J’arrivai à la vie scolaire, j’avais passé la porte et me retrouvai devant une secrétaire, seule, qui avait l’air de fermement s’ennuyer. Peut-être qu’elle me serait reconnaissante de l’avoir occupée un instant et me donnerait des informations sans trop poser de questions.
-Bonjour !
-Bonjour, que puis-je pour vous, me répondit une voix molle et endormie
‘’C’est bien parti’’ songeais-je
-Euh et bien…je…reprends toi Eléonore…je suis une camarade d’Elio en classe de première euh…quelle première ? Je ne le savais mêmepas…et il m’a prévenu de son absence d’aujourd’hui et je voudrais savoir si c’était possible d’avoir euh…son adresse pour…lui apporter les cours et les devoirs pour demain…
-Son nom et sa classe s’il te plaît ?
- Sa classe euh…je…
- Il est en première 4 et son nom de famille est Hammer, me coupa une voix
Je me retournai vivement et reconnu le garçon de tout à l’heure, je fronçai les sourcils, que faisait-il encore là et pourquoi avait-il écouté notre conversation ?
Il reprit soudain :
-Oh excusez-moi, dit-il, il se trouve que je suis moi aussi un camarade d’Elio ! Il sourit à la surveillante et s’adressa à moi avec un clin d’œil : On dirait que tu m’as devancé…Éléonore…
Ce gars…connaissait mon prénom ou bien l’avait-il entendu dans le fil de notre conversation ? Impossible, je ne l’avais pas mentionné, il savait bien donc comment je m’appelais.
-Oh très bien, repris la surveillante, et bien mademoiselle, je ne peux personnellement vous donner son adresse mais je vous laisse avec ce monsieur qui a l’air d’en savoir plus que vous, il pourra sans doute vous aider.
-D’accord…bonne...journée.
Je tournai les talons et m’enfuis le plus vite possible, sans jeter un seul regard au garçon.
J’allai me réfugier dans un cabinet WC, je devais calmer les battements dans mon cœur et la tempête dans ma tête étant donné que mon prochain cours était dans 5 minutes. Je songeai aussi que je devais aller m’acheter de quoi boire et de quoi manger car je ne tenais pas à refaire un vertige en classe et à me faire accompagner chez l’infirmière car celle-ci ne manquerait pas de m’examiner. J’ouvris la porte, sorti et me dirigeai vers un distributeur, j’insérai mes pièces et achetai une simple bouteille d’eau et une barre de céréales.
‘’106’’
La sonnerie retenti et j’avalai ma barre de céréales rapidement avant de retourner en cours.
Arrivée dans la salle, la dispute avec Louison me revint en mémoire et je comptais aller m’assoir près d’elle pour que nous puissions en discuter mais elle avait posé son sac sur l’autre chaise, signe qu’elle ne souhaitait pas avoir de voisin de classe. Je soupirai et allait m’installer seule à mon tour à l’autre bout de la classe.
Le cours passait lentement, la vie des seigneurs et des troubadours me lassait fortement et à vrai dire, qu’ils aient été exécutés ou jetés au cachot m’importait peu. J’étais plutôt occupée à faire des petits dessins sur mon cahier.
Quand la sonnerie résonna enfin, je me précipitai pour attendre Louison de l’autre côté de la porte. Quand celle-ci sorti, je m’avançai et l’interpellai :
-Louison
Elle m’ignora et passa son chemin. J’accélérai le pas pour la rattraper et une fois arrivée à sa hauteur je lui saisis le bras pour la faire s’arrêter.
-Bon Louison tu n’as pas bientôt fini ? je ne sais pas quoi dire…improviser. Ok d’accord je te le dirais, pas aujourd’hui ni demain mais je te promets qu’un jour tu sauras tout, ça te va ?
Elle se contenta juste de hocher la tête de haut en bas et ralentit le pas pour que je puisse marcher à son côté. Ce n’était pas ce que j’avais espéré mais c’était déjà mieux que rien…
Je la suivis ainsi en silence et resta à côté d’elle toute la journée.
Quand la dernière sonnerie de la journée retentit, comme à mon habitude, je sorti du lycée et entama le chemin pour rentrer chez moi.
Une fois arrivée, comme à mon habitude je montai dans ma chambre pour y faire mes devoirs.
Au bout d’une demi-heure je les avais terminés et je décidai de me rouler sous ma couette pour faire une sieste, et pourquoi pas, commencer ma nuit. Contrairement à l’habitude je commençai à m’endormir en peu de temps, mes yeux se fermèrent rapidement et je sombrai assez vite dans le sommeil.
Je fus réveillée en sursaut par une voix qui appelait, ou plutôt hurlait mon prénom.
Je regardai l’heure : 20h36. J’avais quand même dormi un long moment. Je me demandais bien pourquoi mon père pouvait m’appeler à cette heure ci, en général il me laissait tranquille.
Mon prénom se fit entendre une autre fois, cette fois plus forte et effrayante, ce qui me dissuada de rester sous ma couette. Je me levai et descendis péniblement les marches, les bleus d’hier me faisaient mal, je n’avais pas ressentie cette douleur de la journée. J’arrivai dans le salon et me plantai devant mon père :
-Qu’est-ce qu…
Je n’eu pas le temps de finir ma phrase qu’il m’assena une claque, sans aucun répit il me balança un coup de pied. Je m’écroulai par terre.
-Où est-elle ? Brailla-t-il
-Je ne…de quoi tu parles ?
Un coup de pied dans le ventre.
-Ta mère, où est-elle ? Répéta t-il, toujours en criant.
-Je ne sais p…
Un coup dans le dos. Des larmes jaillirent.
Il aboya, toujours plus fort :
-Si tu sais, dis-le-moi, où est-elle.
-Non, non, arrête…
Il me renvoya une claque.
Cela dura encore un moment, plus je niais plus il frappait. Jamais au visage, à part les claques. Il était malin.
Au bout de quelques minutes, il hurla une dernière chose avant de mettre son manteau et de s’en aller :
-Elle est partie.
Il me laissa seule, sur le sol, le cœur en miettes. Enfin, encore plus qu’il ne l’était déjà.
J’essayai de me lever mais c’était impossible, tout mon corps me faisait souffrir, je ne pourrais pas. J’allais abandonner, rester allonger par terre et attendre mais je me dis soudain ‘’et s’il revient et que je suis encore là ? Que fera t-il ?’’ il recommencerait peut-être. Je ne pouvais pas bouger. Je dus me trainer par terre pour atteindre les escaliers. Monter les marches fut un supplice. Une fois arrivée dans ma chambre, je fermai la porte et incapable de bouger plus, je m’écroulai en plein milieu de la chambre, comme ça.
