La lettre de Hans

Lettre de Hans pour Conrad

Quelque part en Amérique, le 12 septembre 1944

                                                                Mon cher Conrad 

J'ai reçu ta lettre ce matin en me levant de mon lit. Pour une fois, le facteur est passé vite ! Je fus très heureux mais surpris de recevoir une lettre de ta part, après tant d'années. Cela m'intriguais beaucoup et je me disais qu'il y avait une bonne raison pour que tu m'écrives. A près 10 minutes d'hésitation, je me décidais enfin de l'ouvrir. Je lus attentivement toutes les lignes sans en manquer une seule ! Cela me rappelait nos moments passés ensemble; moments qui me mis des frissons dans le dos. Il y a des choses que je ne t'ai jamais dit et j'aimerais te les écrire maintenant.

Malgré leurs tempéraments froids et durs, je savais que tes parents étaient de bonnes personnes. Ce qui me dérangea, c'est qu'ils ne manquaient pas une occasion d'approuver les décisions et le pouvoir d'Hitler. Hitler est une machine, que quelqu'un arrêtera peut-être un jour. Il nous méprise, nous torture sans verser une seule de ses larmes ! Mais, ne s'est-il jamais mis à notre place , ne serait-ce qu'un instant, qu'une heure, qu'un jour ? Survivrait-il à ce qu'on lui infligerait, nous, "la race inférieure", comme il dit ? Quelqu'un va le tuer, et ce moment va arriver, j'en suis sûr !

Conrad, j'ai peur, très peur. Hitler nous anéantit bouchée par bouchée sans un mot, une parole. Un jour, mon tour arrivera, bientôt peut-être. La guerre a duré et continue encore. Il faut que cela cesse ! Les villes, les forêts, les plaines, tous ces merveilleux paysages sur lesquels nous avons tant aimé jouer, bientôt se feront rares. Notre vue sera posée sur les plaines avec les tranchées et les gros trous d'obus contenant la cicatrice de notre pays.

Peut-être ne recevras-tu pas cette lettre mais saches une chose: Je t'ai toujours admiré malgré ta famille qui défendait régulièrement la race aryenne. Tu étais comme un frère pour moi, attentif, courageux, mais surtout prêt à tout pour rester avec moi. Alors oui, je te pardonne. Adieu, cher et tendre ami, adieu.

Amicalement,

signé Hans