Ses chaussures claquaient doucement contre la pierre froide du sol. La jeune fille se retournait toutes les secondes de peur d'être suivie.
La nuit avait englobé les couloirs tapissés aux couleurs des différentes maisons, mais l'ambiance était tout autre qu'en journée. Chaque bruissement était amplifié, chaque virage de couloir était une nouvelle cachette pour les ombres et les possibles intrus.
Intrus. Elle en était une. A cette heure-ci. Dans ce secteur-ci. Elle n'était pas sensée y être habituée, à cette petite dalle qui se déboîtait sous son pied, cinquante mètres avant le petit escalier en colimaçon inaperçu, même pour les élèves qui passaient devant des dizaines de fois dans la journée.
Dissimulé derrière une représentation plus vraie que nature de l'Arbre aux Souhaits.
Elle avait remarqué cette tapisserie alors qu'elle se rendait à la bibliothèque, de ce côté-ci du château. Intriguée, elle avait passé l'après-midi à percer son mystère, plongée dans de vieux bouquins d'histoire. Et y avait découvert bien plus.
Un endroit secret. Leur endroit secret.
Un dernier regard derrière elle, la voilà qui soulève la tapisserie pour se retrouver plaquée contre la paroi du petit escalier. Les lèvres de son amant trouvèrent leur place, leur meilleure place, contre le siennes alors que ses mains agrippaient la taille de la jeune fille. La serraient contre lui. L'obligeant à lever la tête pour continuer ce baiser passionné.
Ses mains défirent habillement la chemise de son compagnon alors qu'il commençait à gravir les quelques marches de l'escalier. S'arrêtant à la moitié du trajet, il glissa une main sous la jupe de la jeune fille, s'attardant sur l'une de ses fesses.
-La gifle de ce matin était... elle vraiment... hmmm nécessaire ?
- Je dois garder un...un... minimum de crédibilité auprès... de... mes amis. Et me traiter de sang-de-bourbe était d'une connerie inimaginable. Même venant de ta part.
- Tu avais pourtant cette lueur dans le regard en me frappant.
- Une lueur dans le regard, demande-t-elle en interrompant leur baiser. Et que disait-elle cette lueur, monsieur Je-crois-tout-savoir ?
- Je suis Monsieur Je-Sais-Tout. Elle me demandait de lui faire plaisir. Maintenant. Brutalement. J'aime cette lueur.
- Est-elle là en ce moment ?
-Toujours quand je pose mes mains... ici...
- Qu'attends-tu alors mon cher Malefoy pour la satisfaire ?
- Je suis un homme poli, j'attends que l'on m'invite à entrer.
- Laisse moi rir...
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que le jeune homme reprenait possession de sa bouche, de son corps, de son esprit. De ses volontés. A elle. Elle, si indépendante. Si à cheval sur les règles.
Qu'auraient dis ses amis à la voir à cheval sur son amant, leur ennemi, sur le sol en pierre froide sous les toits du château ? Elle n'osait y penser. Toute focalisée sur le plaisir que lui procuraient leurs séances d'ébats rares. Trop rares.
Les murs épais répercutèrent leurs gémissements étouffés de longues minutes durant, sans avis sur ce qu'il se déroulait en leur sein. Sans jugement. Muets.
Le hurlement du vent vint les sortir de leur état second.
Depuis combien de temps étaient-ils étendus sur le sol, dans les bras l'un de l'autre, ils n'auraient su le dire. La chaleur de leurs corps les enveloppait de la plus belle des manières. Une enveloppe aimante. Douce. Secrète. Interdite.
- Il faut que j'y aille... Mon dortoir n'est pas tout à côté...
- On a potion ensemble tout à l'heure non ?
- Oui... C'est à mon tour de te faire une remarque non ?
- Oui ma belle...
- Que dirais-tu de...
- Tu ne voudrais pas gâcher ma surprise devant l'une de tes remarques cinglantes quand même ?
- Non tu as raison. Bon, j'y vais vraiment.
- Oh Granger ?
- Hm ?
- T'as pas oublié quelque chose ?
Il agitait la culotte de la jeune fille malicieusement à bout de bras. Il lui avait fait le même coup la dernière fois. Et n'avait pas voulu la lui rendre parce qu'elle n'avait pas voulu retomber dans ses bras. Mais l'heure était encore propice aux badinages.
