Chapitre 5, Shuichi, Rien d'extraordinaire

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Pendant des semaines, il était endormi. Aucun mouvement, excepté celui de sa poitrine qui montait et descendait au fil de sa faible respiration. On aurait cru à s'y méprendre qu'il ne faisait qu'une petite sieste, que dans une heure, il allait se réveiller et faire son petit ricanement qui me manquait tant. Le seul détail qui contrastait avec cette version de l'histoire, c'était les perfusions plantées dans son bras droit et le masque à oxygène recouvrant une partie de son visage. C'est tout ce que nous avions pu faire, faute de mieux et de personne compétente.
Au début, je restais toute la journée avec lui. J'étais assis sur une chaise, à le regarder. Je ne croyais pas à la réalité de la situation. A nouveau, je me cachais de la vérité. Je me cachais tout court en fait. Je ne sortais plus de la chambre, je n'allais plus manger. Je ne quittais cette chaise que pour aller au toilette juste à côté et revenir ensuite m'asseoir. Je m'assoupissais de temps en temps mais je ne dormais jamais vraiment.
Mais un jour, Kaito et Maki me rendirent visite.

- Shuichi comment ça va mon- Wahoo ! Tu ressembles à un zombie mec !

- Et tu sens mauvais aussi, commenta Maki.

Je haussais les épaules, ne prêtant pas vraiment attention à leur commentaire, et continuais de regarder le despote ultime. Kaito vint se mettre devant moi, les bras croisés.

- Mec, sérieux, ça fait combien de temps que tu n'as pas pris de douche, manger ou dormi ? On se demande lequel de vous deux est le plus dans le coma là !

Je haussais à nouveau les épaules sans répondre.

- Maintenant, tu vas me faire le plaisir d'aller manger un morceau, de prendre une bonne douche et de faire un bon gros dodo !

- Je n'aime pas Oma, dit froidement Maki, mais je suis sur que si il te voyait comme ça, il se moquerait de toi.

- Maki a raison ! Enfin, je veux dire, il n'aimerait pas ça...

Je finis par sortir de ma torpeur. Il avait raison. Dans quel état je serais si il se réveillait maintenant ? Sans doute en pire état que lui...

- Bon... d'accord... murmurais-je d'une voix rauque.

- C'est bien ! Allez, viens nous voir dans le réfectoire quand tu auras finis de te laver ! Je vais te chercher un uniforme propre, je suppose que tu ne vas pas aller jusqu'à ta chambre...

Je confirmais en secouant la tête. Il sortit, accompagné de Maki, le silence reprenant sa place. Je me décidais à me lever au bout d'un moment, me dirigeant d'un pas lourd vers la salle de bain de Kokichi. Aller dans la mienne serait beaucoup trop loin et beaucoup trop long. Je passais devant le miroir et m'y arrêtai un instant pour me regarder. J'étais pâle, et mon visage commençait à se creuser à cause du manque de nourriture. J'avais de grosse cernes sous mes yeux ternes. Mes cheveux sombres étaient gras et pendaient lamentablement des deux côté de ma tête. Je faisait vraiment peine à voir. Je me déshabillais lentement et examinais le reste de mon corps. Pâle et maigre. Rien d'étonnant.

Je rentrais dans la douche et allumais l'eau chaude. Je sursautais à son contact sur ma peau. Je restais là, immobile, l'eau bouillante dégoulinant le long de mon dos engourdis. Je pris le savon de Kokichi et entrepris de me savonner. Son odeur de menthe envahit la salle de bain. Je me retins de pleurer. Je finis ma douche, me séchai en vitesse et enfilai un uniforme propre, que Kaito m'avait ramené. Dans la chambre, le despote Ultime dormait toujours. Je soupirais et après un dernier regard, sortit de la chambre pour me rendre au réfectoire.

Il n'y avait que Kaito et Maki autour de la table. Enfin, Kaito était assis et je devinais Maki en cuisine grâce au bruit de vaisselle et à la bonne odeur s'échappant de la pièce.

- Makiroll est en train de te préparer quelque chose, me sourit l'astronaute Ultime.

- Ne m'appelle pas Makiroll, protesta cette dernière en apportant une assiette, rougissante.

Elle posa le plat devant moi. En voyant toute la quantité qu'elle m'avait mis, mon estomac se souleva.

- Je... je pourrais jamais manger tout ça...

- Manges ce que tu peux alors... me dit gentiment Kaito.

Je hochais la tête et commençai à manger. Le plat était délicieux. Je mangeais la moitié de l'assiette avant de me sentir plein.

- Je n'ai plus faim...

- C'est déjà bien... Je peux finir Makiroooll ?

Elle soupira et acquiesça en rougissant. Kaito déposa un bisou sur sa joue et prit l'assiette pour finir son contenu.

- Maintenant, va te coucher. Tu as grandement besoin de sommeil. M'ordonna l'assassin Ultime.

Je ne trouvais pas la force de contester et sortis du réfectoire, allant vers la chambre de Kokichi. J'ouvris la porte avec le maigre espoir de le voir réveillé mais mon espérance fut tout de suite écrasé en voyant ses yeux toujours fermé. Je me traînais à côté de lui et me glissais sous la couette. Je le regardais endormis, jouant distraitement avec ses mèches violettes. J'éclatais en sanglot, ma fatigue, ma tristesse exposé aux yeux de tous. Je finis par m'endormir, épuisé.

~Ellipse !~

Cela faisait maintenant un mois que Kokichi était dans le coma. Aucun meurtre n'avait été commis, aucun motif n'avait été annoncé d'ailleurs. J'avais repris des forces, recommençant à manger et à dormir correctement.

- Eh Shuichi, je vais chercher Tsumugi, tu viens avec moi ? S'exclama Kaito.

Ce matin là, Tsumugi n'était pas venu au réfectoire avec nous, et naturellement, nous étions inquiet. Je hochais la tête et suivis l'astronaute Ultime vers le dortoir. Avant de sonner à la porte, il se tourna vers moi, me faisant face.

- Garde espoir Shuichi. Je n'apprécie pas vraiment Kokichi, mais je sais à quel point il est important pour toi. Sache que je te soutiens mec.

Je souris.

- Merci Kaito. Vraiment.

Il me fit un grand sourire avant de sonner à la porte de la Cosplayeuse Ultime. Une fois. Deux fois. Trois fois. Aucune réponse. C'est à ce moment là que je vis que sa porte n'était pas vraiment fermée, qu'il y avait un jour. J'ouvris la porte.

- C'est ouvert, signalais-je.

Nous nous engouffrâmes dans la pièce. A première vue, rien de spéciale. Elle avait la même chambre que nous, sauf qu'il y avait du matériel de couture éparpillé un peu partout dans la pièce. Sinon, rien d'extraordinaire.

- Elle est peut être sortie... murmurais-je.

- Oh, pourquoi elle a une sonnette à l'intérieur ?

Il me montra un bouton semblable à celui de la sonnette mais à l'intérieur de la chambre. Il rit et appuya dessus. Mais au lieux du ding dong habituel, nous entendîmes un vrombissement, comme si on déplaçait un meuble lourd. Le sol vibra légèrement puis plus rien. Le silence était revenu. Je regardais la chambre à nouveau. Cette fois, la bibliothèque s'était déplacée et avait laissé place à un couloir sombre. Je déglutis. Qu'est ce que cela signifiait ? 

La punitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant