Mascotte

Un sourire cousu aux lèvres formées par un simple trait noir, et de grands yeux immobiles, voilà ce qui lui avait toujours fait peur.
Cet air censé être joyeux l'avait toujours effrayé au plus au point.
De plus, il s'était toujours senti triste par rapport à ces pauvres peluches n'ayant en rien le droit d'exprimer des sentiments de tristesse, leur pauvre pouvoir se tenant à cette expression figée.

Mais pourtant, il était là, à l'intérieur de l'une de ses pauvres peluches ne devant que montrer leur joie. Certes, cette peluche était spéciale, elle était habitée par sa personne le temps d'une journée de travail, mais elle restait une coquille vide à ses yeux, la seule différence à habituellement étant qu'un humain censé montrer une palette d'émotion la contrôlait.

C'était pour lui un métier cauchemardesque, il devait après tout porter ce masque et ce costume, ce qui le forcerait à garder ce sourire et cacher ses moments de faiblesse aux personnes extérieures. Personnes dont il détestait la présence abondante à ses alentours, leurs yeux et leur visage lui rappelant trop une peluche.

Lâché dans une fête foraine, il devait affronter leurs présences concentrées majoritairement autour de lui, leurs regards le transperçant tel une aiguille transperçant le tissus pour y coudre un élément. Et l'élément que contredisaient ces regards au fond de son cœur n'était que peur, effroi et l'envie de disparaître au plus profond de la Terre.

Ces gens mangeaient diverses sucreries qui finissaient collées à la fourrure de la douce carapace qui le renfermait, cette protection lui paraissant soudain beaucoup trop fine face à la pollution extérieur.

Et comme la plupart de ces journées plates et se ressemblant toutes, il finissait par se décomposer, laissant toutes ses craintes et ses peurs de la journée se transformant en larmes, mais tout en gardant son costume qui étouffait ses sanglots, le sourire toujours affiché au monde extérieur.

A.VV