Chapitre 10

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N°2 : M'asseoir où je veux: 

En passant à côté de lui, je donne un léger coup d'épaule à Cooper et m'éloigne sans un regard en arrière. Arrivée à quelques mètres du point de rencontre, je passe mon bras sous celui de Luc et lui glisse à l'oreille:

- Il nous regarde toujours ?

Mon meilleur ami fait mine de me parler et en profite pour jeter un coup d'oeil en direction de Cooper :

- Oui, il est planté au milieu du couloir et on dirait ... qu'il sourit.

Je l'insulte. Et lui, il sourit ?

Il n'y a qu'une seule explication possible, il est fou. Je ne vois que ça. Et à bien y réfléchir, je dois l'être aussi, parce que je viens d'attaquer frontalement le capitaine de l'équipe de basket du lycée, LE héros de Fellpoint.

- Mais qu'est-ce qui m'a pris ?

- T'as assuré Jam', il est resté comme un con... ricane Luc.

Peut-être, mais là, maintenant que mon taux d'adrénaline chute, ma confiance en moi également et je sens mes genoux flageller sous mon poids. J'ancre ma main à celle de mon ami et il comprend aussitôt. Jouer les dures à cuir, c'est dans mes cordes mais ça reste avant tout un rôle de composition.

- Allez, viens, t'as bien mérité un chocolat chaud, je t'en paye un. Tu veux ?

Je suppose que le regard blasé que je lui lance est suffisamment explicite parce qu'il lève les yeux au ciel et nous guide jusqu'à la machine à café.

Comme il me reste quelques billets de l'argent de mon déjeuner de la veille, je fais le plein de sucreries au distributeur juste à côté de celui où coule mon breuvage magique. Ce qui me vaut un regard méprisant de la part de Luc.

Et de la moitié des étudiants présents dans un rayon de deux mètres.

Il faut dire que j'ai dans les mains quatre Snickers, deux Mars et trois Reese's. Mais à ma décharge, vu les regards insistants qui pèsent sur mon meilleur ami et moi, je pense que pour survivre à cette journée, il va me falloir tout le sucre disponible dans l'établissement.

Et si Cooper décide de contre-attaquer, il faudra sûrement que j'entame les réserves de la ville.

La seule pensée qui me permet d'envisager les heures à venir avec un tant soit peu d'enthousiasme réside dans le fait que Luc et moi partageons tous les cours de la matinée. Donc même si on nous regarde comme deux extraterrestres, ça n'a aucune importance puisqu'on sera ensemble.

***

Quand vient l'heure du déjeuner, je suis épuisée et déçue. Exténuée par la nuit chaotique que je viens de passer et par mon système digestif qui essaye de digérer les trois friandises avalées. Ma déception, elle, est liée au flop qu'a fait mon "nouveau look". Moi qui espérais ouvrir les esprits sur le vrai sens de la vie me suis fourvoyée en pensant qu'une nouvelle tenue serait suffisante.

Pourtant, dans les films, tout grand changement commence toujours par un relooking... Hollywood m'aurait donc menti ?

Si on nous a regardé comme des ahuris les premières heures, l'attention suscitée par notre révolte vestimentaire est retombée comme un soufflé. Les élèves ayant décidé que je cherchais seulement à me rendre intéressante et que Luc, lui, avait la gueule de bois.

Il faut qu'on se rende à l'évidence, notre coup de pied dans la fourmilière est passé à côté. Je me tourne vers Luc - qui avance son plateau sur les glissières du self en se penchant en avant pour voir s'il y a de la pizza ou des hamburgers au menu - et le tire en arrière d'un coup sec.

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