Elle dégrafa son soutien-gorge et le lui jeta nonchalamment au visage. Surpris, il lâcha le sous-vêtement qu'il tenait toujours avant qu'elle ne passe les bras autour de son cou, l'embrassant comme si sa vie en dépendait. Ne pas laisser de trace cependant. L'une de leurs nombreuses, trop nombreuses règles. Elle ne l'écouta pas cette fois-ci, et aspira avidement la peau douce et chaude du cou de son amant. Une légère marque violacée vint contrastée avec la blancheur caractéristique du jeune homme.
Fière de son œuvre, elle reporta son attention sur les lèvres rosées qui lui faisaient face. Sur les muscles qui roulaient alors qu'il lui enlevait à nouveau son chemisier, à peine remis.
Ses mains dans le creux de ses reins la chatouillaient de la plus exquise façon qu'il existe. De petits cercles du pouce, descendant sous l'ourlet de sa jupe. Excitant la jeune femme.
Punissant la jeune femme de s'être montrée trop exubérante quelques secondes plus tôt.
Le souffle chaud de Malefoy descendit le long du cou de sa partenaire, titillant les mamelons rosés et durcis sous le plaisir qu'il lui donnait, martyrisant doucement son nombril de sa langue.
Il sentait qu'elle n'allait plus résister longtemps encore. Il commença les aller-retour du bout du nez au dessus de son centre, encore recouvert de sa jupe. Futile bout de tissu. Foutu bout de tissu.
Elle passa les mains dans ses cheveux ébouriffés, l'incitant à aller au bout de sa pensée. Perverse. Il l'avait perverti la petite Granger. Et bien pervertie. Et il aimait ça. Tellement.
Et il n'était pas prêt d'en avoir fini avec elle.
Ses gémissements se faisaient de plus en plus forts alors que ses mains rampaient le long de ses cuisses. Moites. Il pouvait déjà imaginé ce qui l'attendait. Elle et son plaisir. Humide. Délicieux.
De nouveaux de petits cercles à la jointures des cuisses et du pubis. Elle aimait ça, il le savait.
Elle se pencha en avant, posant la tête sur son épaule, le suppliant d'en finir rapidement.
Son sang à lui brûlait dans ses veines.
Son sang à elle enflammait son corps.
Il malaxait son corps à elle tandis qu'elle mouvait son corps contre le sien.
Le précipice enfin...
Pas celui que la jeune femme imaginait.
Un vrai précipice.
Une falaise abrupte, très abrupte, se finissant plusieurs centaines de mètres plus bas sur des roches jaunies par le soleil.
Soleil qui brûlait son visage lisse et illuminait sa tignasse mordorée. Elle ne comprenait pas.
Elle n'était jamais venu ici. N'avait jamais vu de falaises de sa vie. N'était jamais aller plus loin que les forêts d'Angleterre avec ses parents.
Elle se détourna. Le désert derrière elle. Rien à l'horizon. Pas un souffle de vent. Un silence pesant.
Elle frissonna malgré la chaleur qu'il régnait au bord de la falaise.
Que devait-elle faire ? Marcher, jusqu'à trouver un endroit plus sur, une habitation ? Quelque chose ? Attendre ici ? Mais qu'avait-elle à attendre ?
Cet endroit était désert et personne n'allait se montrer avant... avant qu'elle ne comprenne.
Il y veillait. Il y veillait à chaque fois.
Le vent se leva brutalement au sommet de la falaise, entraînant avec lui les milliards de grains de poussières qui entouraient Hermione. Protégeant ses yeux de ses mains, elle commença à avancer.
Avancer de quel côté ? Le sable lui brûlait les yeux, l'empêchant de voir à plus de quelques mètres...
Où était le gouffre ? Il était si proche tout à l'heure... Paniquée, son cœur s'emballa. Ne pas tourner sur elle-même, elle perdrait le peu d'orientation qu'elle avait encore. Attendre que la tempête passe.
La tempête. Le temps.
Il paraissait si long... Le vent fouettait ses cheveux contre ses joues, le long de son cou, à lui en laisser des grandes traces rouges. Les griffes indirectes du vent. Ses griffes indirectes à lui.
Les secondes et les minutes tourbillonnaient au gré du vent, faiblissant, emportant avec elles les dernières forces de le jeune fille. Elle n'en pouvait plus de lutter contre ce vent, contre ses peurs. Contre elle.
