Chapitre 8

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Le temps une fois de plus a porté ses fruits. Après sa discussion avec Chloé, Martin a repris un peu de confiance. Le lundi, Yann était venu, et Martin avait tenté de voir les choses comme son amie au sujet de l'amour. Maintenant quand il regardait Yann, il ne voyait plus ce plaisir coupable où encore cette barrière destructrice entre eux deux. Il voyait un certain bohneur, un réconfort, une passion. Il aimait tant l'observer lorsqu'il était concentré sur son travail, ses lunettes sur le bout de nez, ses cheveux en bataille et son éternel sweat gris trop large pour lui. Martin réalisait qu'il le trouvait si beau. Il était bien à ses côtés. Quand Yann devait repartir, Martin profitait au maximum de son odeur et de la chaleur qu'il avait laissé dans la pièce.

Il oubliait peu à peu sa tristesse d'antan, il oubliait Louise. Il acceptait d'aimer Yann.

Il l'acceptait, et ce chaque jour un peu plus. Tellement qu'il finit par remanger, par refaire des blagues, par rire de nouveau, par reprendre des couleurs. Enfin, par aller mieux au bout de deux semaines. Yann voyait son reporter s'arranger de jour en jour, il en était si heureux. Martin était définitivement devenu le centre de ses interêts, occupations, pensées. Il l'aimait beaucoup trop c'était certain.

Yann et Martin était installé une fois de plus dans le canapé, les épaules collées. Yann lui racontait sa journée de la vielle puis Martin prit la parole :

-Yann ?

-Mh ?

-Tu sais on a annulé mon voyage en Birmanie, j'aimerais le faire maintenant, je me sens capable.

Yann ne fût qu'à moitié surpris par la demande de son reporter. Il fait un quart de tour sur le canapé pour se mettre face à lui.

-Si tu veux Martin. C'est vrai que tu vas mieux. Beaucoup mieux même, ajoute-t-il avec un sourire. Je vais en parler à Laurent cet après-midi. Mais une semaine en Birmanie c'est long pour une reprise tu sais ?

-Oui je sais mais je me sens capable Yann.

-D'accord Martin... je suis soulagé tu sais... que tu ailles mieux, avoue-t-il d'une voix douce qui fit fondre Martin.

-Oui... Merci d'avoir été là pour moi.

***

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@martinweill : Naypyidaw I'm coming ;) ! @paulbouffard

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@martinweill : Naypyidaw I'm coming ;) ! @paulbouffard

@paulbouffard : je m'en frotte les mains !

@chloédq : trop contente mon Tinmar <3

@martinwlove : enfin ! on t'aime !!!

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Martin était content d'être à nouveau sur le terrain avec son ami Paul. Même s'il était conscient que ça allait être difficle, ça faisait longtemps, il avait des reportages à faire assez compliqués, assez dûrs moralement. Et le plus dûr, c'est d'être loin de Yann, lui qui est devenu dépendant de sa présence. Il s'installe dans l'avion aux côtés de son JRI qui ne lui laissa aucun répit avant de le sonder :

-Bon mec tu vas me dire ce qu'il t'es arrivé ?

-Hein ? s'étonne Martin même s'il savait très bien de quoi il parlait.

-Bah je sais pas on t'as pas vu pendant 2 mois ? Yann nous a juste dit que tu étais pas bien.

-Et bien c'est ça, je n'étais pas bien.

Voyant que son ami ne se prononcerait guère plus sur le sujet, Paul n'insista pas plus et ils parlèrent d'autre chose.

***

En effet, Martin avait vu juste. Après cinq jours, les reportages sont toujours aussi difficiles et boulversants : les traversées nocturnes et risquées des Birmans sont les pires. Paul et lui en parlent souvent ensembles pour relativiser, ça leur fait du bien. Paul et lui sont assez proches, ils travaillent toujours tout les deux et sur de longues durées alors forcément, ça crée des liens. Mais quand le soir, il se retrouve seul face à ses pensées, la misère des gens qu'il rencontre et son impuissance face à eux le paralyse. Il finit toujours par allumer son téléphone en plein milieu de la nuit. Il affiche 4h06 ici, en France il est donc 22h36. Chloé se couche tôt, il lui envoie un message quand même, il a besoin de parler. Mais celle-ci ne répond pas. Il éteint donc son téléphone et observe son reflet dans l'écran. Même s'il avait reprit du poids et des couleurs, ses joues étaient encore un peu creusées et ces cernes un peu marquées. Il sursauta losqu'il sentit son téléphone vibrer dans sa main. Alors qu'il s'attendait à recevoir un message de sa meilleure amie, il fût très agréablement suppris de voir que c'était un SMS de son patron :

Message de Yannick : Hey, tu vas bien ?

Message à Yannick : Tu sais qu'il est 4h du mat' ici ?

Message de Yannick : Ah oui c'est vrai, désolé. Ceci dit vu la rapidité avec laquelle tu m'as répondu, tu dormais pas, tu vas bien ?

Message à Yannick : Ca va... un peu de mal à trouver le sommeil mais ça va. Et toi ?

Message de Yannick : Oui ça va. Je m'inquiète beaucoup pour toi tu sais

Message à Yannick : mais tu t'inquiète toujours 10x trop Yann ! Ne t'en fais pas pour moi, et avant que tu me le dises, oui je prendrais soin de moi ;)

Message de Yannick : D'accord, n'hésites pas si tu veux parler je suis là, dors bien Martin.

Message à Yannick : Toi aussi dors bien, et pas trop tard !

Martin était un peu déçu que l'échange se termine si vite mais il était terriblement touché l'attention de son patron. Yann de son côté mourrait d'envie de revoir son reporter, s'assurer qu'il aille bien. Laurent lui reproche d'en faire trop pour Martin, mais Yann n'y peut définitivement rien. Il l'aime. Il chérissait les duplex avec lui, ça lui avait manqué. C'était un bonheur immense pour lui de revoir Martin dans ce qui l'épanouissait : le terrain.

Le lendemain il devait être en duplex à 18h10, heure française. C'est donc aux alentours de 23h00 que Paul et lui se posent devant des camps de réfugiés dans la nuit.

-C'est bon t'es prêt ? lui lance Paul tandis que Martin mettait son oreillette, ok alors t'es en duplex dans 3, 2, 1 go !

La voix de Yann résonne alors dans son oreille. Le meilleur remède qu'il puisse exister, se dit Martin.

-Salut Martin tu m'entends ?!

-Oui salut Yann !

-Pas trop froid ?

-Non à peine !

-Alors explique nous, hier tu étais on l'a vu avec des réfugiés de Myanmar, as-tu eu des nouvelles ?

Lorsque le reporter parle ou que le magnéto est diffusé sur les écrans, Yann l'observe avec attention. Il analyse chacun de ses traits pour s'assurer que ce dernier aille bien. Il était un peu cerné, mais à chaque fois qu'il part un moment en reportage, c'est pareil.

Quand le reporter revient sur l'écran du duplex, Yann ne veut pas le laisser. Mais il se console en se disant qu'il revient demain soir et qu'il le verrait donc vendredi.

-Martin, Paul, vous rentrez demain soir, on vous retrouve bientôt, prenez soin de vous !

-Oui on retrouve le sol Français très bientôt ! A plus Yann !

-Je t'embrasse Martin.

Fin du duplex. Plus de Martin sur le grand écran, plus de voix de Yann dans la petite oreillette. Ils se manquaient tellement.

Aisetru-BartheillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant