Chapitre 1

9K 290 20
                                    

Mon front vint se poser sur la vitre froide tandis que je regardais les gouttes de pluie s'écraser une a une sur celle-ci. Je fermai les yeux et me laissai bercer par la voix du présentateur de cette radio que ma mère aimait tant. La voix se faisait de plus en plus lointaine, jusqu'à ce qu'elle me paraisse devenir un chuchotement au creux de mon oreille lorsqu'une mélodie me réveilla précipitamment. J'ouvris les yeux et me redressai aussitôt. Je tendis mon bras vers la radio et fit tourner le bouton du volume entre mes doigts. Cette chanson était plutôt triste mais j'adorais la chanter. J'avais bien dû l'écouter une bonne centaine de fois et pourtant les premières notes du chanteur me donnaient toujours autant les frissons, elle était touchante et profonde, le genre de chanson qui vous prend aux tripes. Et comme à mon habitude, je me mis à chanter avec lui arrachant un sourire d'amusement à ma mère.

- My mother said I'm too romantic, she said, "You're dancing in the movies". I almost started to believe her, then I saw you and I knew...

Je ne chantais pas particulièrement bien ce qui fit rire ma mère. Mais je m'en fichais, j'aimais cette chanson et ce n'est pas quelques fausses notes qui allaient m'arrêter. Je bougeais mes bras dans tous les sens, prenant l'attitude d'un chanteur à fond dans sa musique et a mère vint rapidement joindre sa voix à la mienne tapant son doigt sur le volant au rythme de la musique. On se retrouva à chanter ensemble, ou plutôt à détruire la chanson ensemble, se lançant des regards complices. Et tandis que je dansais sur mon siège, bougeant mes bras dans tous les sens, ma mère, elle, avait attrapé une bouteille de déodorant qui traînait et s'en était fait un micro. La scène en était ridicule vue de l'extérieur, deux filles qui démolissaient une chanson de leurs voix, l'une dansant, se croyant dans un clip américain et l'autre tenant le volant d'une main, une bouteille de déodorant dans l'autre.

- Fire on fire would normally kill us, with this much desire, together, we're winners. They say that we're out of control and some say we're sinners but don't let them ruin our beautiful rhythms. 'Cause when you unfold me and tell me you love me and look in my eyes...

On ne voyait plus grand-chose dehors. La nuit était tombée et la route était de plus en plus sinueuse. Les éclairages se faisaient de plus en plus rares et bientôt les phares de la voiture furent la seule lumière nous permettant de voir la route. Je sentais la voiture ralentir au fur et à mesure que le chemin rétrécissait. Je commençais vraiment à me poser des questions sur notre destination. Je détestais les surprises, ma mère le savait et pourtant elle avait décidé de ne rien me dire. Je décidai que je ne pouvais plus rester sans réponse lorsque je vis la voiture s'engager sur une route boueuse à peine tracée. Elle ne m'emmenait quand même pas dans camping ou au beau milieu de la campagne?! Je baissai légèrement le volume et la regardai, essayant de cacher mon inquiétude.

- Est-ce que tu peux me dire où on va maintenant?, lui demandais-je.

Elle tourna la tête et me regarda avec un petit sourire mesquin au bord des lèvres. Elle n'allait rien me dire je l'avais bien compris. Je lui retournai un regard suppliant mais rien à faire, cela l'amusait plus qu'autre chose.

- S'il te plaît! J'ai besoin de savoir! Ça fait déjà plus de trois heures qu'on roule, quand est ce que je vais enfin savoir où tu comptes m'emmener?

- Quand nous serons arrivées, me répondit-elle, élargissant son sourire comme pour me narguer.

- Mais..., commençais-je.

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase. Un camion sorti de nul part, percutant violemment notre voiture. Je fermai aussitôt les yeux tandis que la voiture bougeait dans tous les sens. Tout allait tellement vite, je n'avais même pas le temps de comprendre dans quel sens était la voiture, où j'étais ou même comment je m'étais retrouvée dans cette situation. Ma tête vint violemment percuter la vitre de ma portière brisant celle-ci au passage avant que l'airbag ne se gonfle. Je ressenti une vive douleur à la tête lorsque la voiture se stabilisa enfin. J'ouvris douloureusement les yeux et regardai autour de moi. Ma tête était coincée par l'airbag, je ne voyais rien autour de moi. Je frappai de toute mes forces dessus et il se dégonfla peu à peu libérant mon champ de vision. J'étais tellement sonnée que je mis du temps à comprendre que la voiture s'était retournée. Je me tournai vers ma mère et l'appelai plusieurs fois mais elle gardait les yeux fermés.

Brisée...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant