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— Lucky, enchanté, lui répondis-je.

— Je suis bien chanceuse de te rencontrer !

          Sa bouche s'était parée d'un immense sourire qui sublimait ses lèvres rouge carmin, et dévoilait d'adorables fossettes au creux de ses joues. Je ne pus empêcher un petit rire de m'échapper, tant j'étais affligé que la même blague pourrie revienne à chaque fois sur mon prénom.

— Vous venez ? nous alpagua Pyper. On va chercher de l'eau !

          Je fis demi-tour dans sa direction, et fus frappé de plein fouet par un souffle d'air chaud qui charriait du sable. Les minuscules grains s'immiscèrent entre mes paupières que je n'avais pas eu le temps de clore, brûlant mes yeux malmenés par la forte luminosité.

         Pestant, je m'apprêtai à frotter énergiquement, quitte à avoir encore plus mal, les démangeaisons étaient insupportables. C'est alors que je reçus l'équivalent d'une bouteille d'eau sur la tronche, m'aveuglant partiellement. Je dégoulinais littéralement, mais quand j'ouvris les yeux, rien n'obstruait le sourire éclatant d'America.

— Les grains de sable, c'est redoutable, pas vrai ?

          Mais ses fossettes montraient clairement qu'elle était ravie d'avoir pu m'être utile de cette façon. Surtout si cela impliquait m'arroser devant tout le monde, faire couler ce delicieux breuvage d'un froid exquis le long de mon torse déjà luisant. Je me saisis d'une bouteille pour me désaltérer, j'avais si soif que ma bouche pâteuse ne semblait plus capable d'articuler un seul mot.

          Une fois mon désert intérieur noyé, je me sentis beaucoup mieux, et observai avec délectation Daisy qui disparaissait sous une trombe d'eau. Mon double démoniaque, ou Pyper, avait agi.

         Pour venger sa sœur, Starlie s'empara elle aussi de sa bouteille et en déversa le contenu sur la chevelure scintillante de la benjamine. America la vengea et le débardeur de notre aînée se retrouva bientôt imbibé. Comme elle était la seule à être encore sèche, je décidai d'agir pour y remédier. En trois pas je fus à ses côtés et vidai calmement une cascade de liquide translucide sur ses cheveux méchés.

         Mon geste fut si vif, mais en même temps si maitrisé qu'America mit du temps à réaliser que son haut transparent lui collait à la peau comme un maillot de bain. L'eau avait dégouliné jusqu'à son short lorsqu'elle remarqua ma présence à ses côtés.

          Un petit cri sortit de ses lèvres pincées en une moue affectée, elle me toisa d'un regard plus noir que son âme, et me pinça le bras. Je n'eus même pas mal, mais, afin de ne pas froisser son ego, je poussai un glapissement.

— C'est ça, fiche-toi de moi ! maugréa-t-elle pour seule réponse.

         Je lui souris avant de scruter le carnage autour de nous : mes sœurs  échevelées, hydratées pour des jours, leurs vêtements minimalistes imbibés... et Pyper, maintenue allongée dans le sable qui maculait ses vêtements.

          C'etait une cuisante défaite.

          Comme celle que je subissais constamment.

          Par sa faute.

À un souffle de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant