Nicolas.
Vivre chez son meilleur ami comprend sans aucun doute autant d'inconvénients que d'avantages. Certes, on s'est bien amusé à se rouler des joints et à dormir des jours entiers, pour autant, il n'y a rien de plus fatiguant que de regarder Luc ramener des filles différentes chaque nuit pour les renvoyer chez elles le matin-même. J'avais beau lui lancer mon regard le plus désapprobateur possible, il continuait son petit manège sans que je ne puisse réellement intervenir, vivant de la charité de ses parents et de leur bon-vouloir.
La veille de mon départ, confortablement installé dans son canapé à jouer aux jeux vidéo en fumant une énième cigarette, mon ami me dit d'une voix pâteuse :
- Et s'il y a des jolies filles ? Tu ne vas pas passer deux mois à les mater sans rien faire, surtout maintenant que tu as compris comment t'y prendre.
- Pardon ?
- Ne joue pas à ça avec moi. Je sais que tu ne m'as pas tout dit à propos de Maëlle, ce que je peux comprendre parce que tu veux garder ta réputation de « gentleman-puceau ». Je suis sûr que tu as bien profité de ta soirée, petit veinard.
Je ne réponds rien, agacé. Je ne sais pas s'il se rend compte à quel point je me retiens de lui casser la gueule, parfois.
Je me contente de me lever pour signaler mon exaspération, et rejoins la chambre où sont entassées toutes mes affaires. Avec le peu d'économies qu'il me restait (que je suis allé chercher à l'appartement quand mon père était absent), je me suis acheté de nouveaux vêtements et de tout ce dont je pourrais avoir besoin pour le voyage. Je ne me suis pas beaucoup renseigné, et c'est à peine si je sais si j'ai besoin d'un gel douche.
Ma valise est maintenant presque terminée, il ne me reste plus que quelques provisions pour la route à faire entrer dans mon petit sac à dos. Mon meilleur ami me rejoint et essaie de se rattraper, sans succès.
- Je suis désolé, mec, je voulais pas t'énerver. Mais on est amis, non ? Ça me ferait plaisir si tu me racontais tout, au lieu de te la jouer mystérieux.
Je lève les yeux au ciel et, tout en retirant mon tee-shirt, crache :
- Il y a peut-être une raison, si je ne te dis rien. Réfléchis, pour une fois.
Et sur ces mots tranchants, j'éteins la lumière et me couche sur le matelas trop mou à mon goût posé à même le sol. Les premières secondes, le silence règne sur la chambre, puis les pas de Luc s'éloignent et une porte claque. Je sens qu'une belle blonde bien formée va payer pour mon attitude désagréable, ce soir.
Ma nuit a été agitée. Les cauchemars se succédaient, laissant place à la panique, puis à la fatigue. Je n'arrivais pas à enchaîner plus de deux heures de sommeil sans me réveiller après un horrible rêve peuplé de blondes enragées, de pères révoltés et de meilleurs amis furieux. C'est à croire que, même dans mon inconscient, je ne peux pas être tranquille.
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Destination : Vie Parfaite
Fiksi RemajaE N P A U S E Un bus. Une carte. Un pays. Six adolescents. Six histoires. Six secrets. "Mesdemoiselles, messieurs, merci d'attacher vos ceintures. Les turbulences de la vie risqueront de secouer le navire durant quelques années mais, pas de paniqu...