La mère et l'enfant se promenaient, main dans la main, elles souriaient. La petite fille racontait à sa mère la journée qu'elle avait passée.
Elle lui racontait en détail comment elle avait réalisé un dessin avec ses nouveaux crayons de couleur, comment elle était tombée pendant la récréation et comment ses amies l'avait consolée.
En racontant cette mésaventure, elle aborda fièrement son pansement sur son coude, comme un trophée. Elle contait aussi ce que la maîtresse lui avait enseignée et ce qu'elle n'avait pas compris. La mère la rassura en lui promettant qu'en rentrant à la maison, elle prendrait le temps de faire ses leçons avec elle et de tout lui expliquer.
La fillette hocha la tête et le silence retomba enfin entre les deux. Cela dura ainsi un petit moment jusqu'à ce que la fillette s'écrie soudain :-Maman, maman ! Le parc ! On peut y aller ? Juste cinq minutes !
La mère hésita un moment mais, voyant la petite bouille de sa fille, elle n'y résista pas et hocha la tête en signe d'approbation. L'enfant sautilla de joie et partit en courant vers les jeux, si bien que la mère n'avait pas eu le temps de relever la tête que la petite était déjà loin. L'adulte souri, sa fille avait déjà bien grandi, elle n'avait pas vu le temps passer.
Elle se rappelait encore de l'époque ou elle devait la nourrir, des moments où elle devait se lever en plein milieu de la nuit pour lui donner le biberon, des instants où elle lui tenait la main pour l'aider à marcher. Maintenant, la petite fille se nourrissait, marchait et dormait seule. Elle devenait grande.
Pour une mère, cela était formidable de voir grandir son enfant, de le voir s'épanouir. Cette mère, c'était une bonne mère. Et si l'on aurait demandé à la petite, elle aurait sûrement tout de suite répondu "ma maman, c'est la meilleure du monde".La jeune adulte se décida enfin à entrer dans le parc où se trouvait sa fille. Celle-ci était déjà passée par le bac à sable et était désormais à la grande toile d'araignée. Elle était très habile et grimpait facilement malgré son jeune âge. Elle arriva enfin au sommet de la toile et fit signe à sa maman tout minuscule en bas. La mère leva à son tour son bras pour lui faire signe puis l'enfant commença enfin à redescendre. Elle était bientôt arrivée en bas, il ne devait même pas rester deux mètres avant qu'elle pose les pieds à terre quand soudain un groupe de garçons turbulents décida de grimper non loin de la jeune fillette. Les mouvements brusques faisaient bouger la toile et, désarçonnée, la petite fille tomba avant de s'écraser un peu plus bas. Instinctivement, elle se mit à pleurer et alerté par ces pleurs, la mère se hâta de rejoindre son enfant. Elle la prit dans ses bras, la console et l'examina. Elle souffla en s'apercevant qu'il n'y avait rien de grave. Juste une égratignure au deuxième coude. La mère n'omis pas de lancer un regard noir aux jeunes garçons avant de faire demi tour, sa fille dans les bras.
Le soir, quand son père rentra du boulot, la petite enfant montra fièrement à son père ses deux coudes en les levant bien hauts pour qu'il puisse voir les deux pansements assortis. Le père s'exclaffa en frottant la tête de la petite puis dit en rigolant :
- Ohlala Éléonore, quelle casse-cou tu es....Éléonore ouvrit les yeux.
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