Un mois par an.

1K 96 84
                                    



Août2015


Paris,gare de Lyon...



Comme chaque année depuis presque quinze ans, Antoine embarque dans le même train, direction le Sud. Il attend ce moment avec tellement d'impatience qu'aujourd'hui encore à vingt-trois ans, la veille de son départ, il n'en trouvait toujours pas le sommeil.

Son oncle Richard lui a téléphoné le matin même pour qu'il lui confirme son heure d'arrivée en gare de Montélimar. Dans un rituel devenu immuable, il l'attendrait sur le quai, un livre à la main, son chapeau de paille enfoncé sur son crâne tant pour se cacher du soleil que des gens.

Depuis la mort de sa femme, Richard vit quasi en reclus dans sa ferme. Il n'a plus guère de contact qu'avec ses voisins les plus proches dont son plus vieil ami, Marcellus.

Marcellus dont le fils aîné, Jeannot, est devenu celui d'Antoine. Il est la raison de la fébrilité de ce dernier....Il appréhende autant qu'il meurt d'envie de le retrouver, son amour de vacances...


Depuis sept ans maintenant, trente-et-un jours par an, ils s'aiment,abandonnant leur amant ou maîtresse du moment pour juste se retrouver rien qu'à deux, libres de toutes entraves... Pas une seule fois, ils ne se sont manqués.

Seulement cette année, tout est bien différent...Antoine vient passer ses dernières vacances chez son oncle, ce dernier va déménager chez sa sœur aînée, près de Nice. Seul, il ne peut plus assumer les travaux de la ferme et n'a pas les moyens d'engager quelqu'un pour l'épauler. C'est le cœur lourd qu'il s'est décidé à vendre.

C'est aussi le début d'une nouvelle aventure pour Antoine. Il a fini ses études et s'est vu offrir un emploi d'infographiste dans l'agence de publicité dans laquelle il avait fait ses stages. Il débutera en septembre en contrat CDI, il n'arrive pas à s'en réjouir totalement.

Les vacances étaient là et l'échéance qui en découlait, y faisait écho.


Il vient de passer quinze jours chez son père près de Rouen et ensuite quinze autres chez sa mère à Paris. Il se sent un peu comme un étranger tant chez l'un que chez l'autre. Son père vit avec une femme qui pourrait être sa sœur et sa mère s'est remariée avec un homme qui avait déjà deux gamines d'une première union. Antoine les aime bien mais faire copain/copine avec l'une et devoir se farcir les deux adolescentes qui passaient comme chaque année leur mois de juillet en vacances chez leur père, ça le gavait.

Il aurait aimé avoir ses parents pour lui seul ne fusse que ces quelques jours par an, hormis les fêtes traditionnelles.

Antoine était le résultat de leur amour bohème mais étonnamment sincère même si la fidélité ne fut jamais un leitmotiv chez ses géniteurs. Il ne pouvait s'empêcher à chaque fois qu'il voyait son père de se dire, soulagé, que la ressemblance physique avec celui-ci était frappante...

Sa mère avait eu beau lui dire qu'il était le fruit de leur amour,entre Bernard, Jérôme et Sylvain qui avaient squatté la maison familiale pendant une même période -soit le temps possible de sa conception-, il avait de quoi entretenir des doutes.

Avec l'âge,sa mère s'assagit et ce fut alors au tour de son père de prendre sa libido à contre-courant.

Après quatorze ans de vie presque commune, ses parents avaient fini par se séparer. Ils n'avaient plus rien à partager, pas même leur statut de cocus.

Un mois par an.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant