Chapitre 9

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- J'ai intégré l'armé quand j'avais 16 ans. J'ai fait ce choix parce que déjà, je me sentais seule et inutile depuis que Maude et Anto soient partis. Et c'est aussi par rapport à un évènement qui s'est passé... Je... J'avais besoin de me sentir utile et je voulais, c'était presque comme un besoin vitale pour moi. Donc, j'ai commencé à faire des sports de combat. J'ai commencé à faire de la boxe, du jiu-jitsu et de l'aïkido. Au départ, c'était à un niveau de loisir mais après j'ai intensifié. C'est après, au cours d'une présentation de l'armée que j'ai commencé à désirer d'en faire partie. J'ai dû convaincre mes parents de signer une dérogation. Après plusieurs semaines de discussion, ils ont accepté, comprenant mon désir d'en faire partie pour notamment protéger les autres. C'est à partir de là que j'ai intégré un centre. Voilà.

Je lève la tête et vois le psy noter des trucs sur sa feuille. Je lève les yeux aux ciels et attends. Encore.

- Tu as parlé d'un évènement qui a aussi déclenché ton désir de faire partie. Tu peux m'en dire plus ?

Je regarde ailleurs. Je ne veux pas en parler. Je ne veux en parler à personne... Je souffle et le regarde dans les yeux en espérant avoir un regard impassible avant de dire :

- Cela ne vous regarde en rien.

Je me lève et sors. J'avais oublié mais tout revient d'un coup... Je remonte dans ma chambre en me dépêchant. Je ne veux croiser personne... Je m'enferme dans ma chambre et me laisse tomber le long du mur. Je sens des larmes couler... Je reste là. Tout le reste de l'après-midi. Sans bouger. J'entends toquer. Je ne réponds pas. Je suis prête à parier que c'est Antoine qui s'inquiète. C'est vrai qu'à sa place, je ne serais probablement pas mieux. Je l'entends à travers la porte. Il m'appelle espérant une réponse.

- Coralie ? S'il te plaît tu peux m'ouvrir ? Je voudrais te parler...

Rien. Je ne veux pas parler. Je ne veux voir personne non plus.

- Coralie ? Tout va bien ? S'il te plaît, répond moi...

Je veux être seule. Je suis déjà dans le noir et la solitude. Ne peut-il pas m'y laisser ?

- Coralie ! Ouvre-moi ou répond-moi au moins ! J'ai besoin de savoir que tu vas bien ?

J'ouvre la bouche pour lui répondre mais rien ne sort. Comme cette fois-là. Pourquoi tout revient à « ça » ?

- CORALIE ! Si tu n'ouvres pas je te promets de défoncer cette porte ! Je te laisse 10 secondes !

Il compte. Il fait comme eux. Je ne veux pas. Pourquoi ? Je n'ai rien fait de mal, si ? J'ai besoin de réponse ! Mon corps ne répond pas. Je ne suis plus qu'un pantin... Pourquoi vouloir savoir pourquoi j'ai rejoint l'armée ? A quoi va servir cette information ? Hein ! Un bruit me fait sursauter. Première réaction de mon corps... Je regarde et vois Antonio. Mais comment ? Mon regard se pose sur la porte défoncée. Il s'approche de moi d'abord rapidement mais quand il voit que j'ai un mouvement de recul. Il s'arrête et s'approche de moi plus doucement tout en me parlant. Je ne vois pas trop l'utilité mais je le laisse faire. Il me prend dans ses bras et m'emmène dans le lit. Je me laisse faire sans rien dire. Il m'allonge, me couvre et me borde, sans même chercher à comprendre pourquoi je suis dans cet état. Je finis par m'endormir.

Je me réveille dans mon lit. Je me redresse et regarde autour de moi. J'ai mal à la tête. Je me lève et vais dans la salle de bain. Je passe un peu d'eau sur mon visage et me regarde dans le miroir. Je pensais être passé au dessus mais apparemment toujours pas... Je souffle et regarde l'heure. On va bientôt manger. Je me passe un coup de brosse dans les cheveux et vérifie que je sois bien habillé. Je rejoins les joueurs dans la salle de détente. Je n'y vois malheureusement pas mon frère. J'interroge son compagnon de bêtise mais il me dit ne pas l'avoir vu depuis un moment. Intriguée, je décide d'aller voir s'il est dans sa chambre. Mais non, je décide donc d'aller voir au terrain de foot. Et comme je pensais, il s'y trouvait en train de tirer au but. Je vais le rejoindre et demande :

- Pourquoi une telle colère Tonio ?

Il s'arrête et se tourne vers moi. Il s'approche et me demande:

- Ça va mieux ? Que s'est-il passé ?

Je souffle en secouant la tête avec un léger sourire. Il a toujours le don de changer de sujet quand il ne veut pas répondre.

- Oui je vais mieux mais ne pense pas changer de sujet. Pourquoi es-tu tant en colère ?

- Je sais, dit-il en soufflant. Surtout avec toi... Mais tu n'as même pas répondu à toute mes questions.

- C'est quelque chose qui est remonté... Et toi, ta colère est contre qui ?

- Je ne sais pas vraiment... Je pense que c'est le tout. La compétition, le fait que je n'ai pas de nouvelles de Mia, et puis je m'inquiète pour toi.

Je baisse la tête. C'est vrai. Il est entrain de préparer une compétition et moi je suis là, avec mes problèmes. Il veut être présent et se sent responsable de moi donc au final je ne suis qu'un gros problème... J'aurais peut-être dû aller chez Maud...

- Je ne dis pas ça pour que tu te sentes coupable, mi corazon, mais j'ai peur pour toi et pour comment ça va se passer. J'ai peur que tu n'arrives pas à remonter la pente et que tu finisses par abandonner. J'ai peur de ressentir de nouveau ce vide que tu avais laissé quand tu t'es engagée. J'ai peur que tu fasses de nouveau quelque chose que je ne comprends pas du tout...

- Tu veux parler notamment de la raison pour laquelle j'ai décidé de rentrer dans l'armée ?... Pourquoi tout me rattrape aujourd'hui ? On va s'asseoir ? Je vais t'expliquer ce que tu veux savoir...

- D'accord mais ne te force pas. Tu as le droit d'avoir ta vie après tout.

- Tout comme tu as le droit de savoir...

On se dirige vers les gradins. On s'installe au plus haut. La vue est magnifique. Je m'assieds tandis que mon frère m'imite. Je souffle tranquillement avant de me lancer.

- Tu étais déjà partis depuis quelques temps. C'était la période où tu nous contactais rarement. Maud est elle aussi partit pour ses études. Au début ça allait mais petit à petit, votre absence me pesait. Mais jamais je ne l'ai dit car je ne voulais pas vous obliger à venir me voir donc j'ai commencé à me renfermer... Seul Théo me comprenait, même s'il ne le ressentait pas comme moi. Je passais beaucoup de temps avec lui ou alors je faisais encore des devoirs. Un jour, ma meilleure amie, Othilie, m'a convaincu d'aller se faire une sortie shopping un samedi. On y est allé et tout s'est super bien passé. Le soir, au moment de rentrer, j'ai reçu un message de maman, qui devait venir me chercher, me disant qu'elle ne pouvait pas venir parce que Maud avait un problème et qu'elle devait aller chez elle. Je suis donc rentrée seule, parce que papa était parti faire une sortie avec Théo, ils avaient été voir un match de foot. J'étais pas rassurée mais je me suis convaincu que tout irai bien et je suis rentrée. Malheureusement, j'ai du prendre le raccourci car la voie principale était en travaux, et tu sais le raccourci est glauque la nuit. Bref je l'ai pris et dans cette même rue, un homme... m'a... il m'a... touché... je ravale mes larmes et regarde mon frère dans les yeux. Je n'ai rien pu faire. Alors quand j'ai enfin réussi a rentrer, j'ai commencé à me renfermer. Je me sentais sale et vulnérable. A la suite de ça, j'ai commencé a faire beaucoup de sport. Et surtout du sport de combat. Pendant près d'un an, je me suis entraînée comme une malade. Un jour, nous avons eu une intervention sur l'armée. J'ai adoré, je voulais faire comme eux, donc j'ai commencé a me renseigner et j'ai fait les démarches nécessaires pour pouvoir l'intégrer avant ma majorité. Le plus dur a été de convaincre maman et papa. Mais j'ai finalement réussi. Suite à ça, j'ai intégré une école puis j'ai commencé à faire des missions. Je baisse la tête. J'ai tellement honte que je n'ai jamais réussi a en parler avant et pourtant, j'ai passé je ne sais combien d'heures à voir un psy... Je suis désolée...

Je laisse finalement les larmes couler. Même si je pensais pourtant avoir finis de pleurer pour ça. Antoine me prend dans ses bras en me réconfortant. Il pose sa tête sur la mienne et passa sa main dans mon dos. Il me chuchote :

- C'est pas ta faute... mais il a... ?

Je ne dis rien et me contente de hocher de la tête. Je le sens se tendre tandis qu'il me murmurait des paroles rassurantes. On finit par aller rejoindre le groupe pour manger. Ils nous ont d'abord regardé bizarrement mais pourtant mais ils n'ont rien dit et je les en remercie. Je demande des fraises et les mange au chocolat avec une salade composé. C'est super bon. Et je rie intérieurement car ils mangent toujours des plats de l'armée... J'ai franchement de bonnes idées !

Grâce à lui...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant