Les trois semaines suivantes passèrent ainsi : Yann venait tenir compagnie à Martin tout les matins jusqu'aux répétitions de l'émission. L'état du reporter avait empiré : il était tombé en dépression. Et cette idée était pour Yann, insuportable. Bien sûr, le patron avait annulé son voyage pour Quotidien, le brun ne pouvait pas travailler dans cet état. Le poivre et sel venait chez Martin et travaillait chez lui. Il avait expliqué la sitation à Laurent et le reste de l'équipe fut compréhensif. Chloé était passée quelques fois voir martin, mais elle était très occupée par ses reportages. Heureusement que Quotidien va bientôt embaucher un deuxième journaliste politique pour lui prêter main forte. Donc Yann se rendait à 7h00 chez son reporter. Tantôt Martin dormait, tantôt il regardait la télé en étant un peu absent, tantôt il restait sur le canapé sans prononcer le moindre mot. Il n'allait plus sur les réseaux sociaux, ni sur son téléphone en général non plus. Louise lui avait renvoyé quelques messages implorant son pardon, qu'il ignora. Elle lâcha donc l'affaire. Il ne mangeait plus : sont teint était devenu gris, ses cernes marquaient le dessous de ses yeux et il avait perdu beaucoup de poids. Yann tente souvent le faire manger, il était arrivé chez le brun en ayant fait quelques courses :
-Bon Martin je t'ai acheté deux trois trucs, dit-il en sortant les items de son cabac, du chocolat, du raisin sans pépins et bien sûr des pâtes.
Il essaya de lui faire manger des pâtes. Mais Martin se contentait de regarder son assiette en chien de faïence. Yann a donc tenté d'user de son autorité patronale, mais en vain, il dut le forcer en lui donnant la bécquée.
Ses sentiments pour son employé s'étaient confirmés. Il avait aimé d'autres hommes avant lui, mais Martin, c'était tellement différent. C'était une passion sans relâche : il occupait chacune de ses pensées, nuit et jour, il ne pouvait pas passer une journée loin de lui, il souriait bêtement en voyant ne serait-ce qu'une photo de sa main. Et il était terriblement rongé par l'état de son petit protégé. Il ferait tout pour lui. Mais d'un autre côté, il est rongé par le doute : il ne peut pas être amoureux de Martin, il est jeune et surtout, c'est son employé. Il ne peut pas l'aimer, mais il ne peut pas non plus contrôler ses sentiments à son égard.
Martin quant à lui redécouvrait l'amour. Et ça le rendait encore plus mal. Lui et Yann, c'était simplement impossible. Il avait du mal à se l'avouer, il est amoureux d'un homme et qui plus est, est son patron. Il culpabilise de monopoliser Yann chez lui tous les jours. Mais ce dernier dit que ça ne le dérange pas et que c'est normal. Il lui demande toujours s'il veut qu'il revienne le soir après l'émission mais Martin refuse à chaque fois, à contre-cœur bien sûr. Il ne dormait plus la nuit. Il n'y parvenait pas. Ses heures de sommeil ne s'effectuaient qu'aux côtés de Yann, avec son odeur et sa présence pour le bercer. Son regard se perdait souvent sur son patron. C'était son plaisir coupable. Il aimait observer son patron de profil, assis en tailleur sur son lit, l'air concentré derrière son écran d'ordinateur alors que lui, est supposé dormir. Bien sûr que Martin aimerait s'abandonner dans les bras de son patron, il a tant besoin de lui. Mais il ne peut pas. Il n'est pas aimé et il ne peut pas l'aimer. Et ça le consumme lentement.
Aujourd'hui, Yann et Martin sont installés dans le canapé du reporter. Martin, une couverture sur les genoux, regardait les informations. Yann lui, triait ses mails en râlant :
-Mais merde ! j'en ai marre de ces désistements de dernières minute ! je remplis comment l'émission moi ?!
Martin ne répond rien. Mais il compatit, et Yann le sait.
-Pfff, souffle Martin d'une voix faible, j'en ai marre des infos, c'est tellement anxiogène, ajoute-t-il en éteignant la télévision.
A côté de lui Yann brandit son téléphone et quelques instants après, le tend à Martin.
-Tiens, des films pour enfant, ça relaxe.
-C'est quoi ?
-Casimir, je regardais ça quand j'étais petit.
-Mais moi je regardais pas ça, je suis pas un fossile papy.
-Le fossile il t'emmerde ! tu regardais quoi toi ?
-Zoboomafoo.
Au moins il aura réussi à dessiner un sourire sur les lèvres du reporter. Il remuerait ciel et Terre pour le voir plus souvent.
Puis le silence refait surface dans la pièce. Yann retourne à ses relances et Martin ne fait rien, il songe. Il songe trop puisque les larmes viennent prendre place sur ses joues de façon soudaine et inexplicable. Cette scène boulversa son patron : Yann se rendit compte à cet instant précis que Martin était infiniment triste de l'intérieur. La peine avait prit possession de son corps et refusait de le lâcher. Il ne savait plus quoi faire face aux sanglots incessants du brun, il voulait pleurer avec lui. Mais il devait se montrer fort, pour son Martin. Il ouvre la bouche mais aucun mot n'en sort. Alors il pose sa main sur la sienne. Il avait tant rêvé de ce contact, seulement dans des conditions différentes. Il caresse de son pouce le dos de la main du reporter avec douceur. Le geste de Yann provoqua chez Martin une vague de frisson et de tendresse jusque dans sa colonne vertébrale. C'était une sensation nouvelle, qu'il découvrait totalement. Ca l'apaise. Et Yann s'en rendit compte, ce qui l'encouragea à continer. Les yeux à moitié clos rivés sur la télévision éteinte, la respiration de Martin se calme. Lentement, sa tête vient se poser sur l'épaule de son patron. Il ne devrait pas faire, il le sait. Mais il n'a plus la force de lutter. Yann fût surpris par le contact et se crispa, puis fini par s'habituer à l'agréable chaleur du reporter. Il était si bien. Il poursuivit ses caresse sur la main de Martin et se dernier s'endormit dans les minutes qui suivirent, rassuré par la douceur du poivre et sel.
Yann ne sait pas comment agir. Il sait pertinemment qu'il devrait dégager ses mains des siennes mais il n'en avait aucune envie. Il n'ose pas trop bouger de peur de le réveiller, même s'il aurait voulu une fois de plus admirer son délicieux visage, malgré la fatigue. Parce que oui, quand Martin dormait à ses côtés et que lui était sensé travailler, il aimait observer son reporter. Il aimerait pouvoir s'en empêcher, mais la tentation est beaucoup trop forte. Il resta donc dans la même position durant une demi heure, jusqu'à ce qu'il sente Martin remuer à ses côté. Il retire alors ses mains des siennes, ce qui finit de le réveiller. A ce geste, Martin ressentit une vague de froid, un vide instable.
Il est réveillé, mais n'a aucune envie de se décoller de Yann. Il le fit à contre-cœur : ce dernier avait bien remarqué qu'il avait finit de dormir. Il relève péniblement la tête en se frottant les yeux.
-Excuse-moi je... j'aurais pas dû
-Il n'y a aucun souci Martin, rassure son patron.
Le brun était étonné par le comportement de Yann qui est d'ordinaire très peu tactile. Martin l'ignorait, mais Yann, en cet instant précis, le trouvait adorable. Et ça le tuait de mesurer l'ampleur de son malheur. Le reporter aurait tellement voulu retourner dans les bras de son patron, et inversement. Mais Yann retourne à son ordinateur et Martin rallume la télé pour oublier que son cœur va mal.
Aux alentours de 15 heures de l'après midi, Yann se lève du canapé pour rejoindre Bangumi. Tandis qu'il range ses affaires dans sa sacoche, Martin le regarde faire sans bouger, la déception au creux du ventre. Une fois prêt à partir, le poivre et sel adresse un sourire affectueux à son employé :
-J'y vais, n'oublie pas que si tu as faim tu as de quoi manger hein, tente pour la énième Yann, même s'il sait que c'est peine perdue.
Face à l'absence de réponse du reporter, il poursuit ses habituelles questions :
-Je suppose que si je te propose de revenir ce soir tu vas encore me dire non ?
Combien Martin aimerait lui dire oui chaque jour ? Mais chaque jour il se contente de secouer la tête de gauche à droite, comme aujourd'hui.
-Prend soin de toi Martin, je t'en prie, dit Yann d'une voix suplicière avant de se tourner vers la sortie.
-Yann ?
Ce dernier fût surpris que son reporter l'interpelle, il se retourne donc :
-Merci d'être là pour moi.
Yann sourit nerveusement, son cœur allait définitivement exploser.
-Je t'embrasse, à demain.
-A demain.
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Aisetru-Bartheill
FanfictionAisetru est un Bartheill 100% fluff. Je sortirai deux chapitres par semaine : un le dimanche et un autre le mercredi. "Et pour ce qui est de mes bras, deux nuits, ça peut paraître beaucoup, mais c'est rien comparé à toutes les nuits qu'il te reste à...