Chapitre 4

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3h56. C'est l'heure à laquelle Martin allume son téléphone, incapable de dormir plus longtemps. Cela fait un bon moment déjà qu'il ne cesse de se retourner dans son lit, à se torturer l'esprit sur des sujets qu'il ne saurait définir. Il désactive le mode avion et traine sur les réseaux sociaux pour passer le temps. Mais celui-ci semble s'étirer indéfiniment. Il se lève et va prendre un verre d'eau aux alentours des cinq heures du matin puis finit par se rendormir vers 5h45, soit vingt minutes avant son réveil. Et ce dernier fut terriblement difficile. Il n'entendit pas la première sonnerie. C'est à 6h50 que ses yeux daignent enfin s'ouvrir. Horrifié par l'heure qu'indique son téléphone, il s'extirpe vivement du lit malgré la fatigue courbaturant son corps. Il fait couler du café pour se réveiller puis reprend une douche. Quitte à être en retard, autant l'être à fond. Son reflet dans le miroir traduit parfaitement la nuit peu reposante qu'il vient de passer : il arbore un teint gris et des cernes évidents entourent ses petits yeux. A la sortie de la douche il envoie un message à Laurent :

Message à Laurent Bon : Je serai en retard ce matin, petit contre-temps, désolé

Il englouti rapidement son café et prit deux trois affaires au hasard avant de s'engouffrer dans les rues moroses de Paris. Il choisit le métro aujourd'hui, en raison de son manque de patience pour attendre le taxi. Il dût lutter durement pour ne pas se rendormir dans les transports.

Arrivé aux locaux avec 1h10 de retard, il dévale les couloirs en courant pour rejoindre l'open-space dans lequel se trouve tout ses collègues.

-Ça va Martin ? s'inquiète Etienne en raison de son état

-Oui, panne de réveil c'est tout.

Il salut également Paul Larouturou qui s'est bien remis de sa grippe. Paul le remercie de l'avoir remplacé hier. C'est comme ça à Quotidien, tout le monde s'entraide et chacun apporte sa pierre à l'édifice, ce qui constitue l'intégrale singularité et familiarité de cette équipe. Aujourd'hui Martin va pouvoir se reconcentrer sur ses reportages pour la Birmanie. Il rejoint donc le bureau de Yann, heureux de le retrouver.

-Oula, la nuit a été courte pour toi ! se moque Yann, plein de sous-entendus.

-Arrête Yann, elle rentrée voir sa mère, encore.

-Alors tu m'explique cette tête ?

-J'ai pas réussi à dormir.

-Ah, ça arrive tu sais. Tu as toujours des jours de repos hein !

-Je sais Yann, soupir Martin, attendri par le comportement de son patron.

Chloé lui manque terriblement, réalise-t-il devant son écran d'ordinateur. L'envie de lui raconter sa soirée d'hier soir le démange à chaque instant. Les yeux rivés sur son travail, il ne parvient pas à se concentrer. Il pense à autre chose. Yann le sort de ses pensées de temps à autre lorsqu'il est au téléphone, qu'il râle tout seul devant des mails ou que quelqu'un d'autre de l'équipe se rend au bureau. En l'occurrence, c'est Valentine qui fait son apparition dans la pièce. Martin et elle échangent une bise chaleureuse et le jeune homme en profite pour sortir fumer sur le parking, à côté des poubelles. Il extirpe son paquet de Kent de sa poche et allume sa cigarette. Il n'avait pas fumé depuis hier matin, et ça lui avait manqué. Chloé lui dit qu'il fume trop. Elle a sans doute raison. Yann aimerait pouvoir dire pareil mais il fume tout autant voire plus que lui. Il s'adosse contre la mur en béton glacé des studios de Bangumi et regarde le vide. Il est troublé. Troublé, est le mot exact. Mais de quoi ? Martin le sait, au plus profond de ses entrailles, c'est cette soirée passée en compagnie de Yann et Louise. Mais il refuse de se l'avouer. Pourquoi ? Il décide d'appeler Chloé, espérant que celle-ci réponde. C'est au bout de trois sonneries que la voix de la jeune femme résonne dans le micro de Martin.

Aisetru-BartheillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant