Un visage. Non, une silhouette. Noire, toute noire, comme une ombre, quasiment invisible dans cette obscurité grandissante. Je m'approche, pour essayer de deviner ce qui se cache sous cette cape, avec sa capuche remontée. J'ai à peine le temps de soulever mon pied, qu'au moment de le reposer, un murmure surgit de nulle part, semblable aux murmures silencieux des arbres, que le vent aurait porté jusqu'à moi, mais il n'y a rien, il fait noir, et une lourde chaleur pèse sur la pièce. Je transpire de tout mon corps, je sens une perle de sueur couler le long de mon dos. Pourquoi ne puis-je pas m'enfuir, ni crier à l'aide ? Soudain, comme si elle m'avait entendue penser, la créature se retourne et, alors que j'espérais voir son visage, je découvre un vide. Je sais qu'il a un visage, mais il est caché par une ombre, encore et toujours une ombre. J'aimerai courir, prendre mes jambes à mon cou, mais une sorte de force m'en empêche. Je la sens au plus profond de moi, comme une attirance, elle m'incite à rester. Il faut que je découvre qui se cache sous ce voile. J'examine plus attentivement. Je penche la tête, voulant essayer tous les angles. Puis, l'espace d'une seconde, j'arrive à voir. Un œil...bleu !
M'extirpant de mon sommeil, ma mère entre dans ma chambre, se dirige vers la fenêtre et ouvre les rideaux, laissant entrer un jet de lumière aveuglant.
« Bonjour Émilie » Me lance-t-elle d'un sourire radieux montrant toutes ses dents d'un blanc éclatant. Les reflets dorés du soleil matinal sur ses cheveux rouges flamboyants la rendent encore plus belle qu'elle ne l'est déjà, avec ses yeux gris irisés de vert, tel une pluie d'été, contrastant avec le feu impérissable d'un désert chaud et aride de sa chevelure. Elle me demande si j'ai bien dormi, j'acquiesce d'un signe de tête à peine perceptible, puis elle redescend et me laisse le temps de me réveiller. Je ne peux pas lui raconter le rêve, que je fais de plus en plus fréquemment depuis un an maintenant. Toujours le même rêve inquiétant, angoissant, avec ce même personnage, mystérieux, qui m'observe et reste impassible lorsque je le dévisage. Toujours la même silhouette, la même obscurité, la même chaleur étouffante et le même bruissement d'arbre qui me rappelle celui que j'entends quand je m'enfui dans la forêt. Cependant, cette fois c'était différent, plus apaisant, moins stressant. Cette fois j'ai pu voir une partie de son visage : un œil bleu.
Je me lève de mon lit, et en même temps de mes pensées, assez difficilement. Aujourd'hui est un jour spécial, c'est mon anniversaire. Je vais avoir seize ans, donc il me faut la bonne tenue pour passer une bonne journée. « Comme si ça les arrêterai » songeai-je.
Je me tiens debout devant mon placard, les mains aux hanches, et lâche un soupir avant de commencer ma quête. Fouillant, tripotant, touchant à tous les tissus, regardant toutes les couleurs, les motifs, les dessins, les hauts, les bas, les robes, les combinaisons, les gilets, les ceintures. Et, enfin, je trouve LA tenue parfaite.
Je m'admire quelques secondes devant le miroir. Vêtue d'un jean Levi's bleu marine surmonté d'un chandail en laine gris à motifs indiens et d'une écharpe en soie fine, noire, que j'accompagnerai de mes Vans préférées. On pourrait croire que je suis une fille des plus normales, qui s'apprête à vivre une journée ordinaire. Je sors de ma chambre et descend les escaliers en essayant de paraître neutre, ni surexcitée du fait que c'est mon anniversaire, ni paniquée en pensant à la journée qui arrive. Je suis normale. Je suis normale. Je suis normale. Je ne cesse de me le répéter afin de m'en convaincre. Avec les problèmes à l'école, à la maison et ces cauchemars qui reviennent sans cesse, ma vie est en train de prendre une tournure différente aujourd'hui, je le sens. J'arrive en bas dans la cuisine, ma mère est là avec mon frère, elle boit son café en lisant son journal, comme tous les matins, tandis que Lucas, lui, mange ses Lucky charms. Ils ne semblent même pas remarquer ma présence, alors je prends un croissant et me dirige vers la porte d'entrée, quand ma mère m'interpelle :
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Death Love
Roman pour AdolescentsCroyez-vous-en la mort ? Pas moi, enfin, jusqu'à ce que je la rencontre. Je m'appelle Émilie, j'ai 16 ans, et voici ma plus grande histoire d'amour... avec la mort en personne. Émilie vient d'avoir 16 ans quand toute son existence va basculer. Pris...