Épisode 2 ~ Quand je marche... #1

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Marchant le plus rapidement possible, Fatima resserra les pans de son manteau en grelottant. Ça faisait un bon moment que tous les boutons en étaient partis, mais la couture n'était pas vraiment son fort. D'ailleurs, qui savait encore coudre en 2027 ? Une tenue était abîmée ? Il suffisait d'en acheter une autre. La jeune femme tenta de se rappeler la dernière fois qu'elle avait fait du shopping... C'était avant le coup d'État, avant que le Parti pour l'Unification Française Patriarcale (ou PUFP pour les intimes) n'interdise certains habits jugés ''trop impudiques'' selon les critères de la nouvelle foi christo-nazie. Depuis quand un jean était impudique ?! Avec un soupir agacé, elle baissa les yeux vers le sien. C'était sûrement l'un des derniers de tout le pays... Et il était déjà usé jusqu'à la corde et laissait filtrer le froid de cette nuit d'hiver. L'ancienne militaire se frotta les mains l'une contre l'autre en soufflant dessus pour les réchauffer. La buée opaque qui sortit de sa bouche ne laissait aucun doute sur le froid qui régnait cette nuit-là.

Fatima sursauta quand elle sentit qu'on lui posait un bonnet sur la tête.

« Tu vas tomber malade si tu me passes tous tes vêtements chaque fois que je claque des dents, lança-t-elle à son frère en se retournant vers lui, les mains sur les hanches d'un air sévère.

— C'est bon, j'avais trop chaud », affirma Mohammed.

Sa grande sœur haussa les sourcils, sceptique : trop chaud ? En plein mois de décembre, au milieu de la nuit, avec des habits usés, avec tout ce vent ? Oui, tout à fait...

« Il ne faut pas que tu tombes malade ! Tu sais très bien que les médicaments sont ra... »

Un bruit suspect étouffa ses protestations. Elle ne sursauta pas, elle était habituée à la tension, mais ce n'était pas le cas de Mohammed. Inquiet du soudain silence de sa sœur, il observait également les alentours avec l'œil apeuré d'une proie aux aguets.

Attrapant son frère par le bras, elle le poussa vers une ruelle moins exposée à la lumière de la lune, puis elle scruta les alentours, l'oreille tendue. Il n'y avait plus rien. Simplement le vent qui balayait la nuit de son haleine glacée. Fatima se rendit compte qu'elle ne respirait plus quand elle réalisa qu'elle n'entendait pas le bruit de son propre souffle. Elle inspira profondément, et sonda les ombres inquiétantes formées par les rares lampadaires encore fonctionnels. Il n'y avait rien de douteux. Tellement ''rien'' que ça en devenait suspect. Ils devaient bouger. Vite.

« Viens, ne restons pas là ! »

Merry Christmas, MaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant