Un monde sans espoir ?

51 7 5
                                    

L'agitation de la ville... Les voitures passaient à côté du petit garçon, qui marchait seul, tellement seul, vers sa destination habituelle, c'est-à-dire son école.  Tout semblait normal, si l'on exceptait l'air triste sur le visage de la personne avançant sur le trottoir. Pourtant, ce n'était pas le cas. De nos jours, une infime partie de la population était différente. Cette part se démarquait particulièrement part des pouvoirs surnaturels qui pouvaient être destructeurs, développés naturellement dès l'enfance. Mais forcément, dès que l'humanité rencontre quelque chose de différent, elle la repousse. Ces personnes aux dons qui pourraient pourtant être si utiles, étaient souvent discriminées, et on ne les considérait même plus comme des humains. On leur avait même donné un surnom, à vrai dire assez cruel. C'est ainsi qu'on nommait ces individus les « Bêtes », comme pour rappeler leur statut aux yeux de la société. Bien qu'ils représentent seulement 0.1% de la population, on ne pouvait s'empêcher de dévisager chaque personne ayant un comportement qui pourrait sembler quelque peu suspect.

C'est à toute cette situation compliquée que pensait Mordred, cartable sur le dos. L'air triste sur son visage résumait bien ce qu'il pensait de cette situation. Forcément, puisqu'il était une de ces Bêtes. Depuis sa naissance, il avait le pouvoir de manipuler les vents et les tempêtes, à sa guise. Ce pouvoir s'était d'ailleurs manifesté dès sa naissance, renversant un chariot dans la salle de la maternité. Ce don avait horrifié tout le monde, y compris ses propres parents. Le début de sa vie était déjà aussi triste que la suite allait l'être. C'est donc ainsi qu'il fut nommé Mordred, comme pour rappeler qu'il était un monstre, comme le fils du Roi Arthur le fut dans sa légende. Il ne pouvait même pas cacher le fait qu'il était différent. C'était marqué partout, que ce soit sur sa carte d'identité, sur ses dossiers scolaires, ou bien encore tout simplement sur sa main, qui présentait un tatouage noir, en forme de bête surnaturelle noire. Cette marque représentait toute la cruauté de l'humanité, donnant même un droit terrible sur les personnes la portant. Peu après l'apparition de ses pouvoirs, plusieurs bêtes eurent des sortes de crises, à force d'être écartées et discriminées. Une loi terrible fut donc votée : le meurtre d'une bête qui attentait à la vie d'un humain n'était plus considéré comme un homicide. Suite à cela, plusieurs êtres surnaturels furent tués injustement, la population abusant de ce droit cruel pour se débarrasser de ceux dans leur entourage.

Mordred fut sorti de ses pensées par son arrivée devant le portail de son école primaire. Il avait seulement 9 ans, était déjà mis à l'écart des autres, et subissait les moqueries des autres enfants. Les regards se posaient sur lui, avant de se détourner rapidement. Son apparence était pitoyable. Ses vêtements étaient sales et déchirés, et il était rachitique. Ses parents lui donnaient le minimum vital à vrai dire. La seule chose qui avait une apparence normale sur son corps meurtri était son visage, présentant une peau plus pâle que la moyenne, un petit nez rond, ainsi que des sourcils et des lèvres bien tracés. Ses cheveux étaient d'un noir profond, que l'on pourrait comparer au plumage d'un corbeau, comme si le malheur le suivait partout. Ses yeux étaient particuliers, aussi : certaines bêtes présentaient ces changements. Ils étaient aussi noirs que ses cheveux, les contours de ses pupilles se dessinant en blanc. Tout cela lui donnait un air assez particulier, mais pas hideux. Ça le démarquait même des autres enfants, en plus de sa marque et de ses dons. Mais ce n'est sûrement pas la raison pour laquelle il était si détesté et si seul.

D'un pas nonchalant, Mordred rejoignit le rang de sa classe. Dès son arrivée à l'arrière de celui-ci, la plupart des enfants s'écartèrent, se dirigeant plus vers le devant. La Bête n'y prêtait pas attention, habituée. Une fois arrivé en cours et l'appel passé -où l'instructeur prononçait son nom d'un ton particulièrement froid-, son ennui commença, presque habituel. Il n'écoutait que d'une oreille, son regard porté vers la fenêtre, comme un désir de liberté. Il restait souvent dans cette position pendant tout le cours, la réflexion qui devrait être portée sur son apprentissage étant plus dans ses pensées, le jeune garçon voguant dans ses rêves. Des rêves, il en avait. Être libre, avoir des amis, des gens à qui parler... Toutes ces choses qu'une personne de son âge devrait normalement avoir. La journée se déroula normalement, en tout cas pour lui.

Tempête d'espoir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant