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– Merde !

Robin jeta un autre coup d'œil au réveil posé sur sa table de chevet.

– Merde !, jura-t-elle à nouveau.

Elle se battit avec le fermoir de sa boucle d'oreille en scannant le sol de sa chambre du regard, à la recherche de ses chaussures. Où les avait-elle mises ? Elle était sûre de les avoir préparées la veille pour ne pas avoir à les chercher. Impossible de les trouver, et pourtant, elle se souvenait parfaitement s'être dit « Au moins, je sais où elles sont ! ».

Elle décida de ne pas chercher plus longtemps – les choses avaient le don d'apparaître quand on n'y pensait plus – et vida son sac à main sur son lit. Elle attrapa sa minuscule pochette à bandoulière et jaugea le contenu de son sac répandu sur le couvre-lit. Elle aimait être parée à toute éventualité, et réduire la quantité de trucs et bidules à emporter avec elle était difficile. Elle était du genre à toujours se promener avec des pansements. Aurait-elle besoin de pansements ce soir ? Non, elle allait dans un restaurant chic avec un homme extrêmement séduisant. Il n'y avait aucun risque qu'elle se blesse – à moins qu'elle ne se cogne contre la mâchoire parfaitement définie de Declan. Robin rit toute seule à cette pensée, avant de voir avec horreur que l'heure tournait. Elle attrapa ses papiers d'identité, son téléphone et sa carte de crédit et mit le tout dans sa pochette.

Elle sortit de sa chambre à la hâte et se rappela subitement de l'endroit où elle avait placé ses chaussures. Elle s'assit sur le canapé et attrapa ses talons fétiches sous la table basse – elle n'avait ainsi qu'à se poser sur le canapé pour les enfiler. Elle ferma la boucle qui fermait ses chaussures et alla jeter un dernier coup d'œil à sa tenue dans le miroir.

Robin avait choisi une robe en dentelle bleu foncé doublée d'un tissu couleur peau, avec de fines bretelles. La robe s'évasait à la taille, le décolleté en V dévoilait juste ce qu'il fallait ; la jeune femme se sentait particulièrement jolie. Elle avait passé bien trop de temps à se boucler les cheveux pour essayer d'obtenir un effet naturel, mais au moins, ça changeait du chignon qu'elle portait tous les jours. Elle vérifia que son rouge à lèvres carmin n'avait pas filé autour de sa bouche – ou pire, qu'elle avait du rouge à lèvres sur les dents comme une grand-mère sénile –, attrapa son manteau et sortit de l'appartement.

– Mes clés !, grommela-t-elle en retournant à l'intérieur.

Elle arracha son trousseau du porte-clé, verrouilla la porte, et se planta devant l'ascenseur.

Elle appuya sur le bouton d'appel au moins dix fois de suite, comme si cela pouvait le faire arriver plus vite – ce qui ne fonctionna pas du tout. Robin trépigna d'impatience, et enfin, les portes s'ouvrirent devant elle. Elle manqua de pousser un cri de surprise en voyant qu'il y avait déjà quelqu'un dans l'ascenseur ; elle vivait à l'avant-dernier étage et n'avait pas l'habitude de croiser du monde, d'habitude. Elle fit un sourire poli au jeune homme – très mignon, à première vue, il fallait l'avouer – qui était appuyé sur la paroi du fond, pria pour qu'il ne soit pas un pervers psychopathe ou un criminel recherché, puis entra dans l'ascenseur.

Il fallait maintenant attendre que l'ascenseur descende les vingt étages. Robin consulta son téléphone. Elle avait déjà dix minutes de retard. Elle n'était jamais en retard. Elle souffla impatiemment.

– En retard ?, demanda l'homme derrière elle.

Robin fit oui de la tête en le regardant, avant de reporter son attention sur les numéros d'étage qui défilaient lentement.

Beaucoup trop lentement, d'ailleurs.

– Rendez-vous galant ?

Robin hocha la tête à nouveau, sans quitter l'écran des yeux. Niveau dix-sept. C'était long, même pour ce vieil ascenseur. Elle soupira, regarda l'heure, tapa du pied.

Elevator Love Letter {Terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant