Chapitre 4 : shopping [corrigé]

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La promenade nocturne avec Kyllian m'avait fait un bien fou. Le clair de lune paraît alors notre peau d'un voile scintillant tandis que le vent frais aiguisait nos sens. Parler avec lui était naturel et spontané sûrement grâce au lien que nous avions tissé au fil des années. Il me comprend comme personne, ce dont j'avais eu grandement besoin hier soir.

Mon frère avait immédiatement discerné mon état d'esprit et comment m'en sortir. Ses précieux conseils avaient dissipé le brouillard qui embrouillait mes idées. Peut-être est-ce dû à notre connexion particulière, allez savoir.

Toujours est-il que c'est avec un enthousiasme nouveau que j'entamais cette journée. Je m'étais fixé comme objectif de récupérer ce dont j'avais besoin pour aller à Istya, l'école inter-espèces. Ma mère allait voir que je n'étais pas une moins que rien. Je m'étais fait la promesse de tout mettre en œuvre pour découvrir quel est mon élément.

Bien sûr, comment ne pas faire de shopping sans Elanor ? Impossible ! Eh bien, la voilà qui venait me rejoindre toute pimpante à l'idée de partager ce moment ensemble.

Aiya Olympe ! m'interpella Elanor, me faisant un signe excité.

Aiya, répondis-je en la serrant dans mes bras après deux enjambées.

Elle me prit par la taille, je fis de même et nous commençâmes à marcher d'un pas tranquille. Quand je me trouvais avec elle je me sentais comme apaisée. Elle me complète, un peu comme Kyllian, à sa manière.

– Un verre « chez Pyrìa » ça te tente ? proposa-t-elle avec entrain.

C'était l'un de ses endroits préférés, le seul de la ville où l'on peut trouver des variétés surprenantes de sirop. La moue coquine de son visage me fit céder. La dernière fois elle avait pourtant déjà choisi notre lieu de rendez-vous.

– Oui je sais que tu adores, mais la prochaine fois c'est à mon tour de décider, d'accord ?

– Hum hum, acquiesça-t-elle en inclinant légèrement la tête sur la droite faisant pencher ses boucles.

Je levais les yeux au ciel convaincue qu'elle me referait ce coup-là plus vite que je ne le pensais. Elle me prit par la main et me traîna en direction du salon de Pyrìa sans me demander mon avis. Certaine que je la suivrais jusqu'au bout du monde sans hésiter une seconde.

Après avoir bu nos sirops — au coquelicot pour moi et fleurs de sureau pour elle — sur une terrasse du centre-ville, nous déambulions dans les rues au hasard. Même si nous connaissions par cœur nos boutiques préférées, il n'était pas rare pour nous de flâner dans des endroits inconnus.

Ma maison, ou plutôt le palais, se trouve au sein du plus grand arbre d'Esméra, l'arbre millénaire à partir duquel la cité a été construite. Comme un cœur et ses artères, la ville s'articule autour de son centre via des axes principaux, se divisant en rameaux plus petits jusqu'à atteindre chaque maisonnée.

L'arbre-maison ancre ses racines profondément sous la terre meuble, et déploie ses branches haut vers le ciel. Le battement sourd de cet être gigantesque frappe fort, comme s'il était le cœur de toute chose. Ou en tout cas celui de cette forêt. L'étendue autour de lui est dégagée afin de lui donner assez d'espace pour s'agrandir.

Son tronc, faisant plusieurs fois la circonférence de ceux aux alentours, est entouré de chaque côté d'un escalier. Les marches épousent sa forme pour atteindre les étages supérieurs.

Comme le palais est situé au centre de la ville, nous n'avions pas eu besoin de marcher très longtemps. Il nous avait suffi de descendre d'un étage. Les boutiques et les restaurants sont au niveau du sol tandis que les habitations sont en hauteur dans l'arbre-maison, reliées par des passerelles et chemins de bois.

Olympe d'EsméraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant