Je me tiens là, dans ma chambre, ma très chère chambre. Je me souviens de ces rideaux roses de princesse, de ces murs roses bonbons avec des posters de mes idoles : Barbie, les princesses Disney, les Winx... Tous ces dessins accrochés grossièrement sur le mur avec un morceau de scotch. L'un d'eux représente une petite fille tenant la main d'une femme et d'un homme. Ils se tiennent devant une maison, banale, comme toutes les autres, avec une cour verte. Ces gens ont l'air de mener une vie simple et d'être heureux... Mais cette famille n'est pas la mienne. Je revois cette commode où je ne rangeais pas seulement mes vêtements, mais aussi mes trésors. Le miroir se dressant au-dessus d'un kit de maquillages pour petite fille : le maquillage de cendrillon, celui de mes poupées... Je me souviens de ce lit à baldaquin en bois rose d'où pendaient de magnifiques rideaux blanc, d'un tissu très léger, et très clair. On pouvait voir à travers, une princesse dormir. J'entends encore le bruit de portes qui se claquent. "Ils se disputent encore" je me dis. Mais cette fois un bruit nouveau se fait entendre. De la vaisselle qui se brisent. Je les entends se disputer, mais les murs ne veulent pas me laisser comprendre. Tout ce qu'ils veulent c'est me mettre dans cet état de frustration. Il faut que je sache ce qui se passe. D'habitude pendant qu'ils se disputent, je préfère m'enfermer dans ma chambre, mais aujourd'hui quelque chose ne va pas. Ils hurlent, ma mère pleure, mon père à l'air très en colère. Dans sa voix, je distingue du soulagement comme s'il se libérait d'un poids qu'il supporte depuis trop longtemps pour sa vieillesse. Je tourne la poignée. Je ne devrais pas, je le sais. J'ouvre la porte et je vois mon petit frère retourner dans sa chambre en larmes. Lui aussi a vu que ça n'allait pas aujourd'hui. Je me dirige vers le haut des escaliers et essaie d'entrevoir le salon à travers les barreaux de la rampe d'escalier. Je ne vois pas bien, je dois descendre de quelques marches. J'essaie d'être la plus silencieuse possible car il est tard et je devrais être en train de dormir. Je vois mes parents avec une autre femme, jeune, belle, que je ne connais pas. Mon père tient une valise et ma mère est en larmes tandis que la troisième personne s'accroche un peu trop à un homme qui est déjà marié ! Et c'est lorsque je vois mon père et l'autre femme se diriger vers l'entrée que je comprends. Papa s'en va ! Prise de choc je dévale les escaliers, tant pis s'ils me voient. Je cours de mon plus vite possible, je passe devant ma mère qui n'a pas le temps de réagir, je bouscule l'étrangère et mon père pour passer par la porte et courir.
Je cours, je ne sais pas où je vais, j'entends ma mère crier, m'appeler, me dire de revenir mais je ne m'arrête pas. Je cours, j'entends une porte claquer, un moteur démarrer et je vois des phares. Est-ce que mon père viens me chercher ? J'entends la voiture arriver mais je continue de courir. Et là, une voiture passe. C'est bien celle de mon père ça il n'y a aucun doute. Alors je regarde à l'intérieur et le vois qui conduit mais qui ne me regarde pas. Comme si j'étais une étrangère, il passe et accélère. Je n'y crois pas, mon père ne me reconnaît pas ! Il n'en a absolument rien à faire que je coure toute seule la nuit, que je puisse me perdre, me faire agresser. Je continue de courir. Je n'entends plus ma mère qui crie. Je repousse les larmes, je cours pour m'empêcher de pleurer. Après je ne sais combien de temps de course, j'arrive dans une forêt. Si la lumière produite par la pleine lune n'était pas là, je me serais déjà pris un arbre. Je cours. Mes jambes commencent à fatiguer donc je m'arrête. Je cherche un endroit pour pouvoir pleurer, et je vois, un arbre, il est immense, il fait au moins vingt fois ma taille, son tronc est large d'au moins cinq mètre, et sur le côté, un trou forme comme une grotte dans cet ancêtre. Je m'y réfugie et mes larmes montent. Je n'en peux plus, je ne les retiens plus et je pleure. Je me souviens de cette soirée comme si c'était hier. Je ressens, encore aujourd'hui, la même chose que cette petite fille de six ans qui cours.
Je me tiens là, je ne suis plus cette petite fille au cœur si fragile brisé.
Je suis en seconde, c'est ma première année de lycée, mais la plupart des gens qui sont ici, à la London National High School, sont les mêmes élèves qui sont dans mon école depuis le primaire. J'ai l'impression que je ne pourrais jamais fuir ces blagues pourries, ces insultes qui s'accentue au fur et à mesure qu'ils apprennent du nouveau vocabulaire et ce harcèlement à longueur de journée. Mais c'est comme ça, je le supporte depuis huit ans maintenant et de toute façon ils ne pourront pas me suivre éternellement. Je suis à la LNHS depuis la sixième, depuis que mon père nous a quitté ma mère, mon frère et moi, et j'ai l'impression que ça a commencé à s'aggraver depuis ce moment-là. Car dorénavant, les problèmes n'étaient plus seulement à l'école, mais à la maison. On est en milieu d'année scolaire et demain, c'est mon anniversaire. Je vais avoir seize ans, et ce moment va marquer ma vie plus que tous les autres...
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Death Love
Teen FictionCroyez-vous-en la mort ? Pas moi, enfin, jusqu'à ce que je la rencontre. Je m'appelle Émilie, j'ai 16 ans, et voici ma plus grande histoire d'amour... avec la mort en personne. Émilie vient d'avoir 16 ans quand toute son existence va basculer. Pris...