enclin à la guerre, en fait une cible idéale, un peu comme les Européens avec les Indiens d'Amérique au bon vieux temps : vous voyez le topo !

Et puis, la terre est surtout une planète de défaites : nombreux systèmes politiques hétéroclites et défaillants, masses d'incultes, surconsommation, pollution et surtout, cerise sur la gâteau, une attaque d'une flotte de Zoltar après une manœuvre hasardeuse en Savoie pour trouver un Dahu ! Bref, les Elpisseux s'attendent au pire malgré une diplomatie bien rodée, mise à l'épreuve dans un nombre incalculable de conférences Skype Omega. Derrière des émissaires obèses et autres nobles tout aussi adipeux sont planquées des recrues rachitiques, armées d'armes lasers créées à partir de jeux vidéos terriens, qui avaient de l'imagination, avant de tout détruire.

Vous avez sans doute du mal à visualiser à quoi ressemblent les Elpisseux, surtout avec un nom aussi borderline ? Imaginez donc Catwoman sans combinaison en latex, pourvue d'une pilosité abondante à faire frémir le Cousin Itt, et une tête aussi glandiloquante que celle d'E.T en plus duveteuse et l'affaire est dans le sac. Si cela vous excite, je peux vous recommander l'adresse d'un bon psy : voir en commentaire. Mais reprenons les rennes de la narration.

Bradbury's BabiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant